| CHAPITRE 
        8 --------La période d'après-guerre 
        qui s'étend de 1920 à 1925 environ eût dû être 
        employée à tous les redressements et les plans ébauchés 
        en 1913-1914 eussent gagné à être repris d'initiative 
        gouvernementale. --------Mais dans cette 
        période, un nouveau fléau allait s'abattre sur les Territoires 
        du Sud et plus particulièrement sur !es annexes des Hauts-Plateaux 
        qui en constituaient la plus riche partie. L'année 1920 avait été 
        marquée par une sécheresse assez grande, le cheptel de moutons 
        et de chameaux qui est la principale richesse des tribus, avait été 
        sérieusement éprouvé. Or, les années qui suivirent, 
        1921 et 1922, ne furent pas non plus assez humides. Ce fut alors l'époque 
        de la grande misère. Les nomades, ne disposant plus que de quelques 
        maigres moutons et chameaux, voyaient disparaître le plus clair 
        de leur alimentation et de leurs ressources L'administration engagea résolument 
        la lutte contre la famine et les maladies endémiques et épidémiques 
        qui l'accompagnent toujours.
 --------À vrai dire, concours financiers 
        et secours en vivres de provenances diverses ne manquèrent pas 
        à ces malheureux. Toutes les ressources disponibles du budget furent 
        employées pour ces objets immédiats. La tâche était 
        vaste, mais on en vint à bout et, au total, si le cheptel moutons 
        fut réduit de près des deux tiers et celui des chameaux 
        d'au moins un tiers, du moins le nombre des hommes morts d'inanition demeura 
        assez faible et le chiffre de la population n'en fut pas sensiblement 
        diminué.
 --------On ne s'étonnera donc plus 
        si dans toute cette période on se borna, dans les Territoires du 
        Sud, à maintenir le calme dans les tribus sans se lancer dans des 
        améliorations ou de grands travaux onéreux.
 
 --------L'initiative individuelle se substitua 
        du moins, et de la façon la plus heureuse, aux efforts de l'administration 
        pour reprendre les idées de jonction et de collaboration entre 
        Français des deux rives du Sahara.
 --------Nous voulons surtout parler des tentatives 
        répétées, méthodiques et finalement couronnées 
        de succès, que quelques firmes automobiles firent pour réaliser 
        la traversée du désert. Le film, l'image et le livre ont 
        rendu célèbres, de la façon la plus intelligente 
        et la plus intéressante, les beaux raids que les autochenilles 
        de Citroën entreprirent à plusieurs reprises au Sahara.
 |  | --------La traversée 
        d'Alger au Niger, par Ouargla, In-Salah, le Hoggar, Tin-Zaouaten fut réalisée 
        en 1921-1922 par Haardt et Audouin-Dubreuil. L'année suivante ce 
        fut la croisière noire qui conduisit les mêmes voitures, 
        dirigées par les mêmes personnalités, de Colomb-Béchar 
        sur Reggan, Gao et de là jusqu'au Tchad et à Madagascar.--------Dans le même temps, les automobiles 
        six roues Renault, conduites par M. Gradis et les frères Estienne, 
        réussissaient à leur tour la traversée du Tanezrouft 
        et poussaient jusqu'à Kotonou du Dahomey, emmenant dans la traversée 
        le maréchal Franchet d'Esperey.
 --------Aussitôt, on voulut, des deux 
        côtés, tirer des conséquences pratiques de ces deux 
        tentatives... Citroën improvisait en quelques mois, grâce à 
        un état-major africain d'une compétence rare, l'équipement 
        d'une ligne automobile OranN.iger, pourvue de luxueux hôtels, de 
        campings, armée en - voitures puissantes et rapides... A la veille 
        même du voyage d'inauguration qui devait avoir lieu le 187 janvier 
        1925, le grand industriel dut renoncer à toute son organisation 
        à la suite de quelques incidents survenus en frontière du 
        Tafilalet.
 De leur côté, la Compagnie Transatlantique de M. Dal Piaz, 
        la Compagnie Générale Transsaharienne montée par 
        MM. Gradis et Georges Estienne organisaient dans le désert leurs 
        premiers services réguliers.
 --------Au début de 1925, il n'en 
        demeurait pas moins que par suite d'événements calamiteux, 
        la situation économique des Territoires du Sud paraissait atteinte. 
        --------Son équipement en établissements 
        d'assistance publique, en écoles, en ouvroirs était arrêté. 
        La mise en valeur du cheptel, des palmeraies était stagnante. Les 
        travaux d'aménagement entrevus jadie
 étaient à peine ébauché,
 --------Mais l'année s'annonçait 
        meilleure, car des pluies abondantes avaient revivifié les pâturages, 
        permis aux troupeaux de se renouveler. Les populations se reprenaient 
        à espérer. Le moment était venu de reprendre toute 
        l'ceuvre par la base, et, après avoir réparé les 
        lézardes, de préparer un avenir meilleur. Les Territoires 
        du Sud entraient dans une nouvelle période d'organisation qui allait 
        être particulièrement fructueuse
 
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