| mise 
        sur site le 18-08-2003 | 
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| ---------Pour dégager les caractères généraux de l'organisation politique et administrative actuelle de l'Algérie, il faut, tout d'abord, corriger ce que le schéma de son développement dans le plan historique a de trop rigide et, par conséquent, d'un peu inexact. Il convient, ensuite, d'en présenter l'exposé en une forme moins discursive et de le ramener à une notion juridique simple. 
 ---------Le 
        gouvernement et l'administration de l'Algérie sont un amalgame, 
        plutôt qu'un composé sédimentaire de trois couches 
        successives d'institutions, provenant du régime militaire et d'un 
        régime civil qui a évolué de l'assimilation vers 
        la décentralisation. Il n'y a pas, en effet, dans l'histoire du 
        droit public algérien, trois périodes séparées, 
        formant coupures à arêtes vives et correspondant à 
        des systèmes absolus, s'excluant mutuellement. L'emploi déterminé 
        d'une méthode n'a pas plus empêché le jeu et la création 
        d'institutions inspirées d'autres méthodes, que l'avènement 
        d'un régime nouveau n'a arrêté le fonctionnement des 
        organismes provenant du régime précédent. Les milieux 
        sociaux possèdent une force de conservatisme qui résiste 
        aux bouleversements politiques. D'ailleurs, les vocables : " régime 
        ", " méthode ", " politique ", traduisent 
        les tendances d'une époque plus qu'ils ne la caractérisent 
        ; ils ne sauraient, en tout cas, prétendre en embrasser tous les 
        aspects. N'avons-nous pas remarqué, déjà, que le 
        régime militaire avait constitué, sous l'Empire libéral, 
        tous les cadres du régime civil et que celui-ci n'a rien trouvé 
        de mieux, pour rétablir l'ordre troublé par l'insurrection 
        de 1871, que de maintenir la commune mixte et d'imiter les Bureaux arabes 
        ? On ne fait, certes, aucun tort à la IIIè République 
        en constatant encore que la création des communes de plein exercice, 
        préparée ou développée par la Royauté, 
        la IIè République et l'Empire, est une mesure de décentralisation, 
        édictée dans un esprit d'assimilation; qu'enfin la décentralisation 
        réalisée de 18% à 1900 a été suivie 
        de près, en 1902, par l'organisation de marches sahariennes dans 
        lesquelles le régime militaire a trouvé un regain d'activité. 
 ---------L'organisation actuelle de l'Algérie est donc un équilibre dynamique dont les composantes sont l'idéal français d'assimilation, le conservatisme indigène et l'évolutionnisme du milieu néo-français. Chacune de ces trois forces est concrétisée dans un ou plusieurs éléments essentiels du gouvernement et de l'administration. |  ---------L'effort 
        d'assimilation a réalisé des formations comme l'unité 
        politique de l'Algérie et de la France, le contrôle du Parlement, 
        la tutelle administrative de l'État, la participation des départements 
        algériens aux élections législatives, la gestion 
        des intérêts locaux par les assemblées départementales 
        et communales. Le conservatisme indigène s'exprime dans la distinction 
        du territoire civil et du territoire militaire, dans le caractère 
        autoritaire de l'administration algérienne, dans l'aménagement 
        du pouvoir de suffrage en deux collèges électoraux distincts 
        : celui des citoyens français et celui des sujets français, 
        ce dernier n'ayant qu'une représentation minoritaire au sein des 
        assemblées algériennes et pas de représentation du 
        tout au Parlement. A l'évolutionnisme du milieu néo-français 
        correspondent, enfin, une Algérie érigée en unité 
        administrative spéciale et la gestion de ses intérêts 
        économiques par les assemblées financières. 
 ---------Mais un 
        ordre social quelconque, réalisé en un lieu et un temps 
        donnés, n'est jamais qu'un équilibre instable; et cela est 
        vrai, surtout, du milieu algérien, qui, bouleversé par la 
        conquête et désagrégé par la colonisation, 
        n'a pas dépassé la période organique et subit encore 
        des transformations dont la rapidité est parfois déconcertante. ---------L'équilibre 
        actuel serait donc précaire et menacé d'une rupture prochaine 
        si le milieu algérien ne recelait encore des forces de résistance 
        qui s'opposent à une reprise éventuelle de la tendance assimilatrice, 
        même limitée à un aménagement nouveau du pouvoir 
        de suffrage qui rapprocherait davantage la condition de l'indigène 
        de celle de l'Européen. L'analyse de ces éléments 
        d'opposition va nous amener, non pas à critiquer les projets et 
        propositions de réformes - c'est un examen qu'exclut le point de 
        vue général, purement descriptif, de cette étude 
        - mais à formuler quelques principes généraux qui 
        sont l'application des postulats essentiels de gouvernement et d'administration |