| CHAPITRE 
        IV LA TRANSFORMATION ÉCONOMIQUE -------La transformation 
        a été particulièrement importante,bien entendu, dans 
        le domaine des produits du sol.-------Et 
        d'abord ce qu'on pourrait appeler les produits de cueillette. Ici tout 
        a été créé en partant du chiffre zéro.
 PRODUITS 
        DE CUEILLETTELa Forêt
 -------Depuis 
        l'occupation française les forêts ont été confiées 
        à un service des forêts, sur le modèle de celui qui 
        existe: en France. Ce service a un domaine de 2.345.000 hectares en Algérie 
        seulement. -------Jusqu'à 
        l'occupation française la forêt a toujours été 
        pour les tribus indigènes un lieu de pacage. Ç'a été 
        a travers les siècles son principal rôle économique. 
        Le service forestier a composé avec cette habitude séculaire. 
        Il a dû pourtant défendre les boisements contre la dent des 
        bêtes; il l'a fait à coups de contraventions et il est à 
        ce titre le service le plus impopulaire de l'administration. -------Au service 
        des forêts l'Algérie doit la reconstitution au moins partielle 
        de ses forêts de cèdres, les plus monumentales qu'elle ait.En dehors de ce rôle négatif il a naturellement entrepris 
        une besogne positive d'exploitation économique.
 -------Le chiffre 
        énorme de 2 millions d'hectares ne doit pas faire illusion. 
        « La portion du domaine réellement 
        productive de revenus ne représente actuellement qu'un huitième 
        environ de la surface totale. »-------La 
        forêt méditerranéenne, et plus particulièrement 
        maugrebine, n'a pas de rapport avec les riches futaies du Nord.
 -------L'Algérie 
        importe de France et d'Europe centrale une grande partie des bois ouvrés 
        dont elle a besoin.
 -------Le 
        Liège. (voir 
        aussi : productions)- La grande richesse c'est le liège 
        275.000 hectares ressortissant au service des forêts. -------La 
        mise en exploitation d'une forêt de chênes-liège exige 
        de gros capitaux. Dans les premières décades de l'occupation 
        l'État n'a même pas essayé d'exploiter directement 
        son liège. L'exploitation directe n'a commencé qu'après 
        1892 (rapport Burdeau)
 
 -------La 
        courbe de la page 41 (note 
        du webmaster : je ne l'ai pas incluse) donne l'ascension rapide 
        de la production officielle entre les années 1892 et 1914. La production 
        a passé de 0 à 130.000 quintaux. Après 1914 la guerre 
        a amené une longue période de dépression. Aujourd'hui 
        seulement la production atteint de nouveau approximativement les chiffres 
        d'avant-guerre (statistique de 1914 120.000 quintaux).
 -------La production 
        officielle du service forestier en liège donne une idée 
        très incomplète de la production totale. Sur 450.000 hectares 
        de forêts de liège, le service forestier en exploite 275.000 
        seulement. Le reste, 175.000 hectares, a été concédé 
        par l'État à des particuliers avant 1892, et les résultats 
        de l'exploitation, trop intensive peut-être, doivent entrer en ligne 
        de compte. -------C'est un 
        minimum de 160.000 quintaux de liège brut par an. La production 
        moyenne de l'Algérie est d'environ 300.000 quintaux (en 1913, 400.000 
        quintaux valant 13 millions de francs-or). Il faut ajouter environ 50.000 
        quintaux pour la Tunisie. Le Maroc apportera sa contribution (forêt de Mamorra à côté 
        de Rabat).
 -------Pratiquement, 
        le Maghreb exporte la totalité de sa production en liège. 
        Et ces 350.000 quintaux paraissent à peu près le tiers de 
        la consommation mondiale. Ce qui n'est pas surprenant si on songe que 
        le chêne-liège ne pousse nulle, part à la surface 
        de la planète sauf dans le bassin de la Méditerranée, 
        et même ou peu s'en faut, de la Méditerranée occidentale 
        (Espagne et Portugal Atlantique compris). -------L'Alfa. 
        (voir 
        aussi : productions)- Le Maghreb a d'autres produits de cueillette 
        qui sont des ressources importantes; l'alfa, le crin végétal. 
        L'aire de dispersion de l'alfa est encore plus restreinte que celle du 
        chêne-liège; hors de l'Afrique du Nord (Maroc, Algérie, 
        Tunisie et Tripolitaine) il ne se trouve qu'en Espagne. -------Vers 
        le milieu du XIXè siècle, l'Espagne seule était exportatrice 
        d'alfa. L'Algérie a débuté en 1863.
 -------La 
        zone exploitable est immense : 4 millions d'hectares en Algérie 
        seulement d'après la statistique agricole de 1925.
 -------L'exploitation 
        de l'alfa est concédée à des particuliers en concessions 
        de très grande étendue. Le produit est acheté par 
        le concessionnaire et comprimé à la presse hydraulique en 
        balles transportables.
 -------En 
        1870 l'Algérie a produit 33.000 tonnes; en 1922-1923 environ 100.000 
        tonnes (chiffre déjà atteint en 1879). Valeur environ 32 
        millions en francs-papier.
 -------Il 
        faut ajouter pour la Tunisie une vingtaine de mille tonnes.
 -------Presque 
        tout l'alfa s'exporte en Angleterre où il est transformé 
        en pâte à papier de luxe.
 -------Crin 
        végétal. (voir 
        aussi : productions) - Le crin végétal ne vient 
        pas de la steppe, au contraire il vient du Tell.-------Dans 
        les meilleures terres du Maghreb la plus grande difficulté du défrichement 
        vient du palmier nain qui pullule et qui est dur à arracher.
 -------Le 
        crin végétal (fibres du palmier nain) fut découvert 
        en 1847. « De 1860 à 1880, dit Trabut, 
        les familles de colons vécurent de la fabrication du crin végétal. 
        » Aujourd'hui le défrichement des plaines a refoulé 
        le palmier nain dans la montagne où il reste une ressource importante 
        pour les indigènes.
 Toute la production est exportée (coussins, harnais, matelas).
 -------En 
        1922-23, la production oscille autour de 400.000 quintaux, chiffre atteint 
        dès 1905. Valeur : environ 17 millions en francs-papier.
 -------Il 
        faut souligner que, avant 1830, il n'était pas sorti d'Algérie 
        une tonne de liège, d'alfa ou de crin végétal.
 AGRICULTURE PROPREMENT 
        DITELes vieilles cultures indigènes
 -------Parmi les 
        produits proprement agricoles il est intéressant de mettre à 
        part les vieilles cultures indigènes.-------En 
        première ligne :
 -------Les 
        Céréales (voir 
        aussi : productions).-Le Maghreb a toujours cultivé 
        des céréales, blés durs, qui ont toujours donné 
        aux indigènes la semoule, base de leur alimentation; orge, qui 
        donne aussi du pain et qui, dans l'alimentation des chevaux, remplace 
        l'avoine de chez nous; pour mémoire, dans certains coins, la Kabylie 
        par exemple, le sorgho (bechna).
 -------La 
        colonisation européenne a introduit des céréales 
        nouvelles, le blé tendre par exemple, l'avoine, le maïs, mais 
        ces céréales nouvelles restent subordonnées. Elles 
        n'ont pas détrôné le blé dur et l'orge qui 
        sont adaptés au pays, et auxquels une sélection millénaire 
        a donné des qualités très appréciées.
 -------L'influence 
        de la colonisation, qui est énorme, a porté sur autre chose 
        : les instruments et les méthodes de labour. L'indigène 
        ne, connaissait que l'araire, la petite charrue à soc en bois, 
        qui égratigne le sol. Le colon a introduit la grande charrue des 
        labours profonds. Les machines agricoles modernes ont une très 
        grande diffusion et sont l'objet d'un gros commerce d'importation. Ajoutez 
        l'usage du fumier, des engrais chimiques.-------Quel 
        a été le résultat ?
 -------Quand 
        on établit la courbe des céréales (production et 
        superficies emblavées, entre les années 1900 et 1924), le 
        résultat est décevant. La courbe n'a pas du tout l'allure 
        triomphante des ascensions rapides : elle accuse une stagnation. Et, si 
        on la prolongeait dans les années antérieures à 1900, 
        elle conserverait le même caractère. En 1865, d'après
 Trabut, le chiffre des emblavures oscille entre 2 millions et 2 millions 
        500.000 hectares. C'est à peu de chose près des chiffre 
        de 1923.
 -------Que 
        s'est-il passé ? un phénomène complexe.
 -------De 
        1840 à 1870, dans les belles plaines côtières, dans 
        la Mitidja par exemple, on a fait du blé en grand. Et en définitive 
        on a échoué, définitivement.
 La raison en est simple. Malgré les efforts prolongés des 
        colons, le blé dans la Mitidja n'a jamais pu rendre plus de 10 
        à 12 pour 1.
 -------C'était 
        un progrès énorme; l'indigène n'obtient guère 
        que du 5 au 6. Mais sur nos plateaux limoneux de la Picardie, par exemple, 
        le rendement est de 40 à 50.-------Il 
        faut laisser aux agronomes le soin d'expliquer cette disproportion, s'ils 
        le peuvent. Et se contenter de constater le fait, surabondamment établi.
 Il est vrai que les rendements sont inférieurs à 10 dans 
        d'autres coins de la planète, grands exportateurs de céréales, 
        au Manitoba par exemple.
 -------Mais 
        le Manitoba est un pays de culture extensive où la terre n'a pas 
        de valeur, et qui ne peut rien produire en dehors des céréales 
        ? La Mitidja est une plaine magnifique au terreau profond, noir, meuble, 
        imbibé d'eau, à proximité d'un port d'embarquement. 
        Un sol pareil a une vocation de culture intensive à grand rendement.
 -------On ne se 
        résignait pas à cette culture improductive des céréales 
        qui paraissait un gâchage de richesses latentes. On pressentait 
        la possibilité de cultures concurrentes, infiniment plus rémunératrices. -------Ces cultures 
        nouvelles, la Mitidja les a cherchées avec acharnement de 1848 
        à 1870. -------Le problème 
        de la mise en valeur a reçu sa solution dans les premières 
        années de la troisième République. La crise du phylloxéra 
        en France a créé la viticulture algérienne. La vigne 
        a conquis la Mitidja et en a éliminé les céréales. 
        Dès 1885, il y a déjà à Boufarik 1.318 hectares 
        de vignes, contre 1089 hectares de blé. Aujourd'hui le blé 
        a pratiquement disparu. C'est la vigne essentiellement qui est la base 
        de l'opulence actuelle; d'un rapport énorme et sûr; jusqu'à 
        150 hectolitres à l'hectare, d'un gros vin de coupage très 
        riche en alcool (jusqu'à 15°), d'écoulement facile. -------Une évolution 
        analogue s'est produite dans toutes les parties riches du Tell. Mais alors 
        la courbe des surfaces emblavées n'aurait pas dû rester stationnaire, 
        elle aurait dû s'effondrer.-------Si 
        elle s'est maintenue, c'est qu'il s'est produit ailleurs dans le-sud de 
        l'Algérie une évolution inverse et compensatrice.
 -------D'après 
        Trabut, au début de la colonisation, on admettait que la culture 
        des céréales exigeait 600 millimètres de pluies. 
        Aujourd'hui on obtient de belles récoltes dans des régions 
        où les pluies ne dépassent pas 350 millimètres. Cette 
        révolution d'immense portée a été amenée 
        par l'introduction des méthodes de culture sèche qu'on a 
        baptisées en Amérique dry farming. -------Le nom vient 
        des États-Unis. Mais la méthode elle-même n'a rien 
        d'américain; il est vrai seulement qu'elle a été 
        là-bas analysée scientifiquement et probablement perfectionnée. 
        A cela près le dry farming est vieux de 2.000 ans et il est méditerranéen. -------En 
        somme, dans ce pays silencieux où chacun garde pour soi sa pensée, 
        tout le monde savait; excepté nous, septentrionaux immigrés.-------À 
        partir de 1900 environ, nous aussi nous avons pénétré 
        le secret de polichinelle. On ne sait pas bien comment. A coup sur nous 
        n'avons pas été à l'école des États-Unis. 
        Le dry farming apparaît dans les toutes dernières années 
        du XIXè siècle en Oranie, plus précisément 
        à Sidi-bel-Abbés. Il a été importé 
        par des Andalous. On ne nous en dit pas davantage et je suppose qu'on 
        n'en sait pas plus long.
 -------Les résultats 
        de cette révolution furent considérables.-------Et 
        par exemple à l'est de Tiaret s'étendent les plaines du 
        Sersou. Jusqu'à la fin du XIXè siècle, le Sersou 
        fut, comme le reste des Hauts-Plateaux, une steppe à peu près 
        vide, pays de nomades et de moutons. Or, brusquement, en un nombre d'années 
        étonnamment petit, elle s'est couverte de superbes moissons et 
        de villages européens. Ça été le succès 
        le plus retentissant du dry farming, celui qu'on cite toujours en exemple.
 -------Ainsi 
        est-il arrivé que les céréales, expulsées 
        des belles plaines, ont envahi les terres arides, jadis improductives. 
        L'équilibre s'est maintenu, mais au total le progrès est 
        nul.
 -------Si 
        nous nous demandons pourquoi, ce n'est pas que le colon n'ait fait en 
        matière de céréales les mêmes merveilles qu'en 
        d'autres domaines. C'est que cette culture ne l'intéresse pas, 
        toutes les fois que le sol est riche.
 -------Il 
        a reconnu au contact des réalités que la vocation agricole 
        du pays était ailleurs. Et en effet dans le domaine méditerranéen, 
        ce sont surtout les cultures arbustives qui sont chez elles.
 -------Oliviers.-L'olivier 
        est chez lui, dans le Maghreb, autant que les céréales.-------Sous 
        l'empire romain l'huile d'olive tenait dans l'économie exactement 
        la place prépondérante que tient le vin dans le Maghreb 
        français. L'Afrique romaine était la grande exportatrice 
        d'huile dans le bassin méditerranéen. Elle était 
        couverte d'olivettes d'un bout à l'autre. Les ruines des pressoirs 
        romains frappent aujourd'hui les archéologues par leur nombre immense.
 -------L'Islam a 
        apporté la ruine aux olivettes, bien entendu. -------Les historiens 
        arabes en ont expressément conscience et ils mettent cette ruine 
        sur le compte des dévastations. La disparition du marché, 
        conséquence de l'effondrement de Rome, suffirait d'ailleurs à 
        l'expliquer. -------De nos jours 
        la culture de l'olivier est bien loin d'avoir retrouvé une situation 
        prépondérante. -------En Algérie, 
        la production oscille autour de 300.000 hectolitres, et elle ne suffit 
        pas tout à fait à la consommation. L'Algérie importe 
        de l'huile un peu plus qu'elle n'en exporte. -------Une bonne 
        moitié de la production est indigène. Le colon ne s'est 
        pas occupé avec suite de l'olivier. -------Évidemment 
        parce qu'il n'y trouvait pas son intérêt. Le marché 
        de l'huile n'est plus ce qu'il était il y a deux millénaires. 
        Qu'on songe aux arachides, aux huileries de Marseille, au rôle joué 
        par les oléagineux tropicaux. Dans les habitudes européennes 
        la cuisine au beurre et à ses « ersatz » (margarine, 
        végétaline) tient plus de place que la cuisine à 
        l'huile. Si la culture de l'olivier n'a pas pris essor, la raison principale 
        doit être celle-là : une raison économique et générale. -------Le plus beau 
        groupe d'olivettes, le plus compact, est le groupe kabyle. La Kabylie 
        est de tout le territoire algérien la province la plus fermée 
        à la pénétration des colons. Les oliviers Kabyles 
        sont restés exactement ce qu'ils étaient. Pas de taille, 
        dit Trabut, pas de fumures, l'arbre n'est même pas cultivé 
        au pied. C'est l'éternelle histoire : les méthodes européennes 
        ne peuvent être introduites que par l'Européen en chair et 
        en os, mettant la main à la pâte. Pour entraîner l'indigène 
        les conseils sont inefficaces, il faut l'exemple et la concurrence. -------Il 
        paraît absurde que dans un pays comme le Maghreb, patrie antique 
        de l'olivier, la production d'huile arrive péniblement à 
        équilibrer la consommation. L'énorme succès de la 
        vigne a certainement porté préjudice à l'olivier. -------Figuiers, 
        Abricotiers.-Le figuier est un arbre important. En Algérie 
        on évalue à 4 millions le nombre des arbres en rapport. 
        L'Algérie exportait en 1906 environ 80.000 quintaux de figues sèches; 
        120.000 quintaux en 1924.-------C'est 
        une culture exclusivement indigène, kabyle, par des procédés 
        antiques.
 -------L'abricotier, 
        autre culture indigène, donne de très beaux résultats. 
        C'est tout à fait un arbre Maugrebin. Il aurait un avenir intéressant 
        d'exportation si on avait organisé le séchage des fruits 
        comme on l'a fait en Californie.
 -------« 
        Aurait un avenir » cela est vrai des abricotiers, et 
        encore bien davantage des figuiers. La figue Kabyle chez les épiciers 
        est bien loin de concurrencer la figue de Smyrne.
 -------Toutes 
        ces vieilles cultures indigènes, cultures alimentaires, n'ont pas 
        pris de développement sérieux, parce qu'elles n'ont pas 
        intéressé vivement l'Européen. Le colon a été 
        attiré par les cultures d'exportation, cultures riches, et là 
        il a été le créateur.
 -------Le 
        Tabac.- (voir 
        aussi : productions) Dans la catégorie des cultures 
        industrielles le colon a multiplié des tentatives. On a fait beaucoup 
        de géranium à un moment donné lorsque les prix de 
        l'essence étaient rémunérateurs.-------C'est 
        le tabac surtout qui a obtenu un succès durable. L'Algérie 
        turque cultivait un peu de tabac, qui rappelait les tabacs du Levant. 
        Cette culture est morte. Elle n 'était-, pas rémunératrice 
        à cause de l'exiguïté des feuilles. Avec des espèces 
        introduites d'Amérique on a créé un type algérien 
        de tabac.
 -------En 
        1878, 2.500 hectares : en 1924, 22.300 hectares.
 -------En 
        1878, 45.000 quintaux : en 1924, 175.000 quintaux. Le monopole dé 
        fabrication n'existe pas au Maghreb; l'Algérie, la Tunisie et le 
        Maroc fument leur propre tabac et ce tabac fabriqué s'exporte dans 
        une mesure et par exemple en Belgique. La régie française 
        s'approvisionne au Maghreb. Depuis la guerre et le change elle tend à 
        s'approvisionner davantage. Elle achetait avant la guerre 20.000 quintaux. 
        En 1926, 60.000. Parmi les colonies françaises l'Algérie 
        est de beaucoup le plus gros fournisseur de la Régie.
 
 -------Primeurs.-Le 
        développement des communications maritimes des communications maritimes 
        a développé la culture des primeurs, dans les coins abrités 
        et chauds, surtout au bord de la mer; la main-d'uvre est généralement 
        mahonnaise. L'essor date de 1890.-------Ç'a 
        été un épanouissement extraordinaire. Les primeurs 
        « ont transformé en terrain valant 
        10.000 francs (or) l'hectare les rochers abrupts où soixante ans 
        auparavant les survivants des premiers colons, terrassés par les 
        fièvres, traqués par les panthères, ne conservaient 
        d'autres ressources que de demander leur rapatriement aux frais de l'État 
        ».
 -------Agrumes.-La 
        facilité croissante des communications a eu la même répercussion 
        sur la culture et l'exportation des agrumes, les citrons, oranges et mandarines. 
        Ce sont des nouveaux venus au Maghreb; les oranges sont venues de Chine 
        au moyen âge; la mandarine en Algérie ne date guère 
        que de 1850.-------L'Algérie 
        en 1906 produisait environ 250.000 quintaux d'oranges et en exportait 
        53.000.
 -------En 
        1916 elle exportait 35.000 quintaux d'oranges et 79.000 quintaux de mandarines.
 -------En 
        1922, 77.000 quintaux d'oranges et 127.000 quintaux de mandarines.
 -------C'est 
        une exportation totale qui oscille entre 100 et 200.000 quintaux.
 |  | -------La 
        Vigne.-C'est surtout la vigne qui a tout envahi. Le Maghreb 
        se prête admirablement à la culture de cette plante essentiellement 
        méditerranéenne, la vigne.-------Mais 
        l'Islam ne s'y prête pas du tout.
 -------En 
        1830, l'Algérie turque avait quelques ceps de vigne. Les raisins 
        se consommaient comme fruits. Dans quelques familles juives, en cachette, 
        pour la consommation familiale, on faisait avec le raisin quelques litres 
        de boisson fermentée.
 -------Cette 
        situation s'est modifiée lentement.
 -------Aux 
        environs de 1870 il n'y avait encore en Algérie que 10 à 
        12.000 hectares de vigne.
 -------C'est 
        qu'il y avait un problème à résoudre. Si le climat 
        du Maghreb convient admirablement à la vigne, il modifie toutes 
        les règles, usuelles chez nous, de la fermentation. On a cru longtemps 
        que la fabrication industrielle du vin était impossible sous le 
        soleil Maugrebin. C'est lentement, par tâtonnements, par approximations 
        successives, après d'immenses efforts, qu'on a établi les 
        règles de la viticulture africaine.
 -------À 
        partir de 1870 elle prend un essor énorme. En 1889 la superficie 
        du vignoble était de 91.000 hectares. Aujourd'hui (entre 1916 et 
        1923) elle oscille entre 170.000 et 180.000 hectares. La production annuelle 
        oscille entre 6 millions et 10 millions d'hectolitres.
 -------Ç'a 
        été une magnifique création et une création 
        douloureuse, pleine de péripéties.
 -------1880 
        a été une grande date parce que les ravages du phylloxera 
        en France ont provoqué l'exode en Algérie de viticulteurs 
        ruinés; en même temps qu'ils ouvraient un large marché 
        et qu'ils amenaient la hausse sur le prix du vin.
 -------Plus 
        fard le phylloxera a passé la Méditerranée; il est 
        vrai que pour lutter contre lui le viticulteur algérien a pu utiliser 
        l'expérience du viticulteur français.
 -------Puis 
        est venue, à la fin du siècle, après la reconstitution 
        du vignoble métropolitain, la crise de la mévente provoquée 
        par les habitudes de fraude (vin de sucre), que le phylloxera avait fait 
        naître, et qui lui avaient survécu. Ce fut une crise terrible, 
        en Algérie comme en France. Elle secoua la Société 
        dans ses profondeurs. En France émeutes de Montpellier et de l'Aude 
        : grandeur et décadence de Marcelin Albert.
 -------En 
        Algérie émeutes anti-juives.
 -------Le 
        résultat final a été triomphal. La viticulture algérienne 
        est en pleine prospérité.
 -------À 
        la violence des secousses qu'ont provoquées les crises viticoles, 
        on mesure l'importance de la viticulture dans la société 
        algérienne. L'Algérie est devenue, au même titre que 
        le Midi français, un pays essentiellement viticulteur. Aucune autre 
        culture n'a donné au colon de bénéfices comparables. 
        C'est la vigne qui a fait la prospérité de l'Algérie, 
        exalté la joie de vivre et le goût d'entreprendre. A proprement 
        parler, la vigne a fait l'Algérie.
 -------Naturellement, 
        la viticulture algérienne a pour client principal le consommateur 
        français.
 -------L'Algérie 
        exporte en France la plus grande partie de sa production, environ 5 millions 
        d'hectos. La production française est de 45 millions.
 -------La 
        concurrence que la viticulture algérienne fait à la française 
        n'est pas aussi grande que ces chiffres indiqueraient, parce que les vins 
        algériens pour la plupart sont très chargés en alcool. 
        Ce sont des vins de coupage. Ils font plutôt concurrence aux vins 
        espagnols que le marchand de vin français a toujours importés.
 -------Les 
        départements du Midi cependant surveillent de très près 
        la viticulture algérienne.
 -------La 
        France a élevé des barrières douanières pour 
        interdire le marché français aux vins marocains, ce qui 
        ne peut pas manquer de restreindre l'expansion de la viticulture sur le 
        territoire du protectorat où elle eût trouvé, sans 
        cette circonstance, un terrain aussi favorable qu'en Algérie.
 -------Poussée 
        au point où elle l'est, la viticulture en Algérie peut être 
        presque appelée monoculture. Elle n'est donc pas sans présenter 
        des dangers.
 -------La 
        Datte.-L'agriculture algérienne n'est pas la vieille 
        culture traditionnelle et routinière.-------L'agriculture 
        algérienne est en fièvre éternelle, en création 
        continue. Dans les toutes dernières années, depuis la guerre, 
        il faut noter l'apparition de deux cultures nouvelles qui 
        ont mis violemment en mouvement l'imagination, les convoitises et les 
        activités. C'est la culture du dattier et celle du coton.
 -------L'exemple 
        du dattier montre ce que devient une antique 
        culture indigène d'arbre fruitier quand la colonisation européenne 
        s'en mêle. Les oasis dactylifères intéressantes sont 
        dans la cuvette des grands chotts, entre Biskra et Gabès. En Algérie, 
        c'est l'Oued-R'ir ; en Tunisie, le Djerid.-------Mais 
        le Djerid est resté stationnaire parce qu'il est entre les mains 
        des indigènes seuls.
 -------C'est 
        de l'Oued R'ir qu'il s'agit.
 -------On 
        y cultive la datte d'exportation, la « deglat-nour », celle 
        qu'on voit sur nos tables.
 -------Cette 
        culture est tout entière entre les mains des Européens. 
        Les indigènes cultivent d'autres espèces de dattes, pour 
        leur nourriture. Ils n'aiment pas la deglat-nour, qui ne convient ni à 
        leur palais, ni à leurs commodités. Pour nous, la datte 
        est un dessert ; pour eux, c'est le pain quotidien.
 -------Dans 
        l'Oued R'ir, par exemple, les 2/3 des palmiers donnent des dattes indigènes, 
        1/3 donne des deglat-nour. L'intervention des Européens remonte 
        au milieu du XIXè siècle. A ce moment, l'introduction de 
        l'outillage et de la technique européenne a ravivé les puits 
        artésiens, qui se mouraient. Foureau, avant d'être explorateur, 
        était colon propriétaire de palmeraies dans l'Oued R'ir.
 -------La 
        culture de la deglat-nour a donné, surtout depuis la guerre, des 
        résultats extraordinaires, aux proportions, bien entendu, d'un 
        district dactylifère qui n'est pas de grandes dimensions.
 -------En 
        1921, 1922, 1923, l'Oued R'ir, avec ses annexes (le Souf, les Zibans), 
        a exporté en moyenne 100.000 quintaux, valant 20 à 25 millions 
        de francs.
 Le Djérid tunisien, en 1925, a exporté 32.000 quintaux seulement.
 -------Ces 
        chiffres ne donnent pas une idée complète de la situation. 
        Un palmier de l'Oued-R'ir se vend aujourd'hui 1.000 francs et rapporte 
        de 3 à 500 francs par an. Les forages, toujours plus profonds, 
        mettent à la disposition du colon une quantité d'eau qui, 
        dans l'ensemble, n'a cessé de s'accroître. Les convoitises 
        s'exaltent, les têtes partent, il y a une fermentation de l'esprit 
        public.
 -------Les 
        oasis de l'Oued-R'ir ne sont pas naturellement, par une nécessité 
        géographique, les plus (belles du Sahara. Ce qu'elles ont de particulier, 
        parmi toutes les autres, c'est simplement d'être les seules où 
        l'influence du colon agricole européen se soit fait sentir.
 -------Le 
        Coton.-Le coton mérite une mention toute spéciale. 
        Pratiquement, le Maghreb n'a pas de textiles (autres que la laine).Au Maroc, le lin est cultivé, mais surtout pour la graine qui fournit 
        à l'exportation un appoint intéressant.
 -------En 
        Algérie, la culture du jute, celle du mûrier pour magnaneries, 
        seraient théoriquement des possibilités. Elles ne sont pas 
        sorties de la période velléitaire.
 -------La laine 
        à part, le seul textile qui paraisse avoir un avenir est le coton.-------Pendant 
        la période 1858 à 1867, la culture du coton fut florissante, 
        pendant la guerre de Sécession qui bouleversait les conditions 
        du marché. Mais les primes énormes que donnait le gouvernement 
        français étaient un élément essentiel de cette 
        prospérité factice.
 -------Tout s'effondra 
        le jour où cette prime fut supprimée et on admit pendant 
        longtemps qu'il y avait eu là une expérience décisive, 
        condamnant la culture du coton. -------Il y eut 
        pourtant des colons entêtés qui continuèrent, ou qui 
        recommencèrent. Dès avant la guerre, sur un petit nombre 
        de propriétés, on obtenait des résultats. Les fantaisies 
        du change après la guerre ont amené un épanouissement. 
        Surexcitée par des gains énormes, et non plus du tout par 
        des primes officielles, l'initiative privée a fait boule de neige. 
        Le boom du coton, avec le petit boom des dattes, a été le 
        grand événement agricole d'après-guerre. -------La production 
        de 250 à 500 quintaux (de 1917 à 1920) a passé dans 
        les années suivantes à 1.500 et même 2.500 quintaux. -------En Tunisie, 
        la culture du cotonnier, qui n'occupait que 30 hectares en 1924, a porté 
        sur plus de 250 hectares en 1925. Les résultats obtenus sont très 
        satisfaisants. -------Le Maroc 
        se prépare à suivre l'exemple.-------Il 
        y a là quelque chose qui naît, et la partie pourrait bien 
        être gagnée. Il se forme des spécialistes, une technique 
        adaptée au pays. Il est établi d'ores et déjà 
        que le Maghreb peut produire, dans de bonnes conditions, des cotons qui 
        supportent facilement non seulement la comparaison, mais la concurrence, 
        des cotons américains et égyptiens. Ce qu'on ne peut pas 
        savoir, c'est dans quelle mesure ils supporteront, 
        en Algérie même, la concurrence d'autres cultures, celle 
        de la vigne surtout. En Amérique, en Égypte, le cultivateur 
        ne peut pas faire autre chose que du coton, il n'a pas le choix. En Algérie, 
        il est sollicité par d'autres cultures riches, d'un rendement peut-être 
        plus grand.
 -------Des facteurs 
        travaillent pour le coton. Le besoin senti plus vivement tous les jours 
        de produire, du côté français de la douane, le coton 
        nécessaire à nos manufactures. En Algérie, le danger 
        confusément pressenti de la monoculture. -------S'il y a 
        une culture susceptible de concurrencer au Maghreb la prépondérance 
        de la vigne, c'est peut-être le coton.  Élevage -------Il est évident 
        que toutes ces richesses agricoles ont été une création 
        pure, une création ex nihilo. Et le lien est indéniable 
        entre ces créations et l'action personnelle du colon. -------La médiocrité 
        de l'élevage algérien donne la contreépreuve. -------En élevage 
        l'Algérie n'a pas remporté de succès comparables 
        à ses succès agricoles, sauf bien entendu en ce qui concerne 
        le porc que l'Islam proscrit, et qui, entre les mains des Européens, 
        a donné des résultats intéressants -------Bovins.-En 
        Algérie, sur un total moyen d'un million de bufs, les colons 
        européens en ont seulement 150.000. La faiblesse de cette proportion 
        est caractéristique. -------On a pourtant 
        introduit des représentants de races étrangères, 
        bovins d'Europe, zébus de Madagascar, zébus brahmines de 
        Ceylan (à Bône et en Tunisie). On a obtenu des résultats. -------Mais les 
        vieilles races indigènes restent prédominantes. Une race 
        algérienne de Guelma, très petite, pesant environ 250 kilos, 
        de robe sombre, et une race marocaine, plus lourde, allant facilement 
        à 400 kilos, plus élancée, de robe plus claire. -------Les bovins 
        du Maghreb ont des caractéristiques communes, plus accentuées 
        dans la race de Guelma. Petite taille, et résistance extraordinaire. 
        Leur organisme s'est adapté à travers les siècles 
        au pays et aux hommes. Ils ont appris à se débrouiller tout 
        seuls avec un minimum de pâturages naturels, et un minimum d'assistance 
        humaine.-------Le 
        développement du machinisme agricole a détourné des 
        bovins les préoccupations immédiates des colons. Dans les 
        grandes villes comme Alger, la bonne viandé de boucherie (veau, 
        buf) s'importe encore de France. L'insuffisance de la production 
        laitière des vaches entraîne dans le voisinage des grands 
        centres la multiplication des chèvres.
 -------Cheval.-Le 
        « bourricot », le tout petit âne du Maghreb, extraordinairement 
        dur, joue un rôle énorme dans la vie indigène. Outre 
        260 à 280.000 ânes, en Algérie les montagnards ont 
        beaucoup de mulets. Dans les grandes villes indigènes du Maroc 
        la mule caparaçonnée est la monture des grands personnages, 
        l'équivalent d'un équipage. L'Algérie a entre 100 
        et 150.000 mulets. Mais dans ce pays de nomades qu'est le Maghreb, c'est 
        l'élevage du cheval qui est important par-dessus tout.-------La 
        cavalerie Numide a jouéun grand rôle dans l'antiquité. 
        Le cheval Numide s'est couvert de gloire sur les hippodromes de l'empire 
        Romain. Une longue adaptation au pays a développé une race 
        très bien fixée, la fameuse race Barbe. Bêtes relativement 
        petites, moins robustes que les nôtres, et même moins vites 
        sur les courtes distances, mais extrêmement résistantes et 
        sobres.
 -------C'est 
        un admirable cheval de cavalerie. Aussi la remonte de l'armée française, 
        dans ses haras, s'en est beaucoup occupée pour essayer de lui donner 
        les qualités qui lui manquent. Il est difficile de dire si les 
        résultats ont répondu aux efforts officiels.
 En Algérie les chiffres oscillent entre 200 et 240.000.
 -------Chameaux.-Le 
        chameau (ou plutôt le dromadaire à une bosse) est un personnage 
        important.-------Les 
        conditions de l'élevage sont très particulières et 
        l'Européen les ignore. Les convois administratifs ont souvent déterminé 
        des hécatombes.
 Dans ce pays très grand, prolongé par les immensités 
        du Sahara, malgré les progrès de la traction mécanique, 
        lé rôle économique du chameau reste immense.
 -------L'indifférence 
        et l'inaptitude de l'Européen menacent la race de disparition.
 
 -------Moutons.-L'inefficacité 
        de l'élevage algérien n'est accusée nulle part aussi 
        nettement qu'à propos de moutons parce que sur ce chapitre de grandes 
        possibilités sont restées jusqu'ici incomplètement 
        réalisées.
 -------Les steppes, 
        c'est-à-dire la moitié du Magreb, ont été 
        justement appelées le pays du mouton. 
 -------Un 
        coup d'il sur la courbe de l'espèce ovine permet d'embrasser 
        la situation.
 -------Le nombre 
        total des moutons oscille prodigieusement, du simple au double, près 
        de 10 millions en 1880, à peine plus de 5 millions en 1923. Ces 
        oscillations énormes correspondent simplement aux oscillations 
        météorologiques, années ou périodes d'années 
        plus humides ou plus sèches; quelques semaines de neige sur les 
        Hauts Plateaux suffisent à causer une mortalité effrayante. -------C'est que 
        le mouton est abandonné à lui-même; pas d'abris, pas 
        de greniers à fourrage. Il croît à la grâce 
        de Dieu. -------Les moutons 
        européens, en nombre insignifiant, sont tous dans les fermes du 
        Tell. La grosse masse du cheptel, dans la steppe, 
        est toute entière entre les mains des seuls indigènes. -------La production 
        de la laine en Algérie ne dépasse guère en moyenne 
        100.000 quintaux, le vingtième à peine de la production 
        australienne. -------L'Algérie 
        exporte du mouton de boucherie en quantités appréciables; 
        le chiffre oscille autour d'un million de têtes. -------La Tunisie 
        en 1925 a exporté 7.500 quintaux de laine, 60.000 moutons sur pied. -------Le Maroc 
        entre 1915 et 1920 a exporté entre 20 et 2.5.000 quintaux de laine. -------Ce sont des 
        chiffres très au-dessous des possibilités et encore davantage 
        des besoins de l'industrie française. L'administration en Algérie-Tunisie 
        a fait des efforts pour améliorer la race et prévenir les 
        crises de mortalité, mais cet effort a ses limites. -------L'élevage 
        sur les hauts plateaux, tant qu'il sera exclusivement dans les mains des 
        indigènes, sera immuable. Voilà des hommes qui sont dépositaires 
        de ce qu'il y a de plus ancien en matière de traditions. Ils gardent 
        leurs bêtes avec les procédés de Jacob chez Laban. -------On ne fait 
        pas évoluer avec de bons conseils des hommes qui représentent 
        la plus vieille civilisation du monde.-------L'Algérie 
        qui a près d'un million de colons cultivateurs n'a pas encore un 
        seul « squatter », à l'Australienne.
 -------L'épreuve 
        et la contre-épreuve conduisent à la même conclusion. 
        La baguette magique de transformation a été entre les mains 
        de l'Européen. -------On le constate 
        une fois de plus à propos de pêcheries. 
 -------Pêcheries.-La 
        conquête française a donné un grand essor aux pêcheries 
        marines. Rien n'existait auparavant. Le Maghreb n'a pas de pêcheurs 
        indigènes, sauf deux petits groupes qui présentent un simple 
        intérêt de curiosité (sud de la Tunisie, région 
        d'Agadir au Maroc). Cette indifférence totale aux choses de la 
        mer est curieuse dans un pays qui a un si énorme développement 
        de côtes. Mais les ports naturels font défaut et la plate-forme 
        sous-marine est d'étendue très restreinte.
 -------Les 
        corsaires Turcs, embusqués à Alger, étaient restés 
        immuables à travers les siècles. En 1830 ils étaient 
        toujours des Turcs, parlant et sentant en Turcs, des marins étrangers. 
        Ils n'ont jamais pratiqué ni la pêche, ni le commerce; rien 
        d'autre que la piraterie.
 -------A part eux, 
        en 1830, sur toute l'étendue immense des côtes algériennes, 
        il n'y avait ni un pêcheur, ni un marin, ni un bateau indigène. 
        C'est extraordinaire, mais c'est comme ça.
 -------La 
        situation a été modifiée par la venue de pêcheurs 
        espagnols et surtout napolitains dont beaucoup se sont fixés dans 
        le pays. (En Algérie 10.000 inscrits maritimes en 1924 dont la 
        moitié sont des naturalisés). Dans cette même année 
        en Algérie 160.000 quintaux de poissons.
 -------La Tunisie 
        en 1925, outre 157.869 quintaux de poissons, a exporté du corail 
        (440 kg), et des éponges (9.000 kg). La Tunisie au rebours de l'Algérie 
        a une plate-forme continentale, ce qui explique son avance. 
             
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