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          L'ALLELIK (BÔNE) où trois wagons sortent par jour
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          L'ALLELIK (BÔNE) où trois wagons sortent par jour
          MM G. LE BEAU et de DIETRICH ont montré 
          à l 'économie algérienne les réalisations 
          de la S.N.A.F.
          L'industrialisation est le complément indispensable de l'agriculture 
          pour assurer 
          la prospérité de l'Algérie française ont 
          déclaré MM Urbani, Flinois, Schiaffino
        Conduite par M. Maurice 
          Feraud, le distingué agent général de la Société 
          nord-africaine de constructions mécaniques et ferroviaires (S.N.A.F.), 
          une imposante caravane de représentants des mondes administratif, 
          politique, économique de la capitale algérienne a pris 
          place hier matin à Maison-Blanche, à bord d'un " 
          D.C.-4 " de la compagnie Air France, pour se rendre à Bône 
          visiter les modernes installations de la S.N.A.F., l'initiative la plus 
          importante dans le domaine métallurgique du plan d'industrialisation 
          de l'Algérie.
          A l'Allelik, à 6 kilomètres de Bône, devant de longs 
          bâtiments aux lignes teintées d'un rose de doigts de fée, 
          les visiteurs venus de la métropole, de Tunisie, de l'Algérois 
          et de l'Oranie furent rejoints par les personnalités du Constantinois. 
        
        Les personnalités
          Et c'est ainsi que M. Georges Le Beau, ancien gouverneur général 
          de l'Algérie, président du conseil d'administration ; 
          M. de Dietrich, vice-président du conseil d'administration, directeur 
          général de la S.N.A.F., et M. Barbeau, directeur, accueillirent 
          MM, Urbani, secrétaire général adjoint du Gouvernement 
          général, représentant le ministre gouverneur général 
          de l'Algérie, conseiller de l'Union française ; Farès, 
          président de la Commission des finances de l'Assemblée 
          algérienne ;
          Munck, Beghin, Battestini, Boulsane, Aloï, Lakhdari, Bensalem, 
          Malpel, Aït Chaâllal, Boutaleb, délégués 
          à l'Assemblée algérienne ; Pieri, Valle, conseillers 
          de l'Union française: Bendjelloul, vice-président du Conseil 
          général de Constantine ;Laurent Schiaffino. président 
          de la Région économique ; Porchez. sous-directeur général 
          de la S.N.C.F. ; Lecoanet. directeur général des Chemins 
          de fer algériens ; Bouakouir, directeur des Affaires économiques 
          ; le sous-préfet Daussin, représentant le préfet 
          de Constantine ; M. Fadda, premier adjoint, représentant le maire 
          de Bône ; le colonel de Vincelles. commandant la subdivision ; 
          Pancrazi, président de la chambre de commerce de Bône ; 
          le bachagha Cherifi Cherif ; Colin, ingénieur en chef des Ponts 
          et Chaussées ; les
          représentants des Chemins de fer marocains et tunisiens.
          Ajoutons que MM. Le Beau et de Dietrich étaient entourés 
          de MM. Rebourseau, Mellon, Ruillier, Thel, Higy, Sheer, Lerustre, administrateurs 
          de la S.N.A.F.
        Un équipement moderne
          Après les souhaits de bienvenue adressés par MM. Diétrich 
          et Barbeau, les personnalités algériennes vsitèrent 
          les installations rationnelles de la S.N.A.F. dotées d'un équipement 
          des plus modernes où bruissait le long chant du travail.
          A l'origine, l'usine devait s'équiper pour assurer la révision 
          des moteurs thermiques montés sur les autorails livrés 
          par la Maison de Dietrich aux Chemins de fer algériens, d'une 
          part, tunisiens, d'autre part.
          Ceci explique la position de la S.N.A.F. située à proximité 
          des deux réseaux précités.
          Dans son développement actuel, l'usine assure les fabrications 
          ci-après :
          - Révision de moteurs ;
          - Fabrication de pièces de rechange pour les dits moteurs ;
          - Construction d'appareils de voie et construction de matériel 
          roulant ;
          - Fabrication de petite forge (boulons, rivets).
          La puissance installée est actuellement de 1.500 kw. pour ses 
          manutentions, l'usine possède un réseau de voies ferrées 
          de 4 km. 400 de longueur, équipé d'un pont transbordeur 
          de 100 t. à traction
          électrique, 2 transbordeurs a main, 1 locotracteur pour manutention 
          des wagons ; un réseau routier comprenant 630 mètres de 
          route en béton vibré pour trafic lourd et 215 m de pistes 
          en béton vibré pour circulation des chariots électriques.
          La surface couverte utilisée actuellement est d'environ 20.000 
          m2.
        Les chaînes de montage
          Nous n'entrerons pas dans le détail des chaînes de montage 
          réalisées suivant les derniers principes de la technique 
          moderne. Disons cependant que ces ateliers sont longs de 250 mètres, 
          équipés de machines-outils modernes à grand rendement 
          dont le nombre total atteint 276.
          Parmi ces machines, on peut citer plusieurs aléseuses, dont une 
          de grande précision, des affûteuses, des cisailles, des 
          étaux-limeurs, 11 fraiseuses de tous types, des machines à. 
          fileter intérieur et extérieur, des mortaiseuses, 20 machines 
          à percer, 10 presses de 30 à 750 tonnes, des raboteuses 
          dont une à table de 7 m. 50 pour le rabotage des rails, des machines 
          à rectifier, des scies, 22 tours, des machines a tailler les 
          engrenages. etc...
          Signalons à la menuiserie une machine à raboter quatre 
          faces faisant environ 50 mètres minute, et une tenonneuse double, 
          unique en Afrique du Nord. Également une salle d'essai des moteurs 
          quipée de deux freins Frounde, l'un permettant l'essai des moteurs 
          jusqu'à 800 CV, l'autre des moteurs jusqu'à 200 CV.
        Trois cents ouvriers
          La S.N.A.F. a livré en 1941 le premier aiguillage construit en 
          Algérie, et, début 1948, le premier wagon construit en 
          Algérie.
          Depuis la S.N.A.F. a livré plus de 500 wagons et plusieurs centaines 
          d'appareils de voies pour les C.F.A., les C.F.T. et les Mines du Maroc.
          Elle a commencé son activité en juin 1940. Pendant les 
          six derniers mois de cette année 1940, elle a réalisé 
          un chiffre d'affaires de 350.000 francs avec un effectif de 25 ouvriers. 
          En 1949, son chiffre d'affaires a atteint 400 millions de francs et 
          son effectif a passé à plus de 300 ouvriers.
          Sa capacité de production est maintenant de 2 à 3 wagons 
          par jour.
        Pour le développement 
          de l'industrialisation
          Il serait présomptueux de tenter d'analyser en quelques lignes 
          les excellentes choses dites à l'issue du repas qui clôtura 
          cette intéressante et réconfortante visite.
          M. Georges Le Beau, après avoir chargé M. Urbani de transmettre 
          ses sentiments cordiaux au ministre Naegelen déclara être 
          profondément convaincu que le développement de l'Algérie 
          était intimement lié à son industrialisation et 
          nécessaire quant aux points de vue humain et social (démographie, 
          chômage). Parlant du comité d'aide aux Nord-Africains qu'il 
          préside il rappela que sur 250.000.Algériens résidant 
          en France 80.000 sont sans travail. En terminant il adressa un bel hommage 
          aux personnels de direction et ouvrier qui ont assuré la réussite 
          de la S.N.A.F.
          M. Pancrazi. en économiste distingué dit comment dans 
          la région bônoise la nature équilibre l'agriculture 
          et l'industrie.
          M. Fadda exprima à M. Georges Le Beau les témoignages 
          d'authentique fidélité des Bônois et assura de leur 
          gratitude M Urbani et Bouakouir " animateurs de la vie économique 
          de l'Algérie " et M. Flinois pour sa grande présidence 
          dont l'éclat est allé au delà de la Méditerranée. 
          M. Laurent Schiaffino, après avoir salué avec déférence 
          la présence de M. Le Beau, évoqua un grand nom
          de la chère Alsace. de Dietrich, et rappela le martyre de Bône, 
          la ville la plus éprouvée par la guerre. Le président 
          de la région économique se prononça aussi pour 
          le développement de l'industrialisation et dans sa conclusion 
          adresse un bel hommage au ministre Naegelen.
          M. Daussin apporta le salut du préfet Papon et parlant de la 
          S.N.AF. il dit qu'elle fut un véritable
          acte de foi de l'industrie alsacienne.
          M. Flinois déclara, en forme de boutade, que pour un Oranais 
          se trouver à Bône c'était être en famille 
          ; il rendit hommage à M Le Beau qui eut à s'occuper, étant 
          gouverneur général, d'une agriculture agonisante qu'il 
          ne faut pas aujourd'hui jalouser : " Il nous faut maintenant faire 
          un pas en avant ; entrer de plain-pied dans l'industrialisation "
          Parlant du problème démographique il dit notamment :
          - Un pays qui exporte ses hommes est un pays pauvre. Le jour où 
          nous saurons retenir nos hommes et leur assurer un minimum vital nous 
          aurons forgé l'avenir de l'Algérie.
          Enfin. il marqua le souci de l'Assemblée d'uvrer sur le 
          plan fiscal pour permettre la venue de capitaux francais et de pas alourdir 
          l'évolution des industries nouvelles.
          M. Urbani exprime les regrets de M. Naegelen de ne pas avoir pu participer 
          à cette visite et salua en son nom MM. Le Beau et de Dietrich. 
          .
          Il rendit hommage aux dirigeants de la S.N.A.F. et au personnel, pour 
          cette réalisation, qui couronne leur uvre. Il félicita 
          aussi M. Munh d'avoir porté cette perle à. sa couronne 
          économique.
          Il dit encore que c'était là, l'initiative la plus importante 
          que l'administration avait eu à soutenir dans le domaine métallurgique 
          du plan d'industrialisation et affirma son désir de tout faire 
          pour favoriser l'industrie algérienne.
          Ajoutons que tous les orateurs n'omirent point d'adresser des compliments 
          mérités à MM. Barbeau et Feraud.,les bons artisans 
          de cette heureuse réalisation qu'est la S.N.A.F. et fait honneur 
          à l'Algérie.