| INTRODUCTION ------En 1930, l'Algérie va célébrer 
        d'un coeur unanime le Centenaire du débarquement des troupes françaises 
        à Sidi Ferruch. Tandis que les fils des premiers colons et, à 
        côté d'eux, les émigrés européens venus 
        de différents pays, montreront avec orgueil le fruit d'un labeur 
        déjà centenaire, les indigènes du Tell comme ceux 
        du lointain Sahara, libérés, par notre intervention, d'une 
        tyrannie anarchique et de la misère endémique, pourront 
        mesurer les bienfaits que leur a apportés l'intervention française, 
        par la paix, la justice et le bien-être qu'elle a partout introduits.
 ------Dans cette même année 
        1930, l'Algérie célébrera le trentenaire de l'arrivée 
        au Tchad de la mission Foureau-Lamy, en élevant aux deux chefs 
        de cette mission à Ouargla, qui fut leur première étape 
        vers le désert, un monument de reconnaissance.
 ------Ainsi seront commémorées 
        les deux étapes essentielles de la création algérienne 
        : prise de possession d'abord des régions fertiles du Nord de l'Afrique, 
        dans des fins de progrès économique et humain. Main mise 
        en second lieu, sur les solitudes désertiques, qui ouvrit des voies 
        nouvelles à l'expansion française, en réalisant, 
        par-dessus le Sahara, l'unité de la plus grande France.
 ------Il ne pouvait y avoir de date plus 
        favorable pour faire une étude générale et porter 
        un jugement d'ensemble sur les efforts de la pénétration 
        française au Sahara, sur les résultats acquis, sur les espérances 
        permises.
 ------C'est ce que l'on a tenté d'esquisser 
        brièvement dans les pages suivantes.
 ------Dans les débuts de l'occupation 
        de l'Algérie, plus d'une fois se posa la question même du 
        principe de cette occupation. On sait que ce problème fut sérieusement 
        débattu à plusieurs reprises en plein Parlement et qu'il 
        s'en fallut de peu que nos troupes ne fussent invitées à 
        se rembarqué pour le continent.
 ------Cependant, il était bien évident 
        pour les bons esprits, que la France ne pouvait, après s'être 
        engagée dans cette affaire, s'en désintéresser soudain. 
        D'un côté, on pouvait estimer que son honneur, ou tout au 
        moins l'amour-propre national, se trouvait engagé à la poursuivre. 
        Qu'auraient dit les autres nations, si elles avaient constaté cette 
        nouvelle preuve de " la légèreté 
        et de l'inconstance du peuple français " ? D'ailleurs, 
        dès le début, des intérêts nouveaux s'étaient 
        créés dans la colonie. Des indigènes, des israélites 
        s'étaient mis à notre service et compromis pour nous. La 
        colonisation avait fait ses premiers débuts. Allait-on abandonner 
        tout cela?... Une fois de plus, une idée lancée avait abouti 
        à une force irrésistible et on ne pouvait plus en faire 
        fi. La France s'installa de plus en plus solidement dans sa nouvelle acquisition; 
        l'histoire venait démontrer encore une fois que l'avenir est aux 
        audacieux et aux entreprenants puisque aussi bien l'Algérie allait 
        devenir, en moins d'un siècle, une partie intégrante et 
        non la moins riche de l'Empire Français.
 |  | ------Mais de même 
        qu'une fois le débarquement de Sidi Ferruch effectué, la 
        France n'était plus libre de poursuivre ou non l'occupation du 
        reste de l'Algérie - de même, ayant conquis le Tell et les 
        Hauts-Plateaux, elle allait se trouver en face d'un nouveau problème, 
        celui du Sahara, dont elle ne serait plus maîtresse de se désintéresser.------Dans une première période 
        qui s'étend de la conquête jusqu'en l'année 1852, 
        l'Algérie resta coupée presque complètement du Sahara 
        par les possessions plus ou moins temporaires des grands chefs arabes. 
        Abd el Kader jusqu'en 1848, le bey de Constantine jusqu'en 1840, avaient 
        fermé à notre activité les grandes rives sahariennes.
 ------Mais déjà le désert 
        attirait la curiosité de nos administrateurs et de nos soldats 
        par les mystères de son immensité. De ces régions 
        encore très fermées et lointaines, c'est à peine 
        si quelques voyageurs arabes et deux ou trois explorateurs européens 
        avaient levé un coin du voile. Laing avait été assassiné 
        à Tombouctou; les récits de René Caillié, 
        premier Français qui eût traversé le Sahara de bout 
        en bout, étaient assez généralement mis en doute. 
        Barth et ses compagnons d'exploration étaient occupés à 
        pénétrer le mystère africain, mais le récit 
        de leurs voyages n'avait pas encore été publié.
 ------Bref, en matière scientifique 
        on devait s'en tenir à des essais de géographie critique, 
        établis au moyen de recoupements nombreux par des officiers et 
        géographes distingués. Du point de vue politique tout restait 
        à faire.
 ------Le jour où Abd el Kader vaincu, 
        le bey de Constantine disparu, les dernières résistances 
        dans le Tell abattues, nos troupes vinrent border le désert saharien, 
        de nouvelles destinées allaient s'ouvrir et la France ne pouvait 
        plus arrêter le mouvement irrésistible de ses officiers, 
        de ses administrateurs, de ses missionnaires et de ses explorateurs.
 ------Tant il est vrai que lorsqu'une nation 
        civilisée est entrée au contact d'une contrée encore 
        barbare et non policée, il lui est impossible de limiter son action 
        et d'arrêter son expansion avant d'avoir atteint, serait-ce au delà 
        d'immensités désertiques, d'autres contrées déjà 
        occupées par ses soldats ou ceux d'une autre nation policée.
 
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