| CHAPITRE 
        9 --------Dans 
        le même moment qu'elle poursuivait avec ténacité la 
        lutte contre la famine et la maladie, la direction des Territoires du 
        Sud avait commencé de préparer les bases des programmes 
        de réalisations futures et étudié les voies et moyens 
        pour en poursuivre l'exécution.--------Il 
        serait inéquitable de ne pas mentionner, dans cette uvre 
        de préparation indispensable le grand administrateur que fut M. 
        Boulogne, directeur des Territoires du Sud, qui posa magistralement les 
        bases de tout programme dans le Sahara : " La 
        France doit, disait-il, se manifester avant tout aux yeux de tous, sujets 
        français, visiteurs, étrangers, par les mesures de solidarité, 
        d'hygiène sociale, d'instruction publique et par la construction 
        de bâtiments de commandement destinés à imposer à 
        tous, par des témoignages visibles, le respect, sinon l'admiration 
        de notre uvre".
 --------Dans 
        le même temps, du fait seul du fonctionnement de l'organisme financier 
        des Territoires du Sud, des sommes assez importantes s'amoncelaient dans 
        la caisse de réserve, provenant aussi bien de suppléments 
        dé certaines recettes que de l'annulation de dépenses importantes.
 --------Lorsque 
        l'année 1925 intervint avec ses signes meilleurs, on put immédiatement 
        se mettre à uvre et reprendre la mise en valeur du Sahara, 
        entreprise dès 1913-1914.
 --------Cet 
        admirable et dévoué fonctionnaire que fut le commandant 
        Duclos qui connaissait à fond choses et gens du sud qu'il avait 
        fréquentés au cours d'une carrière poursuivie dans 
        les affaires indigènes plus de quinze ans durant, mit la machine 
        en mouvement et prépara le cadre budgétaire dans lequel 
        pourraient se mouvoir ses successeurs.
 --------D'ailleurs 
        l'état de paix complètement revenu au Sahara depuis 1921 
        avait permis aux raids automobiles de se poursuivre à travers les 
        Territoires du Sud. Déjà la route de la Saoura, prolongée 
        à partir de Reggan, grâce à la ténacité 
        invincible des frères Estienne, était ouverte au trafic 
        courant. Il était désormais nécessaire de confirmer 
        cette liaison transsaharienne par une collaboration plus étroite 
        avec les autres possessions françaises riveraines du désert 
        et notamment, par une collaboration constante, de maintenir la sécurité 
        désirable dans le Sud.
 --------La 
        seule lecture des procès-verbaux des conférences intercoloniales 
        qui se tinrent à Tunis en mars 1926, à Alger en mai 1927, 
        et en juillet 1928 à Rabat, suffit à montrer l'évolution 
        des idées françaises sur une politique de collaboration 
        nationale au Sahara. Les Territoires du Sud abandonnèrent le rôle 
        étriqué et local qui eût pu leur être attribué, 
        pour s'élever à des tâches du plus haut intérêt 
        national.
 --------La 
        parole du général Mangin, d'après laquelle la France 
        et son empire africain ne forment plus désormais qu'une seule entité 
        administrative et nationale, ne pouvait se réaliser en fait que 
        si le Sahara était virtuellement supprimé en tant que théâtre 
        d'actes de brigandages menaçant à tout instant la sécurité 
        des possessions riveraines, que s'il ne présentait plus d'obstacle 
        aux liaisons d'efforts et de troupes. Tous les grands chefs des possessions 
        françaises adoptèrent ce point de vue, les programmes d'action, 
        dessinés d'abord à Tunis, gagnèrent chaque année 
        en précision et les résultats furent heureux.
 --------Sans 
        doute, du côté du Tafilalet, la situation ne s'est pas améliorée. 
        Des événements récents, parmi lesquels l'affaire 
        de Menouarar où le général Clavery trouva la mort 
        - et l'affaire de Djihani qui nous a coûté 50 tués, 
        et de nombreux blessés, sont là pour conseiller la prudence, 
        â défaut d'une solution plus virile qu'il faudra quelque 
        jour envisager.
 --------Mais, 
        sous ce rapport, la responsabilité propre du Gouverneur général 
        est dépassée par d'autres beaucoup plus hautes. Et au demeurant, 
        la création aujourd'hui réalisée d'un commandement 
        unique englobant la zone dangereuse des confins algéro-marocains 
        paraît devoir donner une solution, au moins provisoire, de la sécurité 
        dans cette région
 --------Au 
        contraire, vers le grand Sahara de la Mauritanie et du Soudan, il entre 
        dans les attributions immédiates du Gouverneur général 
        de faire régner ordre et sécurité. Grâce à 
        l'augmentation d'effectif des Compagnies sahariennes, à leur équipement 
        moderne en moyens de liaison, de transmission, et de transport, elles 
        pourront reporter plus loin le rayon de leur action.
 --------Deux 
        nouveaux bordjs, construits à Bou-Bernous dans l'ouest de la Saoura 
        et à Tin-Zaouaten sur la frontière même du Soudan, 
        ont pris le nom des deux derniers gouverneurs généraux : 
        bordj Viollette - Fort Pierre Bordes et les sahariens tiendront à 
        honneur de ne pas laisser des pillards entrer dans la zone qu'ils définissent.
 --------Les 
        rencontres fréquentes avec les méharistes soudanais, les 
        échanges de renseignements et de services, se traduiront certainement 
        par une diminution notable des rapts et des pillards.
 --------Du 
        point de vue local, l'administration profitant d'une époque de 
        prospérité que la sécheresse de 1925-1926 ne réussit 
        pas à compromettre, s'attacha à réaliser des progrès 
        dans tous les domaines, politique, militaire, social et elle eut la satisfaction 
        de voir ses efforts couronnés de succès
 --------Dans 
        un ouvrage de la plus haute importance qui va paraître en 1930, 
        sous le patronage du commissariat général du Centenaire, 
        la situation actuelle des Territoires du Sud sera rapportée avec 
        précision. Chiffres à l'appui on montrera les effets heureux, 
        obtenus par trente ans de pratique, de l'organisation des Territoires 
        du Sud dans des régions qui naguère paraissaient vouées 
        à la misère et à la disparition prochaine.
 --------Nous 
        ne pouvons qu'exposer ici très brièvement la somme de résultats 
        obtenus, mais le seul résumé impressionnera, croyons-nous, 
        favorablement.
 La population actuelle des territoires du Sud comprend environ 550.000 
        habitants, répartis sur 2 millions de kilomètres carrés. 
        Sur cette population on ne compte au total que 4.500 Français, 
        soit 1 / 120 environ. Elle est divisée en groupements très 
        inégaux. Dans le Nord, sur les Hauts-Plateaux, tribus nomades assez 
        denses se livrant surtout à l'élevage des moutons et à 
        la cueillette de l'alfa. Plus au Sud' agglomérations urbaines importantes 
        des régions d'oasis, réunissant autour des 7.500.000 palmiers 
        qui font leur richesse, environ 175.000 à 200.000 habitants. Le 
        reste grands nomades (quelques dizaines de milliers) se déplaçant 
        constamment dans le désert à la recherche de pâturages 
        problématiques.
 --------C'est 
        sur cette population et ses richesses que s'est d'abord concentré 
        tout l'effort - il fallait la régénérer par le travail, 
        par le mieux-être, par l'hygiène sociale... Il est peu de 
        colonies dans lesquelles l'action administrative ait obtenu des résultats 
        pareils du point de vue de l'hygiène et de l'assistance médicale.
 --------Un 
        admirable corps de médecins militaires se dévoue à 
        cette uvre immense. Le médecin militaire, dans le Sud, a 
        une existence dédoublée. Auprès de l'hôpital 
        militaire où sont soignés les soldats et parfois les civils, 
        il doit également diriger les infirmeries indigènes où 
        sont reçus et soignés, hommes, femmes et enfants de la population 
        autochtone. Celle-ci est suivie dans toutes les phases de son existence. 
        Depuis 1926, depuis les réformes du gouverneur général 
        Maurice Viollette, fonctionne avec un succès inespéré 
        un service très surveillé d'assistance aux mères 
        et aux nourrissons. --------À 
        l'école, on suit ces enfants devenus grands. Médecins et 
        instituteurs se liguent pour faire la chasse aux maladies contagieuses 
        et surtout au terrible trachome auquel il y a quelques années encore 
        le Sud devait tous ses aveugles misérables. A côté 
        des salles de consultations, partout réparties dans les villages, 
        de très importantes infirmeries indigènes ont été 
        construites dans lesquelles sont soignés des adultes, hommes et 
        femmes de la région. A ces consultations, les malades se pressent 
        par centaines sinon par milliers, témoignant ainsi de leur confiance 
        dans nos médecins. Enfin ceux-ci, aidés dans leur tâche 
        par des missions de l'Institut Pasteur, souvent conduites par le modeste 
        et savant docteur Foley, poursuivent la maladie dans ses origines mêmes, 
        par des études microbiologiques approfondies.
 Aux enfants des centres, on s'efforce de donner des notions suffisantes 
        d'instruction primaire et souvent on leur dispense une instruction professionnelle 
        réduite. Sous ce rapport, l'effort se poursuit sans autre limitation 
        que celle des crédits.
 --------L'instruction 
        publique est une des principales rubriques du budget des Territoires du 
        Sud et de celui des communes. Le nombre des classes augmente sans arrêt, 
        mais avec une progression qui nous paraît encore trop lente.
 --------Par 
        ailleurs, pour les populations groupées ou nomades, nous nous efforçons 
        d'améliorer les moyens d'existence. Les troupeaux de moutons, pour 
        les transhumants du Nord, sont, grâce à leur viande, à 
        leurs peaux, à leur laine, la principale richesse ; ils sont en 
        voie d'amélioration continue. Dans des centres d'élevage 
        comme celui de Tadmit, on étudie par une sélection savante, 
        et au besoin par l'introduction de méthodes toutes modernes, l'amélioration 
        du cheptel. Les résultats pratiques sont encourageants. Déjà 
        Tadmit est le fournisseur attitré de béliers de toutes les 
        coopératives du nord et du sud et ses produits sont remarqués 
        et recherchés. L'élevage des chèvres et du chameau 
        est de même encouragé par des systèmes de primes aux 
        éleveurs qui rencontrent, auprès des indigènes, le 
        plus réel succès.
 --------En 
        matière d'agriculture, la culture du palmier dattier, celle des 
        deglat-nour, en particulier, est l'objet d'une attention constante. Dans 
        les deux stations expérimentales d'Aïn-Ben-Nouï et d'El 
        Arfiane, on étudie les meilleures méthodes de culture du 
        palmier, l'emploi des engrais, l'amélioration des procédés 
        d'irrigation. Et d'ailleurs on s'attache à donner des facilités 
        de circulation aux commerçants pour leurs achats, par la création 
        de pistes spéciales.
 
 |  | --------De 
        même, pour procurer aux indigènes de nouvelle ressources, 
        on a étudié, partout où faire se pouvait sans inconvénients, 
        l'exploitation de l'alfa. Dès maintenant plus de 200.000 tonnes 
        sont exportées du Sud, chaque année et les prix de ces textiles 
        ne cessent d'augmenter pour le plus grand profit du budget et des indigènes.--------Bref, 
        la quantité et la qualité des produits qui aident l'indigène 
        à vivre se trouvent sans cesse accrues. Le capital des richesses 
        du sud qui, avant la guerre, se chiffrait par 2 ou 300 millions, peut-être 
        aujourd'hui évalué à plus de 2 milliards. L'aisance 
        et même la richesse pénètrent peu à peu dans 
        le désert. Il n'est pas jusqu'aux pays touareg du Hoggar et des 
        Ajjers qui ne prennent rang désormais dans cette plus-value économique 
        générale. Sait-on que le Hoggar (comme d'ailleurs le pays 
        des Ajjers) produit dès maintenant plus de blé qu'il n'en 
        consomme et que le pain y coûte moins cher qu'à Alger?
 --------À 
        toutes les richesses de nouvelle création il faut donner des moyens 
        de circulation et au commerce des moyens de liaison nouveaux. C'est ce 
        que l'on s'est efforcé de réaliser par la création 
        de tout un réseau de pistes automobilisables, reliant entre eux 
        les principaux centres et, même, par-dessus le Sahara, les groupements 
        importants de l'Afrique du Nord et de l'Afrique Noire. Depuis 1926, le 
        réseau de ces pistes s'est étendu très considérablement.--------Dés 
        maintenant les trois départements de l'Algérie et, s'ils 
        le veulent le Maroc et la Tunisie, peuvent sans difficulté atteindre 
        l'Afrique Noire dans la région de la Boucle du Niger et dans celle 
        du pays Haoussa vers Zinder.
 --------Des 
        services automobiles subventionnés, dont deux sont transsahariens, 
        fonctionnent régulièrement.
 Pour donner le premier élan à ce mouvement, des missions 
        ont été chaque année organisées et o chaque 
        fois elles ont victorieusement réussi.
 --------Faut-il 
        rappeler le souvenir des missions des Chambres de commerce qui, en 1926, 
        ont conduit de nombreuses notabilités du commerce, de l'agriculture 
        et de la politique algériennes jusqu'à la Boucle du Niger 
        et les ont ramenés ensuite par Dakar et le Maroc jusqu'à 
        leur point de départ, créant ainsi la première amorce 
        de relations commerciales effectives entre les deux rives du désert 
        ?
 --------La 
        mission scientifique du Hoggar qui, deux mois durant, a pu explorer le 
        massif central saharien où des automobiles l'avaient conduite; 
        enfin, les missions de l'organisme du chemin de fer transsaharien qui 
        doivent aux pistes déjà tracées et aux reconnaissances 
        faites, d'avoir pu parcourir sans grosses difficultés plus de trente 
        mille kilomètres de routes désertiques en moins de six mois 
        ?
 --------Ces 
        missions ont d'ailleurs démontré que seul le chemin de fer 
        transsaharien, avec sa puissance et sa capacité, pourra tenter 
        uvre commerciale dans le Sahara et ce sera une des prochaines tâches 
        des Territoires du Sud d'aider à sa réalisation.
 --------Le 
        réseau radioélectrique dont les premiers postes sont dus 
        à M. Lutaud, a pris sa forme définitive et son fonctionnement 
        devient de jour en jour pus irréprochable.
 --------Enfin, 
        les relations par avion, après s'être bornées à 
        des raids sans lendemain, s'orientent peu à peu vers l'exploitation 
        commerciale. La Compagnie Transafricaine du commandant Dagnaud a arrêté 
        les grandes lignes de son fonctionnement et, dès 1930, ses avions 
        s'élanceront chaque semaine, d'Alger vers le Niger et sur le Tchad, 
        en attendant d'atteindre d'un seul vol, par-dessus le Hoggar et le Tchad, 
        le Congo et Madagascar...
 --------Dans 
        le cinquième volume de l'exposé de la situation des Territoires 
        du Sud, dont nous parlions plus haut, figurera la pièce capitale 
        et constructive de ce livre écrit avec amour et enthousiasme par 
        les auteurs de ses différentes parties. On me permettra d'en donner 
        ici le résumé, comme condensant les grandes lignes de la 
        politique saharienne de demain. C'est un programme d'action pour une durée 
        de dix années.
 --------Construit 
        d'après les directives personnelles du Gouverneur Général, 
        M. Pierre Bordes, et après des discussions approfondies entre les 
        différents chefs de services responsables, ce programme forme un 
        tout sur lequel il sera possible de travailler dans la prochaine période. 
        Il comprend une première partie dans laquelle la science pure et 
        appliquée est chargée de tracer la voie aux réalisations 
        pratiques.
 --------L'étude 
        géographique et géologique du Sahara se poursuivra sous 
        la direction de spécialistes éminents, réunis en 
        un institut de recherches sahariennes et donnera de solides bases à 
        la préparation d'un avenir meilleur, tandis que les recherches 
        ethnographiques livreront peut-être, par le secours de l'histoire, 
        le secret des âmes indigènes.
 --------Dans 
        une deuxième partie, on posera d'abord les grandes lignes de la 
        lutte contre la maladie, de la préservation et de l'amélioration 
        de l'individu par un nouveau et plus complet développement donné 
        aux oeuvres sociales d'assistance médicale et d'enseignement public. 
        Il faut que partout où se réunit une agglomération 
        humaine suffisante, l'école et l'ouvroir voisinent avec l'infirmerie 
        indigène et les locaux administratifs de commandement et d'administration 
        par qui sont mieux assurés le fonctionnement de la justice et des 
        divers services dont celui des postes est particulièrement important.
 --------D'ailleurs, 
        d'accord avec l'initiative privée, nous poursuivons sans cesse 
        le perfectionnement des moyens que la sévère nature a si 
        parcimonieusement mesurés aux indigènes.
 --------Il 
        faudra que, par la construction de nouvelles stations expérimentales 
        d'élevage, on poursuive résolument l'amélioration 
        du cheptel indigène. Pour faire pénétrer les nouvelles 
        méthodes, on multipliera les stages d'instruction et surtout les 
        distributions de géniteurs sélectionnés ; on encouragera 
        la création de coopératives de tonte et de vente.
 --------Mêmes 
        efforts pour étendre l'exploitation de l'alfa que l'on facilitera 
        par la mise en valeur de nouveaux périmètres et, au besoin, 
        la construction de chemins de fer destinés à permettre, 
        dans de bonnes conditions, l'exploitation du précieux textile.
 --------Enfin, 
        en matière d'agriculture, on s'attachera à favoriser le 
        développement de nouvelles palmeraies partout où les ressources 
        en eaux le permettront. De ce point de vue, on peut prévoir, pour 
        les prochaines années, le développement prodigieux de plantations 
        situées au pied de l'Atlas, notamment à l'Ouest de Biskra. 
        El-Goléa, de son côté, où l'on a recommencé 
        avec succès les recherches d'eau, promet de reprendre la prospérité 
        qu'elle eut jadis. Le Tidikelt, le Touat et le Gourara à leur tour 
        prendront la place de pays exportateurs lorsque l'envoi d'engrais et les 
        prospections d'eau auront donné leur rendement.
 --------Tout 
        cela sera obtenu du service des forages, actionné, réorganisé 
        et reporté vers le Sud, alors qu'il cédera sans doute vers 
        le Nord la place à des entreprises privées puissamment armées.
 --------D'ailleurs 
        le plan d'aménagement des pistes, routes et chemin de fer se poursuit 
        de jour en jour.
 En somme, il s'agira de faire confluer partout où cela sera pratique, 
        routes et chemin de fer vers la grande artère principale que dessinera 
        le chemin de fer transsaharien. Les Territoires du Sud n'attendent plus 
        que la création de cet organe pour multiplier vers lui les confluents 
        apportant de petites richesses qui au total fourniront un trafic très 
        appréciable.
 --------Tous 
        ces travaux sont d'ores et déjà commencés. --------L'on 
        travaille fébrilement dans ce Sahara jusqu'alors assoupi. Le visiteur 
        qui, durant les fêtes prochaines, se rendra à Touggourt, 
        Ouargla et El-Goléa, à Laghouat et Ghardaïa, à 
        Méchéria, Béni-Ounif et même Aïn-Sefra 
        pourra constater cette activité et ces résultats. Partout 
        il verra des bâtiments neufs et spacieux, des écoles, des 
        infirmeries indigènes des diverses administrations et il devinera 
        sur les pistes parcourues si rapidement en automobile, la présence 
        de chantiers de travailleurs placés de tous les côtés.
 Zone de transition entre l'Afrique du Nord et l'Afrique Noire. C'est en 
        prenant pour principe directeur cette grande idée, que tous les 
        programmes s'orienteront vers le développement de la richesse et 
        de la valeur morale des populations.
 --------Peut-être, 
        parmi nos visiteurs de' 1930, quelqu'un aura-t-il connu le Sahara de jadis, 
        avec ses populations faméliques et misérables, n'ayant qu'une 
        idée, celle de ne point mourir de faim. A celui-ci, nous demandons 
        de tâter le pouls des Sahariens de nos jours. Partout, il trouvera 
        l'aisance, sinon le confort, introduits grâce au travail dirigé. 
        Partout il verra des physionomies heureuses et, même si quelques 
        misères sont encore étalées devant lui, il sentira 
        vibrer, parmi ces braves gens, l'espoir de lendemains . meilleurs, dû 
        à la confiance qu'ils ont dans leurs chefs et dans leurs facultés 
        de travail et de création.
 --------L'organisme 
        des Territoires du Sud a joué un rôle éminent dans 
        la pacification, dans la pénétration et dans la mise en 
        valeur de ces régions Le législateur de 1902 a voté 
        une loi dont la seule application a introduit le calme, la prospérité, 
        le bonheur dans toute une partie de la France africaine.
 --------A 
        celui de 1930, de juger si cette oeuvre doit être supprimée 
        ou inconsidérément rognée, ou bien si, par une simple 
        adaptation de l'organe existant, il n'arrivera pas mieux aux fins de justice 
        et de prospérité qu'il poursuit en faveur des pauvres populations 
        sahariennes.
 Alger, janvier 1930.
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