| Burdeau,capitale 
        de la plaine du Sersou | 
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 Dans cette immense plaine de plus 
              de 400.000 hectares, que l'on pourrait dénommer de nos jours 
              le grenier de l'Algérie (comme cette dernière était 
              à l'époque romaine le grenier de Rome), les récoltes 
              de céréales ne sont abondantes que lorsque les années 
              sont pluvieuses. C'est grâce aux pluies bienfaisantes que 
              la prospérité et l'aisance viennent s'asseoir aux 
              foyers des colons. Mais depuis plusieurs années, les habitants 
              de ces régions ont eu recours aux moyens artificiels, aux 
              puits et aux forages comme dans les pays de l'Extrême-Sud. 
              Dans de nombreux centres, les efforts des colons ont été 
              récompensés ; d'assez gros débits leur ont 
              permis l'irrigation et l'arrosage de leurs jardins. On a retrouvé, 
              dans presque tous les nouveaux centres créés depuis 
              la conquête, de nombreuses traces d'occupation romaine ; tous 
              ces vestiges d'occupation romaine étaient situés soit 
              au bord des oueds, soit à la proximité des nombreuses 
              sources qui émergent à la base des ravins. En général, 
              les eaux se rencontrent à une profondeur moyenne variant 
              de six à douze mètres. Il existe, au milieu de cette 
              plaine immense, une sorte de réservoir souterrain où 
              se perdent les eaux pluviales et dont le niveau piézométrique 
              varie peu. En tablant sur une hauteur pluviométrique de 280 
              millimètres, pour 400.000 hectares, on peut conjecturer qu'il 
              tombe sur ces plateaux une quantité de plus d'un milliard 
              cent vingt millions de mètres cubes pendant une année 
              ; les versants avoisinant ces plateaux reçoivent eux-mêmes 
              un cube de plus de deux milliards deux cent quarante millions de 
              mètres cubes qui vont se jeter dans le Chéliff en 
              grande partie et forment les réserves souterraines de la 
              plaine où vont les chercher les nombreux puits de la région. 
               *** La qualité médiocre 
              des photos de cette page est celle de la revue. Nous sommes ici 
              en 1923. Amélioration notable plus tard, dans les revues 
              à venir. " Algeria " en particulier. | 
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  LE SERSOU ET SES EAUX SOUTERRAINES 
Dans cette immense plaine de plus de 400.000 
  hectares, que l'on pourrait dénommer de nos jours le grenier de l'Algérie 
  (comme cette dernière était à l'époque romaine le 
  grenier de Rome), les récoltes de céréales ne sont abondantes 
  que lorsque les années sont pluvieuses. C'est grâce aux pluies 
  bienfaisantes que la prospérité et l'aisance viennent s'asseoir 
  aux foyers des colons. Mais depuis plusieurs années, les habitants de 
  ces régions ont eu recours aux moyens artificiels, aux puits et aux forages 
  comme dans les pays de l'Extrême-Sud. Dans de nombreux centres, les efforts 
  des colons ont été récompensés ; d'assez gros débits 
  leur ont permis l'irrigation et l'arrosage de leurs jardins. On a retrouvé, 
  dans presque tous les nouveaux centres créés depuis la conquête, 
  de nombreuses traces d'occupation romaine ; tous ces vestiges d'occupation romaine 
  étaient situés soit au bord des oueds, soit à la proximité 
  des nombreuses sources qui émergent à la base des ravins. En général, 
  les eaux se rencontrent à une profondeur moyenne variant de six à 
  douze mètres. Il existe, au milieu de cette plaine immense, une sorte 
  de réservoir souterrain où se perdent les eaux pluviales et dont 
  le niveau piézométrique varie peu. En tablant sur une hauteur 
  pluviométrique de 280 millimètres, pour 400.000 hectares, on peut 
  conjecturer qu'il tombe sur ces plateaux une quantité de plus d'un milliard 
  cent vingt millions de mètres cubes pendant une année ; les versants 
  avoisinant ces plateaux reçoivent eux-mêmes un cube de plus de 
  deux milliards deux cent quarante millions de mètres cubes qui vont se 
  jeter dans le Chéliff en grande partie et forment les réserves 
  souterraines de la plaine où vont les chercher les nombreux puits de 
  la région. 
  
  On arrive sur les plateaux du Sersou, par la voie d'Affreville à Téniet-el-Haâd 
  et Bourbaki, qui a été un des principaux centres créés. 
  On y retrouve de nombreuses ruines romaines. 
  
  Une ville existait à cet endroit ; elle se nommait Columnata. De nombreux 
  vestiges de remparts, de thermes existent encore. 
  
  En 1917, nous eûmes la bonne fortune de faire entrer au Musée des 
  Antiquités de Mustapha une pierre de grès sur laquelle figurait 
  une dédicace à Mithra, le dieu du Soleil, divinité africaine, 
  implorant la prospérité pour l'empereur Gordien. 
  
  Elle avait été trouvée à Aïn-Toukria (Bourbaki). 
  
  
  La source alimentant ce centre est la même que celle qui, au IIIème 
  siècle, alimentait la ville de Columnata. 
  
  A côté de ruines romaines, se rencontrent des tumulus, des bazinas 
  et des chouchets, sépultures indigènes de peuplades peut-être 
  antérieures à l'époque romaine ; si l'on en juge par le 
  grand nombre de ces tombeaux, on constate que l'habitation de cette région 
  était considérable. On les découvre plus fréquemment 
  sur des promontoires et des éminences. On remarque aussi des traces d'occupation 
  arabe et berbère, notamment à Oum-el-Djellil. 
  
  Sur la bordure des plateaux du Sersou à El-Ouden, nous avons été 
  à même, en 1917, de forer le premier puits jaillissant de la région 
  ; celui-ci n'a jamais tari, ni diminué de débit depuis plus de 
  cinq années. 
  On peut aussi accéder dans le Sersou par la voie de Tiaret. En sortant 
  de cette ville, à Aïn Tissilfint, on rencontre de nombreuses ruines 
  romaines, de même qu'à Sbaïn-Aïnoun. La plupart de celles-ci 
  avaient déjà été étudiées et signalées 
  au Xème siècle par l'historien arabe El-Bekri et par Ibn-Khaldoun. 
  
  
  A Aïn-Metnene, qui était une ville romaine, ainsi que près 
  de Remilia, il existait deux villages dont on voit encore de nos jours les fondations 
  des maisons. De grands tombeaux tronconiques et à gradins, dans le genre, 
  mais beaucoup plus primitif, que celui que nous voyons sur le Sahel, désigné 
  sous le nom de Tombeau de la Chrétienne, se voient sur tous les mamelons. 
  
  
  En dehors de la question agricole, le Sersou mérite d'être visité 
  à cause des souvenirs historiques et archéologiques laissés 
  par les premiers occupants.