| CHAPITRE II ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT 
        DU TOURISME
 1. 
        - Organisation du Tourisme -----L'organisation 
        du tourisme, dans le nord de l'Afrique, est analogue à l'organisation 
        du Tourisme en France. Il existe, en Algérie, des Services administratifs, 
        des groupements privés et des compagnies de transports, indépendamment, 
        bien entendu, des organismes centralisateurs qui fonctionnent à 
        Paris.-----a) 
        Services administratifs. - Dans les grands services 
        du Gouvernement général de l'Algérie, il existe une 
        section du Tourisme. Cette section est actuellement rattachée à 
        la Direction du Commerce. C'est là que sont centralisées 
        toutes les questions concernant le tourisme et les industries qui s'y 
        rattachent. C'est là que s'élabore le budget destiné 
        à alimenter les uvres de tourisme et à les faire vivre.
 -----En un 
        mot c'est là que s'étudient les concours financiers qui 
        doivent permettre à toutes les associations touristiques d'exécuter 
        les travaux dont la nécessité a été reconnue 
        . Ce Service administratif n'entre pas dans les détails, il s'occupe 
        surtout des questions d'ensemble, laissant aux diverses associations toute 
        leur initiative et toute leur responsabilité. C'est en somme un 
        organe d'étude et aussi un organe distributeur, répartissant, 
        entre les parties prenantes intéressées, les fonds que la 
        colonie met à la disposition des organisations de tourisme.
 
 -----b) Les Associations officielles 
        ont une mission strictement désintéressée et complètement 
        hors commerce. Leur rôle est de promouvoir le tourisme. Elles portent 
        le nom de Syndicats d'Initiative et de Tourisme. Le plus souvent on les 
        désigne sous l'appellation conventionnelle de Essi. Chaque syndicat 
        est un groupement d'intérêt local, ayant pour but la mise 
        en valeur de l'exploitation du tourisme dans la zone qui est de son ressort. 
        Il accueille, renseigne et dirige tous les touristes qui s'adressent à 
        lui. Il collabore avec les autorités élues et en parfaite 
        entente. Il défend le patrimoine artistique et pittoresque de sa 
        zone d'action. Il s'occupe activement de l'aménagement des sites 
        et recueille toute la documentation pouvant être utile aux touristes. 
        Chaque syndicat recrute ses adhérents sur place ; les membres du 
        Conseil d'Administration sont élus par les membres du syndicat, 
        sans l'intervention de l'Autorité administrative.
 -----Les syndicats 
        d'initiative, en Algérie, sont actuellement au nombre de 23. Depuis 
        dix ans, tous ces Essi sont groupés en une Fédération, 
        tout comme en Tunisie et au Maroc. La Fédération remplit, 
        dans sa région, le rôle que le syndicat d'initiative remplit 
        dans sa localité. La Fédération se fait, en outre, 
        l'écho, le porte-parole et éventuellement le défenseur 
        des Essi, pour leurs besoins et leurs demandes. Elle centralise leurs 
        travaux et prépare le plan général d'action. Elle 
        assure la liaison avec les Services administratifs.
 -----D'autre 
        part, les trois Fédérations de l'Afrique du Nord (Algérie, 
        Tunisie et Maroc) se sont groupées en une Confédération. 
        Cet organe assure la liaison des trois Fédérations qui ont 
        tant de points de contact, elle coordonne leurs efforts et assure à 
        ceux-ci une plus grande efficacité.
 
 -----c) Groupements 
        privés et Compagnies de Transports. - La Fédération 
        d'Algérie entretient des relations constantes avec les groupements 
        privés qui réunissent les praticiens de l'Industrie touristique, 
        c'est-à-dire les syndicats hôteliers et les compagnies de 
        transports (Compagnies de navigation, Compagnies de chemins de fer et 
        Agences de voyages).
 -----Toutes 
        les Fédérations des Essi, de France et des colonies, sont 
        réunies en un groupement qui prend le nom de " Union 
        des Fédérations des Syndicats d'Initiative " 
        (U. F. S. I.). Ce groupement siège à Paris et centralise 
        tous les renseignements concernant ou intéressant le tourisme français. 
        Chaque année, un congrès 1 de l'U.F.S.1. permet de discuter, 
        en assemblée générale, toutes les questions intéressant 
        le développement du tourisme et le fonctionnement des Essi.
 -----A côté 
        de cette organisation des Essi en Union Fédérale se trouve 
        un organisme qui porte le nom de " Office 
        National du Tourisme " (O. N. T.) et qui siège, 
        lui aussi, à Paris. Il a été créé par 
        la loi du 8 avril 1911, puis réorganisé en 1917 et 1919. 
        Il est investi de la personnalité civile et de l'autonomie financière. 
        La taxe additionnelle à la taxe de séjour lui fournit des 
        ressources indépendantes et spécialisées. Il est 
        administré par un Conseil désigné par le ministre 
        des Travaux publics et fonctionnant sous son contrôle.
 -----L'Office 
        National du Tourisme a reçu, comme principale mission, de faire 
        connaître et de mettre en valeur toutes les richesses touristiques 
        de notre pays. Il aide au développement de l'industrie hôtelière. 
        Il s'occupe du fonctionnement de la Banque Nationale du crédit 
        hôtelier. Enfin, il s'occupe activement de la propagande collective 
        à l'étranger, où il est représenté 
        par des agents officiels.
 -----Telle 
        est l'organisation actuelle du Tourisme en Algérie. La manière 
        dont il fonctionne, tant en Algérie qu'au Sahara, permet de se 
        rendre compte des possibilités presque infinies du tourisme algérien.
 Il. 
        - Circuits touristiques en Algérie -----Alger est le 
        plus souvent la ville où abordent les touristes qui veulent parcourir 
        l'Algérie. C'est d'ailleurs la vraie capitale de notre colonie 
        et le point de départ, tout désigné, pour ceux qui 
        veulent faire du tourisme. Partons donc d'Alger 
        et commençons un circuit qui nous fera traverser les trois départements, 
        nous conduira dans les territoires du Sud et nous fera voir les sites 
        les plus remarquables de notre belle Algérie. ALGER. -----Alger, ville 
        mi-partie arabe, mi-partie française, s'élève en 
        amphithéâtre sur les coteaux d'El Biar et de Mustapha. L'amoncellement 
        de ses maisons mauresques, qui constituent la Kasbah, forme un ensemble 
        infiniment pittoresque. Il semblerait que toutes ces maisons, avides d'air 
        et de soleil, aient grimpé les unes sur les autres, pour ne rien 
        perdre de leur part de lumière et pour pouvoir se mirer à 
        loisir dans les flots délicieusement bleus de la Méditerranée.-----Alger, 
        cité musulmane, bâtie sur la côte occidentale de la 
        baie, fait face à l'est, c'est-à-dire à la Mecque, 
        comme si elle voulait s'incliner, en permanence, devant la ville sainte, 
        berceau de l'Islam.
 -----Que voir 
        à Alger ? Tout y est intéressant. Ceux qui sent épris 
        de civilisation orientale trouveront à satisfaire leur curiosité, 
        en visitant la Kasbah, dont les ruelles étroites s'enchevêtrent 
        les unes dans les autres et présentent, à chaque instant, 
        des perspectives nouvelles. Ceux qui préfèrent le spectacle 
        de la civilisation européenne se plairont à parcourir les 
        rues Bab-Azoun, d'Isly et Michelet; ils aimeront à se promener 
        dans le square Bresson, sur la place du Gouvernement ou dans le parc de 
        Galland. Enfin ceux qui s'intéressent plus spécialement 
        aux manifestations de l'activité économique consacreront 
        une partie de leurs loisirs à flâner sur le port. Ils se 
        rendront compte de l'importance acquise, au point de vue du trafic maritime, 
        par la Métropole de l'Afrique du Nord.
 -----Les environs 
        d'Alger devront également être visités en détail. 
        Il ne faudra pas négliger d'aller voir Blida, la ville des orangers 
        et des roses, ni de pousser une pointe jusqu'au Ruisseau des Singes, dans 
        les fameuses gorges de la Chiffa.
 D'ALGER 
        A CONSTANTINE. -----En quittant 
        Alger, pour se diriger vers la Kabylie, la route la plus généralement 
        suivie passe par Ménerville, 
        pour aller à Tizi-Ouzou. 
        C'est la route nationale, c'est la route la plus courte ; mais il en est 
        une infiniment plus pittoresque, car elle permet de voir deux sites que 
        l'itinéraire normal laisse de côté.-----Au sortir 
        de Maison-Carrée, 
        on laisse, sur sa gauche, la route nationale et on se dirige vers le Fondouk 
        et l'Arbatache, pour remonter les gorges de Keddara. Ces gorges méritent 
        d'être plus connues qu'elles ne le sont, car elles sont fort belles. 
        C'est une excursion qu'il faut faire le matin, le soleil levant donnant 
        une luminosité toute particulière à ce superbe paysage. 
        Quand on a franchi le col, on a devant soi, comme fond de tableau, toute 
        la chaîne du Djurdjura avec ses sommets neigeux. La descente sur 
        Palestro se fait par une route en lacets, au milieu des pins d'Alep ou 
        à travers des vergers d'oliviers.
 -----En arrivant 
        à Palestro, on tourne à gauche, vers le nord, pour descendre 
        l'oued Ysser, qui est un des principaux torrents de l'Algérie. 
        Cet oued prend sa source aux environs de Berrouaghia, remonte vers le 
        nord et vient buter, dans sa course, contre le massif du Djurdjura. Pour 
        franchir cet obstacle, il lui a fallu fournir un effort considérable 
        et faire uvre de géant.
 -----Dans 
        cette lutte de l'eau contre le rocher, c'est le rocher qui a été 
        vaincu et l'Oued Ysser s'est creusé les gorges grandioses de Palestro. 
        A chaque tournant de la route, le paysage se transforme et prend un aspect 
        nouveau. La route, comme la voie ferrée, longe le cours du torrent 
        ; ce ne sont que tunnels, ponts, viaducs, travaux d'art de toute sorte, 
        qui ne nuisent en rien à la beauté des gorges.
 -----On rattrape 
        la route nationale que l'on a quittée à quelques kilomètres 
        de Maison-Carrée et d'on arrive à Tizi-Ouzou, après 
        avoir traversé une plaine ondulée, propre à la culture 
        de la vigne et des céréales, permettant aussi la culture 
        intensive du tabac.
 De Tizi-Ouzou, petite sous-préfecture à l'aspect coquet, 
        on se rend à Bougie, par Azazga et Yakouren.
 -----La traversée 
        de la forêt de Yakouren est des plus pittoresques. On y voit des 
        exploitations de liège de grande importance.
 -----Bougie 
        est une charmante cité et son climat est particulièrement 
        doux. Bâtie à flanc de coteau, sur les pentes fort raides 
        du Gouraya, elle étage ses maisons les unes au-dessus des autres, 
        de telle sorte que le toit d'une maison à l'air d'être le 
        rez-de-chaussée de la maison qui la domine immédiatement.
 -----De Bougie, 
        on aperçoit toute la côte qui va vers Djidjelli et on peut 
        admirer des sommets de la Petite Kabylie, couverts de neige pendant tout 
        l'hiver. L'aspect de la Petite Kabylie ne rappelle en rien les paysages 
        de la Grande Kabylie. Alors que la région de Fort-National 
        présente, aux regards du touriste, une série d'arêtes 
        secondaires, irradiant d'une arête principale et toutes taillées 
        en dents de scie, la Petite Kabylie est formée en quelque sorte 
        par la juxtaposition d'une multitude de cônes, ayant presque une 
        forme géométrique parfaite. Il semblerait qu'un aéroplane 
        titanesque, chargé de formidables pains de sucre, ait survolé 
        la région et que le Génie qui le conduisait, ait semé 
        ses pains de sucre comme au hasard. Tous ces pains, en tombant sur leur 
        base, se sont enchevêtrés les uns dans les autres comme ils 
        ont pu, et, au sommet de chaque cône, un village a surgi, donnant 
        au pays une physionomie d'un pittoresque achevé et que l'on ,ne 
        voit nulle part ailleurs. Cet aspect est surtout caractéristique 
        dans la région de Ighil Ali.
 -----Quand 
        on est à Bougie, on doit consacrer une demi-journéeà 
        la visite du cap Carbon. On peut monter en automobile jusqu'au tunnel 
        de la Corniche supérieure. De là, on est tout près 
        du cap, le trajet à pied se fait en une vingtaine de minutes.
 -----Aux environs 
        immédiats du cap Carbon, la côte est profondément 
        déchiquetée. Certaines des baies, ainsi découpées 
        dans la montagne, rappellent, mais en petit, les fjords de Norvège.
 -----En quittant 
        Bougie, pour se rendre à Constantine, il faut remonter le Chabet-el-Akra 
        afin de gagner Sétif. Mais une fois arrivé à Aïn-Tnine, 
        c'est-à-dire à l'embouchure de l'oued Agrioun, si l'on dispose 
        d'une bonne heure de liberté, il faut pousser une pointe dans la 
        direction de Djidjelli et voir, à loisir, les Grandes Falaises. 
        Les tunnels succèdent aux tunnels, les à-pics aux à-pics, 
        les tournants aux tournants. Ici la route est en encorbellement, là 
        elle est en viaduc, partout elle est superbe et grandiose. Près 
        de l'oued Taza, da roche éventrée a laissé à 
        découvert une grotte pleine de stalactites brillantes. Il faut 
        aller au moins jusqu'àZiama et faire le trajet dans les deux sens, 
        si l'on veut ne rien perdre du pittoresque de cette route, qui est une 
        des plus belles de l'Algérie, voire même du monde entier.
 -----Quant 
        au Chabet-el-Akra, c'est un perpétuel émerveillement pendant 
        7 kilomètres. L'oued Agrioun, resserré entre des montagnes 
        hautes de près de 2.000 mètres, s'est taillé un chemin 
        dans une coupure rocheuse dont les parois sont presque verticales. Le 
        spectacle que l'on a sous les yeux frappe par sa beauté et par 
        sa grandeur. La route qui suit ces gorges a été construite 
        par la main-d'uvre militaire.
 La masse de la montagne forme une muraille presque à pic. Indépendamment 
        des tunnels qui sont nombreux, il a fallu, à plusieurs reprises, 
        construire de véritables voûtes en maçonnerie pour 
        protéger les voyageurs contre les chutes de pierres, très 
        fréquentes et fort dangereuses. Si l'on en croit la tradition, 
        la construction de la route aurait nécessité l'emploi de 
        plus de 100.000 kilos de poudre de mine. Les gorges cessent au village 
        de Kerrata et, de là, on gagne Sétif par une route en lacets 
        qui traverse différents chaînons des montagnes kabyles connues 
        sous le nom de Babor.
 -----La route 
        de Sétif à Constantine se fait facilement et à vive 
        allure. On traverse les plus belles cultures de céréales 
        de la province. Partout on constate un labeur acharné, conduit 
        de la façon la plus intelligente et avec l'outillage le plus moderne.
 CONSTANTINE. -----Constantine, 
        l'antique Cirta, est une véritable forteresse naturelle. Enserrée 
        dans une boucle du Rummel, qui l'entoure de trois côtés, 
        elle a un caractère qui lui est propre et elle possède un 
        charme tout spécial. Son vieux quartier arabe, qui a été 
        respecté, doit être visité en détail ; débordant 
        de vie et d'activité, surtout le soir, au temps du Ramadan, il 
        produit une impression profonde chez ceux qui le voient pour la première 
        fois. Quant au Rummel, il s'est creusé une gorge d'une incomparable 
        beauté. Ses à-pics sont formidables, si bien qu'au moment 
        de la conquête, les habitants de Constantine se plaisaient à 
        dire que " eux qui crachaient sur les ailes des corbeaux, au cours 
        de leur vol, ne craignaient rien des assauts dont ils étaient menacés 
        n. La tradition veut que le Bey de Constantine, utilisant les à-pics 
        du Rummel, faisait précipiter, dans cet oued, celles de ses épouses 
        dont il avait (ou croyait avoir) à se plaindre.-----Parmi 
        les monuments qu'il faut visiter, je citerai au premier rang les ponts 
        et le palais. Le palais est incontestablement l'un des plus beaux monuments 
        d'art arabe de toute l'Afrique du Nord. L'ancienne salle du trône 
        du Bey Ahmed, le dernier Bey de Constantine, se trouve au premier étage. 
        Cette salle du trône est une pure merveille. Ses colonnes de marbre 
        sont harmonieuses et fines, ses mosaïques sont exquises et l'on voit, 
        suspendus aux murs, de nombreux trophées rappelant les principaux 
        faits d'armes de la conquête. La légende raconte que, au 
        moment où les Français sont entrés dans le palais, 
        ils y ont trouvé plus de 360 femmes. Il y a tout lieu de croire 
        que le harem beylical ne comprenait pas un nombre aussi grand d'épouses 
        et que la domesticité fournissait le plus fort contingent de ce 
        nombre élevé de personnes du sexe faible. La plus célèbre 
        de toutes !es femmes du Bey était la belle Aïcha, dont la 
        chambre existe encore.
 DE 
        CONSTANTINE À BISKRA. -----De Constantine, 
        pour se rendre à Biskra, on prend la route nationale qui parcourt 
        une région toujours pittoresque et toujours variée.-----On passe 
        par Batna. Cette gentille sous-préfecture, autrefois garnison très 
        importante, est bâtie au nord des derniers contreforts de l'Aurès. 
        C'est un centre d'excursions des plus intéressants. C'est, en effet, 
        de Batna que l'on part pour visiter l'Aurès, massif montagneux 
        d'une réelle beauté et dont les sites sont d'une infinie 
        variété, puisque l'on passe des paysages sahariens de Biskra 
        aux sites alpestres du col de Tizougarine et du Ras Keltoum.
 -----Aucun 
        touriste s'arrêtant à Batna ne pourra laisser de côté 
        Timgad. L'importance des fouilles, l'ensemble des monuments mis à 
        jour et l'étendue de la ville frappent le visiteur d'admiration, 
        voire même de stupeur. Pour aller à Timgad, en partant de 
        Batna, on est obligé de traverser Lambèze. Cette localité, 
        connue par son pénitencier, qui servit de prison à un grand 
        nombre de détenus politiques, en 1848 et en 1851, est bâtie 
        sur une ancienne ville romaine dont l'importance égalait celle 
        de Timgad. Lambèze fut occupée par la 3° Légion 
        et l'on voit encore très nettement les traces du camp romain. Au 
        milieu se trouvait le Pretorium, actuellement encore debout,- demeure 
        du Légat. Tout autour de Lambèze, les ruines romaines abondent
 BISKRA, 
        TOUGGOURT, OUARGLA. -----Biskra est 
        appelée, à bon droit, la Perle du Désert, et il n'est 
        point de site qui lui soit supérieur. On peut passer un hiver entier 
        à Biskra, en variant chaque jour ses excursions et en voyant, à 
        chaque promenade, des paysages nouveaux. Biskra possède un avantage 
        unique, c'est d'être entourée d'une série d'oasis, 
        toutes pittoresques, toutes pleines de vitalité, toutes ayant leur 
        caractère particulier.-----Biskra 
        est encore le point de départ des excursions vers le Sud, dans 
        la direction de Touggourt et de Ouargla. Mais il faut prendre le train 
        et charger son automobile sur un truc. La petite ligne de Biskra à 
        Touggourt (le B. T., comme on
 l'appelle) est fort curieuse ; elle traverse toutes les oasis de l'Oued 
        R'Hir et en exporte les produits.
 -----Touggourt 
        s'impose à l'attention des touristes par sa palmeraie, par ses 
        mosquées, par ses rues couvertes, par sa proximité de la 
        ville maraboutique de Temacin et parce que c'est le point de départ 
        des caravanes qui vont, soit vers le Sud, à Ouargla et In-Salah, 
        soit vers l'Est, à El Oued, capitale du Souf, et de là, 
        en Tunisie.
 -----Le trajet 
        de Touggourt à Ouargla peut parfaitement se faire en automobile. 
        Il faut évidemment une automobile robuste pour franchir les nombreux 
        bancs de sable que l'on rencontre. Pendant la première partie du 
        trajet, la piste est parfaitement tracée, mais pendant la dernière 
        partie, on doit naviguer à l'estime, toute trace de piste ayant 
        complètement disparu. On se lance donc à travers le désert 
        en n'ayant que de très rares points de repère : une crête 
        à l'horizon, un sommet de colline, une forme de rocher, etc... 
        La première fois que l'on se trouve ainsi, en plein Sahara, sans 
        apercevoir de chemin ni de piste, sans voir aucun être vivant, on 
        est un peu surpris et la majesté des immensités désertiques 
        vous impressionne vivement.
 -----Ouargla 
        est une véritable cité saharienne. Ses constructions et 
        notamment ses minarets sont typiques. Ses habitants ont un caractère 
        particulier ; avec leur peau foncée et leurs cheveux crépus, 
        ils sont bien plus près du nègre que de l'Arabe. L'oasis, 
        très importante, est curieuse à visiter.
 DE 
        OUARGLA AU M'ZAB -----De Ouargla 
        pour aller au M'Zab, on peut revenir à Touggourt, pour, de là, 
        suivre la piste automobile qui relie cette localité à Guerrara. 
        On peut aussi prendre une piste se dirigeant vers le Nord-ouest et aboutissant 
        à Guerrara. C'est un raccourci.-----Le M'Zab 
        comprend sept cités qui sont, en allant de l'Est à l'Ouest 
        : Guerrara, El Ateuf, Bou-Noura, BeniIsguen, Mélika, Ghardaïa 
        et Bériane. Chacune de ces villes est soigneusement entourée 
        de hautes murailles, afin de mettre les M'Zabites à l'abri des 
        incursions des Arabes. Le pays désolé du M'Zab a été 
        transformé par le labeur opiniâtre des habitants. La vie 
        de chaque groupe de palmiers dépend d'un puits souvent profond 
        d'une centaine de mètres.
 -----Guerrara 
        est, à mon avis, la ville la plus curieuse et la plus intéressante 
        du M'Zab. Son oasis est plus fertile que toutes les autres. La luminosité 
        de son ciel est merveilleuse et la cité est extrêmement pittoresque.
 Ghardaïa, la capitale, est la ville la plus peuplée et la 
        plus riche de la région. Avec sa grande mosquée aux formes 
        soudanaises, avec ses rues tortueuses, avec ses cascades de maisons dévalant 
        les versants du mamelon sur lequel la cité est bâtie; Ghardaïa 
        constitue un spectacle inoubliable, qui charme et séduit tous ceux 
        qui y ont séjourné.
 DU 
        M'ZAB A LAGHOUAT. -----Pour remonter 
        vers le Nord et gagner Laghouat, la route est médiocre jusqu'à 
        Bériane, ville la plus septentrionale du M'Zab ; elle traverse 
        une région absolument désertique, où rien ne pousse 
        ni ne peut pousser. De Bériane à Tilrempt, la route est 
        meilleure, sans être parfaite. Tilrempt est situé à 
        peu près au milieu de la distance qui sépare Ghardaïa 
        de Laghouat et c'est là que se trouve un caravansérail fameux. 
        On est agréablement surpris, en plein désert, de trouver 
        une cuisine aussi soignée, aussi fine, je dirai volontiers aussi 
        raffinée, que celle que l'on trouve à Tilrempt.-----A Tilrempt, 
        on entre dans la région des dayas. Une daya est une petite dépression, 
        à peine sensible, où pousse le betoum, sorte de pistachier 
        sauvage, qui trouve, dans l'humidité relative du sous-sa!, la quantité 
        infime d'eau dont il a besoin pour vivre. Au sortir de la région 
        des dayas, on arrive à Laghouat.
 -----Laghouat 
        est bâtie sur la rive droite de l'Oued Djeddi ; c'est une ville 
        moitié arabe, moitié européenne. Elle est dominée 
        par deux mamelons, sur l'un desquels se trouve l'hôpital militaire, 
        d'où l'on a une vue splendide sur Laghouat et les environs. L'oasis 
        s'étend entre la ville et le cours de l'Oued Djeddi. Parfaitement 
        arrosée, la palmeraie est superbe de vitalité.
 DE 
        LAGHOUAT A BOU-SAADA ET A ALGER. -----De Laghouat, 
        en continuant à remonter droit au Nord, on se dirige sur Djelfa. 
        La route est bonne et l'on peut marcher à belle allure. Djelfa 
        est une cité européenne, aux rues larges et sans caractère; 
        le climat est rude. C'est plutôt un camp qu'une ville. De Djelfa, 
        au lieu de se diriger directement sur Alger, il vaut beaucoup mieux faire 
        un crochet et aller visiter Bou-Saada.-----C'est 
        une petite ville possédant deux curiosités qui en font le 
        charme : un quartier arabe intact et très pur et une oasis délicieuse.
 -----De Bou-Saada, 
        on se dirige sur Alger, en passant à Sidi-Aïssa, Aumale et 
        Bir-Rabalou ; enfin, on franchit la crête de l'Atlas, au col de 
        Sakomodi. Dans cette traversée de l'Atlas, de Tablat à l'Arba, 
        la route est tour à tour grandiose ou pittoresque et se classe 
        parmi les plus belles de l'Algérie.
 D'ALGER 
        A ORAN ET TLEMCEN. -----Pour aller 
        d'Alger à Oran, la route la plus intéressante est, sans 
        contredit, celle qui longe le littoral. Le trajet est toujours curieux 
        et souvent splendide. Il est jalonné par une série de villes 
        ou de sites qui méritent de retenir l'attention du touriste. Ce 
        sont : Tipasa et ses ruines romaines, Cherchell, ancienne capitale de 
        Juba, roi de Mauritanie, Mostaganem, délicieuse petite ville de 
        25.000 habitants, etc...-----Oran 
        est une véritable capitale et une grande ville européenne. 
        Ayant un peu le caractère d'une ville américaine, elle a 
        grandi presque aussi vite qu'une ville des États-Unis. On a construit 
        partout à la fois, si bien que l'on trouve fréquemment un 
        palais à côté d'une masure. Pour bien voir Oran, il 
        faut monter à la Chapelle de Santa-Cruz, qui est construite sur 
        un contrefort du Murdjadjo. Du château, on a une vue admirable sur 
        Oran, sur les montagnes qui l'entourent au Sud et à l'Ouest et 
        sur la pleine mer. Plusieurs mosquées présentent un réel 
        intérêt et méritent d'être vues. Oran est très 
        fière de son boulevard Seguin, rue la plus commerçante et 
        la plus fréquentée, de son théâtre, fort beau 
        ailleurs et de la gare monumentale du P.-L.-M. Son port augmente chaque 
        jour
 d'importance et son trafic est en progrès 
        constant.
 
 -----Une des villes les plus intéressantes 
        de l'Algérie et qui doitêtre visitée en détail, 
        c'est Tlemcen. Entourée de jardins ombragés et parfaitement 
        arrosés, elle jouit d'un climat tempéré qui rappelle 
        celui de la France ; la neige y tombe presque chaque hiver. Ville autrefois 
        de plus de 100.000 habitants, Tlemcen, sous le régime turc, était 
        devenue presque un désert. C'est une place forte, entourée 
        de remparts. C'est la ville des mille et un métiers : tisserands, 
        brodeurs, fabricants de djellabas, de burnous, de couvertures et de tapis, 
        orfèvres, ciseleurs, on y trouve tout et souvent ces simples artisans 
        sont de véritables artistes. Tlemcen est la ville sainte de l'Oranie. 
        Elle a été, pendant cinq ans, la capitale d'Abd et Kader. 
        Les mosquées sont nombreuses et fort belles.
 
 -----Il est 
        bon de faire observer que le circuit qui vient d'être décrit 
        très sommairement ne donne qu'un simple aperçu des beautés 
        que renferme l'écrin touristique de l'Algérie. Les cités, 
        villes mortes, oasis et paysages qui méritent d'êtree visités 
        sont légion. Mais il est d'autres curiosités lui doivent 
        retenir l'attention des voyageurs et dont la vision on constitue un ensemble 
        probablement unique au monde, faisant de l'Algérie la véritable 
        terre d'élection du tourisme.
 
 -----Notre 
        belle colonie présente encore à l'admiration de ses visiteurs 
        ses montagnes et ses parcs nationaux. Elle leur offre le spectacle de 
        ses sports d'hiver et la possibilité de faire du tourisme à 
        méhari. Ces différentes questions vont être passées 
        en revue successivement ; elles feront l'objet, chacune, d'une étude 
        spéciale.
 III. 
        - L'Alpinisme en Algérie -----Tout le monde 
        sait évidemment que l'Algérie est un pays montagneux ; mais 
        beaucoup de personnes ignorent que ces montagnes sont réellement 
        belles et tout à fait dignes de retenir l'attention des alpinistes. 
        Peut-être est-il à propos de faire remarquer qu'il existe, 
        à Alger, une section particulièrement active du Club Alpin 
        Français.
 -----Il n'est 
        pas possible de donner ici une description détaillée et 
        complète de toutes les montagnes qui s'élèvent, un 
        peu de tous les côtés, sur le territoire de notre colonie. 
        Je me bornerai donc à tracer, à grands traits, une esquisse 
        rapide de trois massifs, qui présentent le double avantage de se 
        distinguer par la beauté et par la variété de leurs 
        sites et, en même temps, d'être d'un accès facile.
 
 -----a) 
        Massif du Djurdjura. - Le Djurdjura, qui se trouve 
        à environ 50 kilomètres de la mer, est le premier coin de 
        terre algérienne qu'aperçoivent les voyageurs venant de 
        Marseille à Alger. Vu de la pleine mer, ce massif a vraiment grand 
        air. Avec son arête découpée en dents de scie, avec 
        ses murailles gigantesques aux parois abruptes, avec ses plaques de neige 
        qui brillent au soleil, il donne la sensation très nette de la 
        grande montagne, bien que son altitude moyenne ne soit que d'environ 2.000 
        mètres.
 L'accès du Djurdjura est singulièrement facilité 
        par les nombreuses routes ou pistes qui ont été construites 
        ou aménagées par les soins du Gouvernement général. 
        Ce massif est complètement entouré par des voies carrossables, 
        permettant aux touristes d'arriver rapidement et facilement à pied-d'oeuvre, 
        lorsqu'ils ont l'intention de faire une ascension.
 -----On peut 
        choisir comme point de départ, sur le versant Nord, soit Tizi-Ouzou, 
        soit Fort-National, soit Michelet, soit Dra-el-Mizan, soit Bordj-Boghni. 
        Toutes ces localités sont desservies par d'excellentes routes praticables 
        aux automobiles. On peut même arriver en chemin de fer ou en tramway 
        à Tizi-Ouzou, Dra-el-Mizan et Bordj-Boghni.
 -----Sur le 
        versant Sud, on peut partir soit de Bordj-Bouira, soit de Maillot, stations 
        situées sur la voie ferrée allant d'Alger à Constantine. 
        De plus, trois maisons forestières se trouvent construites sur 
        les pentes méridionales du massif ; elles ne sont qu'à quelques 
        heures de marche de Bouira ou de Maillot. -----Elles 
        pourraient servir d'abri, le cas échéant. Enfin, deux refuges 
        ont été bâtis par les soins du Service de la Colonisation, 
        pour être mis à la disposition des touristes . Ce sont : 
        à l'Est, Tizi-N'Kouilal, au pied même de Lalla-Khadidja, 
        point culminant du Djurdjura, dont l'altitude est de 2.308 mètres 
        ; au centre, Tikjeda, au pied du Ras Timedouine (2.305 m.). Ce refuge 
        est admirablement situé au fore d'une combe toute verdoyante, où
 poussent, en abondance, les champignons les plus divers; il constitue 
        un centre d'estivage particulièrement recommandable et peut abriter, 
        en sus des gérants, une dizaine de personnes. Enfin, un troisième 
        refuge est en construction dans la partie occidentale du massif, il est 
        placé sur le versant Nord, aux bords mêmes du Lac d'Agoulmine.
 
 -----Le Djurdjura 
        se trouve donc parfaitement organisé pour permettre aux alpinistes 
        d'entreprendre toutes les ascensions qu'ils voudront tenter. Mais qu'on 
        ne s'y trompe pas, il serait imprudent de se lancer à la légère 
        et de sous-estimer les dangers que peuvent présenter ces ascensions. 
        Certains sommets sont d'accès pénible, voire même 
        difficile. Il y a donc lieu de prendre toutes les précautions que 
        l'on prend habituellement dans les marches en montagne.
 -----D'autre 
        part, il est possible de circuler dans le Djurdjura, sans pour cela faire 
        de l'alpinisme. Une route carrossable, en pente raide, mais cependant 
        praticable aux automobiles légères, permet de monter de 
        Bordj-Bouira jusqu'au refuge de Tikjeda, puis de se rendre à Tizi-N'Kouilal, 
        pour redescendre, de là, à Maillot. Pendant presque toute 
        la durée du trajet, la route présente un intérêt 
        de premier ordre. En bien des endroits même, les sites parcourus 
        offrent, aux touristes, des points de vue, qui ne sont inférieurs 
        en rien aux sites si vantés des fameuses routes des Alpes ou des 
        Pyrénées.
 ----b) 
        Massif de l'Ouarsenis. - L'Ouarsenis est un important 
        massif montagneux qui se dresse au Sud de la vallée du Chélif, 
        au Sud-Sud-Est d'Orléansville et à environ 80 kilomètres 
        de la Méditerranée.
 -----Ce massif 
        ne saurait avoir la prétention d'être de la grande montagne 
        et, pourtant, il est majestueux.
 -----Lorsqu'on 
        le voit de Miliana, ou bien de la voie ferrée entre Orléansville 
        et Affreville, il produit une impression grandiose. 1l est constitué 
        par trois sommets d'inégale hauteur ; le plus élevé,, 
        le Kef-Sidi-Anar, est à 1.985 mètres d'altitude, il se termine 
        en forme de dôme et porte à sa partie supérieure un 
        marabout dédié à Sidi Amar.
 -----Les autres 
        sommets sont moins élevés, le Sra-Sidi-Abd-el-Kader, a une 
        altitude moyenne de 1.700 mètres. Sur le point culminant, qui se 
        trouve à 1.750 mètres, est bâti un marabout dédié 
        à Sidi Abd el Kader. Ce sommet est constitué par une longue 
        arête dentelée, qui s'allonge vers l'Est, sur une longueur 
        d'environ 8 kilomètres. Cette arête est découpée 
        par une multitude de brèches, plus ou moins profondes, qui en rendent 
        le parcours sinon tout à fait impossible, du moins extrêmement 
        pénible et fort dangereux. Pour s'y aventurer, il faut être 
        un alpiniste très entraîné, habitué aux ascensions 
        dans les rochers et être pourvu de tout l'attirail nécessaire.
 -----Le troisième 
        sommet, le Ras Belkheiret, ne dépasse guère 1 550 mètres 
        d'altitude. Il se compose d'une longue arête rocheuse, qui se trouve 
        située au Sud du Kef Sidi Amar et se dirige vers l'Est.
 -----Les localités 
        que l'on peut choisir comme points de départ pour les ascensions 
        à faire dans le massif de l'Ouarsenis sont : ou bien Bou-Caid, 
        village situé au centre de l'exploitation minière de la 
        Compagnie de la Vieille-Montagne, ou bien Molière (Beni-Hindel), 
        chef-lieu de commune mixte. Ces deux localités sont reliées 
        à la gare d'Orléansvile par un service régulier d'autobus.
 -----L'ascension 
        du, pic principal ne présente absolument aucune difficulté. 
        Grâce aux nombreux sentiers régulièrement entretenus 
        par la compagnie minière, on peut monter à mulet jusqu'à 
        1.750 mètres d'altitude. On n'a donc plus que 250 mètres 
        à grimper pour atteindre le marabout de Sidi-Amar.
 -----Le panorama 
        que l'en découvre de ce sommet est réellement splendide. 
        Rien, absolument rien, n'arrête la vue et lorsque l'atmosphère 
        est suffisamment limpide, on peut apercevoir distinctement la Méditerranée, 
        à travers une dépression de la chaîne littorale, qui 
        se trouve dans la direction de Ténès, c'est-à-dire 
        presque exactement au Nord. On est au plein milieu d'un cirque de montagnes, 
        on domine d'environ 800 mètres toute la région avoisinante 
        ; aussi la vue s'étend-elle jusqu'à la limite extrême 
        de l'horizon.
 -----Le kef 
        Sidi-Amar est traversé, de part en part, par de nombreuses galeries 
        qui s'étagent les unes au-dessus des autres et qui servent à 
        la compagnie minière pour exploiter la calamine. Le Pic de Sidi-Abd-el-Kader 
        est, lui aussi, traversé par une série de galeries de mines, 
        exploitées régulièrement.
 -----Sur les 
        versants des trois principaux sommets de l'Ouarsenis, on voit une forêt 
        de cèdres, qui va en,s'éclaircissant, au fur et à 
        mesure que l'on se rapproche de la crête. A la base de ces pics, 
        la forêt est beaucoup plus dense. Les peuplements sont serrés 
        et les beaux arbres ne sont pas rares, on en remarque qui doivent avoir 
        de quatre à cinq siècles. Ils se mélangent volontiers 
        avec les chênes zéens, voire même avec les pins d'Alep.
 -----Parmi 
        les maisons forestières qui se trouvent dans le massif de l'Ouarsenis, 
        il en,est une qui doit être plus particulièrement citée, 
        c'est celle de l'Aïn-Antar. Elle constitue, en quelque sorte, la 
        capitale du Parc National de l'Ouarsenis. Le premier étage de cette 
        maison forestière a été organisé en chalet 
        ; il contient plusieurs chambres meublées, mises éventuellement 
        à la disposition des officiers . forestiers.
 -----Il faut 
        dire que tout a été prévu et préparé 
        pour créer, à proximité immédiate de cette 
        maison, un centre important d'estivage. Ce centre sera singulièrement, 
        apprécié de la population européenne, qui habite 
        la chaude vallée du Chélif. A Aïn-Antar, il y a de 
        l'eau en abondance, un air excellent, de beaux arbres, de la fraîcheur 
        et une vue magnifique.
 ----- c) 
        Le massif de l'Aurès. - L'Aurès est un massif montagneux 
        situé au Sud-Est de Batna. Il contient les sommets les plus élevés 
        de l'Algérie (Ras Keltoum, dans le Djebel Chelia, 2328 mètres, 
        et le Kef Mahmel, 2.321 m.). Il s'adosse, au Nord, à la limite 
        méridionale des Hauts Plateaux constantinois, dont l'altitude oscille 
        entre 1.000 et 1 200 mètres. Au Sud, la montagne plonge brusquement 
        dans la vaste plaine saharienne, dont l'altitude moyenne varie entre 100 
        et 150 mètres. Dans cette plaine se trouvent les villes bien connues 
        de Biskra et de Négrine.
 -----Le massif 
        de l'Aurès est sillonné, du Nord-Est au Sud-ouest, par une 
        série de découpures extrêmement profondes, où 
        circulent, entre deux arêtes étroites, une série d'oueds 
        d'importance variable. Parmi ces cours d'eau, qui canalisent vers la région 
        des chotts les eaux de ruissellement des montagnes aurésiennes, 
        on peut citer : l'Oued Abdi, l'Oued,el Abiod, l'Oued Guechtane et l'Oued 
        et Arab.
 -----Les populations 
        aurésiennes sont d'origine berbère; mais elles parlent un 
        dialecte particulier, différent du Kabyle. Ce dialecte est appelé 
        le Chaouïa et a donné son nom aux habitants, qui sont nommés 
        " les Chaouïas ". Ce sont des pasteurs, à moitié 
        sédentaires et à moitié nomades. Pour pouvoir se 
        défendre contre des agressions possibles, ils ont construit leurs 
        villages dans des endroits inaccessibles ; la plupart de ces villages 
        contiennent un réduit, à la fois forteresse et grenier. 
        Cet ouvrage est bâti sur un rocher à pic et l'on y renferme 
        les récoltes pendant que les habitants nomadisent avec les troupeaux.
 -----Dans 
        les fonds de vallée, pourtant très étroits, ils ont 
        créé des jardins florissants, en utilisant des terres d'alluvions 
        d'une fertilité inouïe ; ils produisent ainsi des fruits délicieux, 
        renommés dans toute l'Algérie et ils font pousser les céréales 
        dont ils ont besoin.
 -----Au centre 
        du massif et sur les versants des montagnes, on voit de superbes forêts, 
        soit de pins d'Alep, soit de chênes, soit de cèdres. La forêt 
        des Beni-Imloul a plus de 60.000 hectares d'un seul tenant.
 -----C'est 
        un pays infiniment curieux, qui, sur une surface relativement restreinte, 
        présente, à la fois, des paysages alpestres de haute montagne 
        (Djebel Chelia) et offre l'aspect des,pays tropicaux (aux environs de 
        Biskra).
 -----Pour 
        permettre aux touristes de parcourir cette région, qui présente 
        un intérêt de tout premier ordre, le Gouvernement général 
        a créé une série de Fondoucks-Hôtels, ou l'on 
        trouve une nourriture convenable et un gîte suffisant. Ces Fondoucks 
        viennent d'être loués à la Société des 
        Hôtels et des voyages Nord-Africains, qui a l'intention d'organiser 
        le circuit de l'Aurès. Ces fondouks existent à Menaa, Djemora, 
        Rhoufi, et M'chounech.
 -----Le massif 
        de l'Aurès est encerclé par plusieurs routes ou pistes, 
        la plupart praticables aux automobiles. On trouve, au nord, la route de 
        Batna à Khenchela; à l'ouest, la route de Batna à 
        Biskra ; au sud, la piste de Biskra à Négrine ; enfin à 
        l'est, la piste de Khenchela à Taberdga. Cette piste est continuée 
        par un sentier aboutissantà Khanga Sidi Nadji. Il existe en outre 
        une voie carrossable de pénétration. Elle doit aller de 
        Batna à M'Chounech et Biskra, en passant par Arris ; elle est en 
        lacune entre Arris et Baniane.
 -----Partout 
        ailleurs, en Aurès, il faut circuler à mulet. On peut le 
        faire, d'ailleurs, très facilement et en toute sécurité.
 -----L'ascension 
        du Ras Keltoum (Djebel Chelia) peut se faire sans difficulté ni 
        fatigue, puisque l'on peut monter à mulet jusqu'à environ 
        10 mètres du sommet.
 -----En venant 
        de Arris, on peut monter par le col de Tizougarine ; puis on redescend 
        à travers une magnifique forêt de cèdres, sur la maison 
        forestière du Chélia, pour, de là, gagner la grande 
        route reliant Batna à Khenchela.
 -----On ne saurait 
        trop vanter la beauté et l'intérêt des excursions 
        en Aurès. On y trouve les sites les plus variés : des forêts 
        superbes, des gorges grandioses (celles de Djemina, par exemple), de belles 
        montagnes renfermant les points les plus élevés de l'Algérie; 
        les cultures les plus diverses et une population particulièrement 
        originale. Pour bien voir l'Aurès en détail, il faudrait 
        organiser une caravane muletière pour assurer le transport des 
        touristes et de leur matériel (bagages et tentes de campement). 
        La chose est de réalisation facile et vaut largement la peine d'être 
        tentée. IV. 
        - Les Parcs Nationaux en Algérie -----L'existence 
        des Parcs Nationaux, en Algérie, commence à peine à 
        être connue des Algériens ; elle est presque inconnue en 
        France et à peu près totalement ignorée à 
        l'étranger.-----Et pourtant 
        ces Parcs Nationaux existent ; ils ont été créés, 
        sur la proposition du Service des Forêts, par un arrêté 
        du Gouverneur général, en date du 17 février 1921, 
        dans le but " d'assurer la protection des 
        beautés naturelles de la Colonie, de développer le tourisme 
        et " d'encourager la création de centres d'estivage ".
 -----Le fait 
        qu'un site est constitué en " Parc 
        National a " pour effet de soustraire l'ensemble des végétaux 
        et des animaux existant dans son périmètre à toute 
        influence humaine qui s'exercerait en dehors du but de conservation et 
        de protection poursuivi ".
 -----Il en 
        résulte que toute exploitation de quelque nature que ce soit est 
        interdite, que tout exercice de droit de pâturage est suspendu et 
        que toute espèce de chasse est prohibée. Les Parcs Nationaux 
        sont donc devenus de véritables conservatoires intangibles des 
        beautés naturelles de l'Algérie, c'est-à-dire des 
        centres de tourisme de premier ordre. .
 -----Actuellement, 
        il existe huit Parcs Nationaux classés et l'on projette la création 
        de trois autres parcs. Leur superficie varie de 1.000 à plus de 
        20.000 hectares.
 -----Ces parcs 
        sont répartis de la façon suivante : 4 dans le département 
        d'Alger, 1 à cheval sur les départements d'Alger et de Constantine, 
        2 dans le département de Constantine et 1 dans le département 
        d'Oran.
 -----Il est 
        impossible, dans cette courte notice, de passer en revue chacun de ces 
        parcs. Je me bornerai donc à donner la description d'un seul d'entre 
        eux. Je choisirai celui qui se classe parmi les plus beaux et qui se trouve 
        assez rapproché d'Alger pour pouvoir être visité dans 
        une seule journée. Il s'agit du Parc National des Cèdres, 
        qui est parfois désigné sous le nom charmant de " Paradis 
        des Cèdres ".
 -----Ce parc 
        est situé à proximité de Teniet-el-Had. Il est constitué 
        par une forêt qui couronne les versants nord et Sud du djebel et 
        Meddad, un des contreforts du massif de l'Ouarseni$. Sa contenance est 
        de 1.500 hectares environ.
 -----Pour 
        se rendre, de Teniet-el-Had au Rond-Point des Cèdres, on peut prendre 
        les moyens de locomotion les plus divers ; la distance à parcourir 
        est d'une quinzaine de kilomètres. On peut utiliser une automobile, 
        une voiture à chevaux, des mulets de bât, ou tout simplement 
        faire la route à pied.
 -----Au fur 
        et à mesure que l'on s'élève au-dessus de Teniet, 
        on voit émerger des crêtes qui forment comme un cirque autour 
        de cette localité. Quand on pénètre dans la forêt, 
        on remarque qu'elle est composée, dans sa partie basse, d'arbres 
        d'essences très diverses. Les chênes verts, les chênes-zéens, 
        voire même quelques chênes-liège voisinent avec les 
        cèdres. Ceux-ci, au début, sont plutôt rares, niais 
        leur nombre augmente peu à peu et ils finissent par devenir i' 
        essence nettement dominante. A côté de jeunes semis, naturels 
        pour la plupart, on voit des cèdres de belle venue, poussant droit 
        leurs tiges et levant leurs branches vers le ciel. Au milieu d'eux, se 
        trouvent des vétérans, chargés de siècles, 
        qui, pliant en quelque sorte sous le poids des années, se sont 
        affaissés, tordus, ratatinés. Les branches les plus élevées 
        ont pris la forme de table, de plateau, de champignon, de parasol, de 
        parapluie. Les branches secondaires se sont abaissées, elles aussi, 
        et 'elles laissent retomber leurs extrémités qui plongent 
        vers le sol. Quelques-uns de ces ancêtres sont morts debout et il 
        faudra encore de nombreuses années avant qu'ils ne tombent en poussière, 
        car la sève a fait pénétrer, dans les fibres du bois, 
        une sorte de résine imputrescible, qui les protège contre 
        la pourriture et la décomposition.
 -----L'hiver 
        est rude pour les doyens de la forêt. La neige qui se pose sur les 
        sortes de dômes ou de plates-formes, constitués par les branches 
        supérieures, s'accumule au cours de la mauvaise saison ; elle atteint 
        des épaisseurs dépassant souvent un mètre. Cette 
        surcharge considérable fatigue le colosse, qui n'a plus la vigueur 
        voulue pour résister.
 -----Si le 
        vent souffle en tempête, c'est une grosse branche qui se brise, 
        ou bien c'est un arbre dix ou douze fois centenaire qui se penche vers 
        le sol, ses racines cédant peu à peu sous le poids énorme 
        qu'elles ont à supporter. Parfois même c'est un des géants 
        de la forêt qui s'abat tout d'un coup. C'est ainsi que l'on voit, 
        de ci de là, de véritables cimetières de cèdres. 
        Les troncs morts que le temps et les intempéries ont polis et blanchis 
        comme de l'ivoire, sont tombés en s'enchevêtrant les uns 
        dans les autres, ils dressent en l'air leurs branches dénudées, 
        comme pour prendre le ciel à témoin de la catastrophe imméritée 
        qui les a frappés. De loin, on les prendrait volontiers pour des 
        squelettes d'animaux antédiluviens, victimes d'un cataclysme inattendu.
 -----En suivant 
        les sinuosités de la route carrossable, on finit par arriver à 
        un tournant d'où l'on aperçoit, en le dominant d'une centaine 
        de mètres, le Rond-Point des Cèdres. Quel site merveilleux 
        ! Quel coup il enchanteur ! Au fond (l'une petite combe, tout entourée 
        de cèdres, se trouve une prairie délicieusement fraîche, 
        d'un vert tendre, où l'herbe pousse épaisse et drue. Quelques 
        vaches, appartenant au Garde Forestier, broutent cette herbe. C'est un 
        véritable paysage de Suisse ou de Savoie. Il n'y manque même 
        pas les chalets, puisque, dans les angles de la prairie, on voit la maison 
        forestière, le gourbi du garde indigène et un chalet, appelé 
        Chalet Jourdan.
 -----Le Rond-Point 
        est situé dans la partie la plus belle de la forêt et à 
        une altitude d'environ 1.500 mètres. On éprouve un plaisir 
        infini à se promener dans les environs immédiats. Les cèdres 
        multi-séculaires, voire millénaires, abondent. Les troncs 
        ayant plus de 8 mètres de circonférence ne sont pas rares.
 -----D'excellents 
        chemins forestiers, véritables allées de parc, au sol souple 
        et moelleux, conduisent les touristes dans des sites véritablement 
        grandioses et étranges. L'enchevêtrement des arbres vivants 
        et des arbres morts, le mélange des cèdres avec les chênes, 
        qui semblent vouloir rivaliser avec eux de vitalité, créent 
        dés paysages absolument inattendus, qui impressionnent profondément 
        par leur réelle beauté.
 -----Il est 
        une excursion qu'il faut faire, car elle en vaut vraiment la peine, c'est 
        l'ascension du Kef Siga. Ce n'est d'ailleurs qu'une simple promenade. 
        Au sortir du RondPoint, on prend un chemin forestier parfaitement tracé, 
        dans une partie particulièrement belle du . Parc National. Les 
        arbres sont vigoureux, les futaies sont denses, l'herbe est fraîche 
        et verte, enfin le sol est doux aux pieds, comme si l'allée était 
        sablée. On arrive ainsi, après avoir traversé une 
        clairière exquise, au sommet du Kef Siga, à 1.714 mètres 
        d'altitude, avec une facilité qui surprend
 -----La vue 
        que l'on a du sommet est réellement splendide. C'est incontestablement 
        une des plus belles vues de montagne que l'on puisse avoir en Algérie. 
        Le retour au Rond Point n'est qu'un jeu. Si l'on en a le temps, il sera 
        b®n de pousser jusqu'au sommet de Ras et Braret, point culminant du 
        Parc National. Il se dresse à 1.787 mètres. On y arrive, 
        assez facilement, en suivant l'arête, qui part du Kef Siga.
 -----Le Parc 
        National des Cèdres mérite vraiment d'être visité. 
        Ceux qui vont le voir en rapportent une impression profonde et un souvenir 
        inoubliable, car le Rond Point est un séjour de rêve, situé 
        au milieu d'une des plus belles forêts du monde ; c'est vraiment 
        le Paradis... des Cèdres.
 V. 
        - Le Tourisme au Sahara à mehari -----Le Sahara est 
        aujourd'hui, plus que jamais, à l'ordre du jour. Des convois automobiles 
        le sillonnent à peu près dans tous les sens et pendant toutes 
        les saisons. De plus, il est infiniment probable que, dans un délai 
        plus ou moins rapproché, on commencera les travaux du Transsaharien. 
        L'automobile et la voie ferrée semblent donc avoir fait la conquête 
        définitive du désert, supplantant le vieux moyen de locomotion 
        de jadis, le modeste chameau, tombé en défaveur.-----Il est 
        évident que l'automobile et le rail ont, pour eux, la vitesse et 
        le confort ; mais ils ne peuvent pas pénétrer partout. Bien 
        des parcours intéressants leur sont interdits, un bon nombre de 
        sites superbes leur échappent. Le chameau, lui, va lentement, c'est 
        vrai ; mais il va sûrement et il passe partout. II n'a jamais de 
        panne, il est sobre, docile, résistant et facile 'à remplacer. 
        Enfin il constitue la monture rêvée du touriste sportif, 
        voulant entrer en communion immédiate et parfaite avec le désert 
        et ayant la curiosité louable de faire, à travers les âges, 
        un saut de 20 ou 30 siècles en arrière, afin de mener la 
        vie qu'ont vécue les peuples pasteurs, vie que la Bible a su nous 
        dépeindre avec tant de charme et de poésie.
 -----Il est 
        donc probable que nous verrons encore des groupes d touristes faire de 
        belles et longues randonnées à travers le Sahara, en n'utilisant, 
        comme moyen de transport, que le chameau de bât et comme moyen de 
        locomotion que le méhari.
 -----Un essai 
        a été tenté, au printemps de 1925, et il a parfaitement 
        réussi. Une caravane touristique a parcouru, pendant 57 jours, 
        la région comprise entre Touggourt, El Oued, Ouargla, Hassi Inifel 
        et El Goléa. Elle a fait environ 1800 kilomètres, sans un 
        accident, sans même un incident et sans courir le moindre danger.
 -----Il me 
        paraît utile d'indiquer, ci-dessous, à grands traits, les 
        procédés et moyens employés, par cette caravane , 
        pour mener à bien l'excursion entreprise.
 -----Toute 
        caravane touristique, utilisant uniquement le chameau comme moyen de transport 
        et comme moyen de locomotion, comprend forcément deux échelons
 -----1 ° 
        La caravane proprement dite, c'est-à-dire le groupe des touristes; 
        c'est l'échelon mobile, celui dont l'allure c'est la plus rapide. 
        Il utilise uniquement le méhari.
 -----2° 
        Le convoi comprenant tous les animaux de bât. C'est l'échelon 
        lourd à marche lente.
 -----Il est 
        évident que la caravane est fonction de son convoi .Elle pourra 
        faire des étapes d'autant plus longues que les animaux de son convoi 
        seront moins chargés. Pour une caravane de touristes, il ne faut 
        pas charger les chameaux à plus de 120 kilos. Il faut encore disposer 
        d'un certain nombre (10 à 15 %) d'animaux haut-le-pied, pour garerà 
        un accident et permettre à ceux qui seraient fatigués de 
        se reposer.
 -----Le recrutement 
        du personnel et des animaux doit être fait avec le plus grand soin. 
        Il vaut mieux les prendre tous dans la même tribu. Il y a intérêt 
        à demander aux officiers des Affaires indigènes de vouloir 
        bien surveiller ce recrutement, en somme assez délicat et d'une 
        importance capitale.
 -----Le matériel 
        à emporter se divise en matériel individuel et en matériel 
        collectif. Le matériel individuel comprend tous les objets de campement 
        dont sont pourvus les officiers des compagnies sahariennes, c'est-à-dire 
        la tente individuelle, le lit de camp, des draps, des couvertures de laine, 
        des tables et des chaises pliantes, des photophores, 2 cantines du modèle 
        de l'armée, des objets de toilette, etc... Le matériel collectif 
        comprend : une grande tente salle-à-manger, des tables et chaises 
        pliantes, une tente-cuisine, une tente W.-C.. une tente-douche, un tonnelet 
        de 50 litres par touriste, (ces tonnelets doivent être tenus constamment 
        pleins d'eau, pour parer à toute éventualité), une 
        caisse à pharmacie (avec médicaments et instruments), un 
        cacolet pour malades ou blessés, un matériel complet de 
        popote, des caisses à vivres en quantités suffisantes et 
        pesant, une fois garnies,, de 30 à 50 kilos (au maximum).
 -----En principe, 
        le même chameau doit toujours . porter le même chargement. 
        Il faut un ordonnance par touriste et un chamelier pour 3 chameaux de 
        bât. Le meilleur harnachement est la selle targui ou khala...
 -----Il faut 
        emporter des vêtements chauds, car les nuits sont très froides, 
        pendant l'hiver, au Sahara. Il y gèle fréquemment à 
        6° ou 8° centigrades. Monter à méhari les pieds 
        nus ou avec des chaussures ayant des semelles souples (espadrilles ou 
        chaussons en basane).
 -----L'autorité 
        du Chef de la caravane doit toujours être respectée. Chaque 
        membre doit l'aider et prendre la direction d'un service quelconque : 
        popote, infirmerie, service vétérinaire, matériel, 
        harnachement, lingerie, etc...
 -----En hiver 
        et au printemps, il faut lever le camp une heure avant le lever du soleil; 
        se mettre en marche, au moment même où le jour se lève. 
        Mettre en route d'abord, le convoi. Vérifier soigneusement si rien 
        n'a été oublié dans le camp. Faire partir l'échelon 
        mobile, qui a vite rattrapé et dépassé le convoi. 
        Arriver à l'étape au moins deux heures avant le coucher 
        du soleil, pour que les chameaux puissent être conduits au pâturage 
        avant la tombée de la nuit.
 -----Faire 
        marcher les mehara de front, dans cette formation, ils vont singulièrement 
        plus vite que s 'ils allaient à la file indienne. Ne pas faire 
        de grande halte si l'étape est égale ou inférieure 
        à 30 kilomètres. Faire, toutes les deux heures, une petite 
        halte d'un quart d'heure.
 -----En arrivant 
        à l'étape, passer la visite des hommes et des animaux. Donner 
        éventuellement les soins nécessaires aux malades et aux 
        blessés. Panser soigneusement toutes les écorchures de crainte 
        qu'elles ne s'enveniment.
 -----Comme 
        il est matériellement impossible de se ravitailler en plein désert, 
        il faut emporter avec soi tous les vivres dont on peut avoir besoin pendant 
        toute la durée du voyage. Répartir les vivres dans le nombre 
        voulu de caisses, chacune d'elles contenant les approvisionnements nécessaires 
        pour un nombre de jours déterminé (4 jours, 8 jours,) Pour 
        permettre aux chameaux de manger dans des régions absolument désertiques, 
        faire emporter à chacun d'eux un petit sac contenant 10 kilos de 
        paille hachée.
 Dans le désert on peut marcher par tous les temps, par sirocco, 
        comme par vent de sable, avec le mistral comme avec la pluie.
 -----Le tourisme 
        à méhari n'est pas un tourisme particulièrement cher. 
        Il est à la portée de tous ceux qui peuvent s'offrir une 
        saison dans des " Palaces " de luxe. Il permet tous les itinéraires, 
        toutes les longueurs de trajet. Il n'exige pas de qualités sportives 
        exceptionnelles. Pour faire du tourisme au Sahara, à méhari, 
        il suffit de bien vouloir se plier à une discipline indispensable 
        et de consentir à se lever, tous les matins, en hiver et au printemps, 
        entre 5 heures et 6 heures. Il faut ne pas avoir peur du froid, ni du 
        vent de sable, ni du mistral, qui sont si particulièrement désagréables 
        au Désert. Il faut être prêt à faire une moyenne 
        journalière de 7 à 8 heures de méhari et être 
        capable de rester sur sa khala 10 à 12 heures. Il faut savoir se 
        contenter du confort relatif que peut procurer une installation sous la 
        tente. Il faut même être prêt à manger, s'il 
        le faut, de la vache enragée tout en gardant le sourire sur les 
        lèvres et la gaieté au fond du cur.
 -----Ceux 
        qui remplissent toutes ces conditions (hommes ou femmes) peuvent se lancer 
        sans appréhension. Ils feront un voyage d'un intérêt 
        exceptionnel et ils rapporteront, de leur randonnée, des souvenirs 
        qui leur seront infiniment chers, à la condition qu'ils aient la 
        passion de l'Effort.
 VI . - Sports d'hiver 
        en Algérie
 -----Après 
        la description qui vient d'être faite des montagnes et des Parcs 
        Nationaux d'Algérie, on comprendra facilement que, au cours de 
        la mauvaise saison, certaines régions de notre colonie puissent 
        se prêter à la pratique des Sports d'hiver. En fait, la pratique 
        de ces Sports est très en honneur et le nombre de ceux qui s'y 
        livrent est infiniment plus élevé qu'on ne pourrait le supposer.-----Jusqu'ici, 
        seul, le Parc 
        National de Chréa a été méthodiquement 
        organisé dans ce but. Dès que la neige a recouvert les pentes 
        du Kef Chréa (1497 m.) et du pic d'Abd et kader (1629 m.,), le 
        Ski-Club algérien organise un service de renseignements, qui informe, 
        chaque jour, les skieurs de l'état de la neige, afin qu'ils ne 
        se dérangent qu'à bon escient. Il existe des pistes de saut, 
        des concours sont organisés et des fêtes très suivies 
        sont données, par le SkiClub. Au cours de ces fêtes, on se 
        livre avec entrain à la pratique de tous les sports d'hiver.
 -----Or Chréa 
        n'est qu'à 22 kilomètres de Blida, 
        qui elle-même n'est distante d'Alger que de 51 kilomètres.
 -----Une route 
        excellente, praticable aux automobiles, conduit de Blida à Chréa, 
        où sont construits des hôtels très confortables. Le 
        terrain de Ski se trouve donc à 2 h1/2 ou 3 heures d'Alger. Il 
        est bon que cela soit connu.
 -----D'autre 
        part, si Chréa est le seul endroit où fonctionne un Ski-Club, 
        il en est d'autres où l'on peut pratiquer, à sa guise, tous 
        les sports d'hiver. Je citerai notamment le Parc National du Djurdjura 
        où l'on peut faire des ascensions d'hiver extrêmement intéressantes 
        et le Rond Point des Cèdres.
 VII. 
        - Le Tourisme Nord-Africain -----Jusqu'ici, 
        il n'a été question que du tourisme en Algérie et 
        que des sites qui constituent la parure de notre belle colonie, dont on 
        célèbre le Centenaire en ce moment. Il n'en faudrait pas 
        déduire que les touristes qui viennent nous visiter soient réduits 
        à tourner sur place, parce qu'une muraille de Chine isole complètement 
        l'Algérie, du Maroc, de la Tunisie et de nos autres colonies nord-africaines. 
        Bien au contraire, rien n'est plus facile que de voir, dans la même 
        randonnée, toutes les possessions françaises de l'Afrique 
        du Nord, qui présentent un intérêt de premier ordre, 
        de tous points analogue à celui que présente l'Algérie.-----Tout 
        est prévu, tout est organisé pour donner satisfaction complète 
        aux desiderata des touristes les plus difficiles ou les plus avertis.
 -----Quelques 
        exemples suffiront pour montrer que nos possessions du Nord de l'Afrique 
        constituent un tout compact, homogène, dont toutes les parties 
        sont en liaison parfaite les unes avec les autres.
 -----La Compagnie 
        Générale Transatlantique - la Compagnie P L. M. (réseau 
        algérien) - la Compagnie des Chemins de fer Algériens de 
        l'Enta - et la Compagnie Transsaharienne ont préparé et 
        mis au point une série de circuits qui permettent de parcourir, 
        en tous sens, toutes les régions soumises à l'autorité 
        française ou placées sous notre protectorat.
 -----C'est 
        ainsi que la liaison avec le Maroc est assurée par la transversale 
        suivante : Alger, Ténès, 
        Oran, Tlemcen, Fès , Meknès, Rabat.
 -----Les liaisons 
        avec la Tunisie se font par les itinéraires suivants
 -----a) Alger, 
        Bougie, Djidjelli, Constantine, Timgad, Biskra ; Touggourt, El Oued, Tozeur, 
        Gabès, Sfax, Kairouan, Tunis.
 -----b) Biskra, 
        Négrine, Tozeur, El Oued, Touggourt.
 
 -----Les liaisons 
        avec le Sahara et nos autres possessions nord-africaines sont assurées 
        par les circuits indiqués ci-dessous
 -----a) Alger, 
        Ténès, Tlemcen, Oudjda (Maroc), Beni Ounif de Figuig (Maroc), 
        Timimoun; El Goléa, Ghardaïa Laghouat, Alger.
 -----b) Alger, 
        Ghardaïa, El Goléa, In Salah, Tamanrasset. Adrar; Timimoun, 
        El Goléa, Alger.
 -----c) Colomb 
        Béchar, Gao, Tombouctou. Colomb Béchar, Gao, Niamey.
 
 -----En dehors 
        de ces circuits, que j'appellerai réguliers, les Compagnies de 
        transports désignées ci-dessus, ainsi que les Agences de 
        voyages, organisent, sur la demande des touristes, des excursions en voitures 
        particulières, d'après les itinéraires établis 
        au gré des clients.
 -----Enfin, 
        pour montrer à quel point les autorités algériennes 
        se sont intéressées à la pénétration 
        automobile dans le Sahara, je tiens à signaler un détail, 
        encore peu connu un code de la route a été établi, 
        qui règle de façon précise, toutes les conditions 
        de la circulation dans cette région. Il indique les dispositions 
        à prendre pour la sûreté ; il fixe les approvisionnements 
        à emporter, ainsi que le matériel qui doit être placé 
        sur la voiture, etc... Bref, lien n'a été laissé 
        au hasard.
 
 
     |