 
         " VERTE ÉMERAUDE DE LA MITIDJA 
        "
        " VERTE ÉMERAUDE DE LA MITIDJA 
        "
        Le 21 novembre 1851
        BOUFARIK était érigée en commune de plein exercice
        Enchâssée dans un écrin de chaumes. de vignes et de 
        plantations d'agrumes, 
        elle représente une des plus belles réalisations du génie 
        colonisateur de la France
        Elle fêtera sous peu son centenaire  
        BOU-FARIQ OU BOU-FARIK
          JUILLET 1830. Les troupes françaises qui ont pris El-Djezaïr 
          progressent vers l'intérieur du pays. Après le Sahel, 
          aux riants coteaux qui rappellent aux soldats du 14° d'infanterie 
          de ligne et aux
          chasseurs leur Morvan ou leur Anjou natal, voici une vaste plaine couverte 
          d'un immense marais qui s'offre aux colonnes avancées.
          Le 23 juillet 1830, les troupes du maréchal de Bourmont s'arrêtent 
          dans une place que certains indigènes nomment " Bou-Fariq 
          " (le père de la séparation), d'autres " Bou-Farik 
          ", (le pays du blé). C'est un lieu de rassemblement hebdomadaire 
          où se tient un marché très fréquenté 
          par les Arabes de la région.
          Mais les troupiers de l'époque n'ont cure de ces noms. Ils ne 
          savent pas et ne sauront jamais qu'ils sont les précurseurs, 
          les premiers habitants européens de ce qui deviendra une des 
          plus riches villes de l'Algérois.
          Pour l'instant ils ne se préoccupent que de se garantir contre 
          les anophèles qui, des marais proches. Dont la puanteur empoisonne 
          l'air, viennent leur apporter la malaria et le paludisme. Ils ne pensent, 
          ces soldats, qu'à quitter rapidement ce bivouac et à continuer 
          leur progression vers Blida et Médéa en se gardant bien 
          contre les cavaliers qui tentent par des raids rapides de contrarier 
          leur marche.
          Les mois passent. Blida est occupé. Miliana et Médéa 
          le sont à leur tour.
          Cependant l'insécurité règne toujours dans la plaine 
          ou les convois de ravitaillement et le courrier sont à la merci 
          des embuscades. En pareil cas les secours sont longs à venir 
          de Douéra, chef-lieu de district.
          Aussi le 5 mars 1835 le général comte d'Erlon décide-t-il 
          de transformer le bivouac de Bou-Farik en un camp permanent dans le 
          double but : 1° d`obliger les Arabes à recevoir nos produits 
          sur leur marché hebdomadaire ; 2° servir de centre pour le 
          maintien des communications militaires entre Douéra, Blida et 
          Médéa. Un mois plus tard le baron Vialar y crée, 
          à ses frais, une ambulance sur l'emplacement de laquelle sera 
          édifiée, en 1857, l'église qui existe aujourd'hui.
          Mais comme toujours, à l'époque, la pénétration 
          militaire s'accompagnait d'une conquête plus pacifique. Les colons 
          suivaient la troupe, défrichaient et mettaient en valeur les 
          terres qui venaient d'être conquises.
        Centre agricole : " Medina Clauzel 
          "
          Le 27 septembre 1836, le maréchal Clauzel signe un décret 
          créant un centre agricole à Boufarik, qui perd son appellation 
          originale pour devenir " Médina Clauzel ". Les officiers 
          du génie Grand et Renoux sont chargés du tracé 
          de son emplacement et des travaux d'enceinte à l'est du Camp 
          d'Erlon. dont l'installation, activement poussée, s'achève. 
          173 lots ruraux de 4 hectares avec un maximum de 3 lots par concessionnaire, 
          sont distribués à 162 familles, comprenant un tiers d'hommes. 
          En même temps le premier domaine rural est créé 
          å Souk-Ali et réparti à 23 familles.
          Alors commence pour Boufarik - redonnons-lui son véritable nom 
          qu'elle sait porter avec tant de gloire - une période terrible 
          faite de luttes incessantes contre la nature et contre les tribus encore 
          insoumises : les féroces Hadjouts. Les travaux d'assainissement 
          du marais sont entrepris. Des canaux de dessèchement sont creusée 
          et la pente naturelle du sol suffit à un prompt écoulement.
          Mais il contribuent également à un développement 
          des fièvres paludéennes endémiques qui causent 
          d'énormes ravages parmi les travailleurs militaires - les soldats 
          laboureurs de Bugeaud - et parmi les colons. Elles devaient continuer 
          leur action pernicieuse pendant encore longtemps et le monument de la 
          colonisation française à Boufarik porte gravé dans 
          le granit les noms de tous ceux qui s'offrirent en holocauste pour créer 
          ce que le poète arabe devait si magnifiquement appeler : " 
          La verte émeraude de la Mitidja ".
          Les pertes sont si grandes que l'on envisage, même en 1840, d'abandonner 
          Boufarik.
          Le général Duvivier, chargé d'un rapport sur sa 
          viabilité, va même jusqu'à conclure :
          " Il faut empêcher la population de Boufarik de s'étendre 
          hors de son retranchement. Il importe, il est urgent de ramener a se 
          diminuer, à se dissoudre parce que Boufarik est un malheur. "
          De son côté, parlant des pionniers de la Mitidja, l'écrivain 
          algérien Ferdinand Duchène disait :
          " C'était une plèbe misérable, aux muqueuses 
          ternes, aidant les voltigeurs aux travaux généraux du 
          dessèchement, tellement desséchant aussi pour les hommes 
          qu'on les auraient baptisés " travaux funéraires 
          ".
          Les " morts debout " recevaient une faux et s'en allaient 
          en colonne, protégés par des soldats, tels des bagnards. 
          Quelquefois on leur donnait des fusils et il leur fallait se défendre 
          eux-mêmes.
          Il était advenu aussi à maintes reprises que l'un d'entre 
          eux pris soudain d'un accès de malaria, grelottant et assourdi, 
          ayant voulu regagner le naissant village, avait été surpris 
          et saisi aux cheveux par un cavalier Hadjout surgi au galop de son coursier 
          et décapité d'un coup de yatagan._
          Il arrivait encore que les meules de fourrage ainsi fauché par 
          des espèces de demi-forçats flambaient
          la nuit. Les hommes alertés couraient au feu. Alors les femmes 
          demeurés dans les huttes voyaient
          entrer les incendiaires qui les happaient, les ligotaient, puis les 
          emmenaient en travers des selles. "
          Malgré tout Boufarik veut vivre et prospérer. Les survivants 
          sont aidés dans leur travail par de nouveaux arrivants qui viennent 
          remplacer dans les sillons ceux qui sont tombés, terrassés 
          par la fièvre ou tués par les rebelles. En 1839 le premier 
          commissaire civil est nommé : M. Berthier de Sauvigny. Il reste 
          en fonction jusqu'au 18 Juin 1841 où, selon les dispositions 
          d'un arrêté, Boufarik est distrait de la direction des 
          Finances et placé à la direction de l'Intérieur.
          M. A, Toussenel remplace M. Berthier de Sauvigny. Les commissaires civils 
          vont se succéder jusqu'en-1848.
          Tour à tour MM. Ch. Anténor de Rosière, le baron 
          Charles du Teil, de Lamothe-Langon et Auzone de Chancel occupent ce 
          poste. C'est sous la direction de ce dernier que Bouíarilr connaît 
          son grand essor.
        Victoire sur la nature
          Le plan général de dessèchement a donné 
          de magnifiques résultats.
          Des routes sont tracées mettant en communication les lots de 
          zone et les terres de grande culture, permettant ainsi aux colons l'exploitation 
          intensive. La période des combats héroïques est close. 
          Boufarik va pouvoir s'administrer seule. Un dernier commissaire civil, 
          M. Léon Lafay remplace M. de Chancel et va passer ses pouvoirs 
          au premier maire de Boufarik.
          Par décret du 21 novembre 1851 Boufarik est distrait de Douéra 
          et un mois après, le 21 décembre 1851, est érigé 
          en commune. Le village de Souma, en création, lui est donné 
          comme -annexe. Une- commission municipale est nommée et par arrêté 
          préfectoral du 12 janvier 1852, Borély la Sapie devient 
          maire de Boufarik.
          Dès lors Boufarik va croître et prospérer. Sa population 
          qui comptait 559 habitants en 1842, 846 en
          1843, 1918 en 1846, 1983 en 1850, augmente sans cesse pour atteindre 
          2.827 âmes en 1855. En 1850 le caravansérail du marché 
          a été construit. L'élevage du bétail est 
          une source de richesse pour la localité.
          Les premières plantations d'agrumes, qui vont faire une des richesses 
          de Boufarik, apparaissent. Bouinan, Chebli et Birtouta deviennent également 
          annexes de Boufarik avant d'être érigées elles-mêmes 
          en communes indépendantes.
          De nombreux événements marquent la croissance de Boufarik. 
          Citons-les par ordre chronologique.
          Le 15 août 1862 a lieu l'inauguration d'une voie ferrée 
          reliant Alger à Blida, qui se prolongera jusqu'à Oran.
          Le 16 mai 1865 Boufarik reçoit la visite de l'empereur Napoléon 
          III qui est vivement intéressé par une exposition agricole.
          Par décret du 20 janvier 1866, un bureau de bienfaisance est 
          créé et commence à fonctionner régulièrement 
          en 1868.
          La mairie est construite en 1872. ;
          En 1873, la ville reçoit en legs de M Seltz, son ancien maire, 
          décédé en 1871, une grande maison qui est transformée 
          en hôpital. Le bâtiment de la justice de paix est érigé 
          en 1882
          Le 1er mai 1887, en présence du gouverneur général 
          Tirman. est inaugurée la statue élevée à 
          la gloire du sergent Biandan et de ses glorieux compagnons. tués 
          dans une lutte inégale, à un contre quinze, contre des 
          rebelles Hadjouts, le 11 avril 1842, entre Boufarik et Beni-Mered, dans 
          le ravin ou coulait le Chabet-el-Mechdoufa.
          Le 12 avril 1888, a lieu, en grande pompe, l'inauguration de l'installation 
          du gaz après un traité passé entre la ville et 
          M. Albert Michelet
        " La verte émeraude de la 
          Mitidja "
          Par décret du 21 mars 1891, la commune est autorisée à 
          faire disparaître les fossés d'enceinte creusés 
          en 1836 par le génie. Un an plus tard, en l892, Boufarik est 
          doté d'un réseau d'égouts.
          En 1898, c'est l'édification, sur l'initiative du comice agricole, 
          d'un monument à la mémoire de Borély la Sapie, 
          un des premiers colons et premier maire de Boufarik.
          Le vingtième siècle commence alors que les Boufarikois 
          s'émeuvent contre les crues fréquentes de l'oued Khémis 
          qui menacent d'inonder le centre de la ville. La municipalité 
          a sollicité un secours de la colonie qui lui est accordé 
          par décision du 18 Janvier 1908 et qui permet la construction 
          d'un grand égout collecteur traversant la ville du sud au nord. 
          Ce travail est terminé fin 1908.
          Entre temps, en 1901-1902, la commune a fait construire son école 
          primaire supérieure avec internat, qui fonctionne depuis1902 
          et comprend trois années d'études et trois sections, une 
          d'enseignement général, une d'enseignement industriel 
          et une d'enseignement agricole.
          Créée pour 20 internes et 25, externes, son succès 
          est tel que des 1903, il faut prévoir la construction de nouveaux 
          bâtiments.
          Cette année-la. le 23 avril, Boufarik reçoit la visite 
          de M. Émile Loubet, président de la République
          Et puis, c'est en 1908 la construction de l'école des garçons 
          qui affecte le style mauresque, la mosquée, le bureau de postes 
          en 1912, le marché couvert en 1911, agrandi en 1925, le stade 
          en 1926, car l'A.S.B. commence déjà à faire parler 
          d'elle. L'école maternelle est édifiée en 1928, 
          l'école des filles en 1929, le collège moderne en 1936 
          et les abattoirs en 1935.
          La mise en valeur des terres connaît également, pendant 
          cette même période un essor prodigieux. Tous les jours, 
          le marais recule un peu plus devant le travail des hommes.
          Les plantations d'orangers, de mandariniers, de citronniers, la vigne, 
          couvrent la plaine. La renommée des agrumes de Boufarik à 
          déjà dépassé le cadre algérien et 
          sont hautement appréciées en France et dans le monde.
          Des entreprises industrielles se montent à Boufarik et ne font 
          que contribuer à la prospérité de la cité.
          Et maintenant Boufarik est arrivée à sa pleine maturité. 
          Enchâssée dans un écrin fait de chaumes, de
          vignes et de plantations d'agrumes.
          " La verte émeraude de la Mitidja " regarde avec confiance 
          vers l'avenir.
          Elle sait qu'elle peut l'affronter avec confiance car forte de ses souffrances 
          et de ses épreuves passées, dont les meilleurs de ses 
          ancêtres ont donné leur vie pour sa création, Boufarik, 
          ville riche et laborieuse, saura être. comme elle le fut toujours, 
          le porte-flambeau de la présence et de l'uvre colonisatrice 
          française en Algérie.