| ------------Dans 
        le N°70 des Echos d'Alger, vous avez été quelques uns 
        à souhaiter connaître l'origine du nom " Le ravin de 
        la femme sauvage ".------------Nous 
        vous livrons cinq versions qui se rejoignent quant à la présence 
        d'une femme en ces lieux.
 ***** ------------Mr 
        Yves SALIGNAC (75018 - Paris) Archives du colonel BERTHIER - guide touristique 
        et pittoresque sur " Alger, Boufarik, Blidah et leurs environs " 
        rédigé par Edouard Dalles, en 1879 et publié par 
        A. Jourdan, libraire et éditeur à ALGER 4, place du Gouvernement.------------Du 
        haut de l'annexe du Jardin d'Essai, vous pouvez rejoindre, dans la direction 
        d'une grande ferme arabe, le chemin vicinal direct de BIRMANDREIS à 
        MUSTAPHA-INFERIEUR, qui à droite vous ramène par une descente 
        facile, à la FONTAINE-BLEUE et de là au CHAMP DE MANUVRES.
 ------------En 
        le suivant, à gauche, vous pouvez descendre jusqu'à BIRMANDREIS. 
        Arrivé sur la place du village, prenez à gauche pour suivre 
        le ravin de l'Oued-Khémis, plus connu sous le nom de : "Ravin 
        de la Femme Sauvage ". Il doit son nom à une jeune cantinière, 
        dont l'échoppe était installée dans un repli de route 
        que l'armée construisit alors. Les soldats l'avaient baptisé 
        avec une discrétion qui fait honneur à leur galanterie, 
        " la femme sauvage ", à l'instar des Grecs qui décorèrent 
        de l'épithète de philadelphe, un de leurs rois qui s'était 
        vivement débarrassé d'un frère gênant ".
 ***** ------------Mr 
        François STOUPY (83500 - La Seyne/Mer)Extraits du livre " RENOIR " - Editions de la Réunion 
        des Musées Nationaux, Paris 1985 - 10, rue de l'Abbaye - 75006 
        Paris.
 ------------Paysage 
        d'Algérie : Le Ravin de la Femme Sauvage ". Tableau peint 
        en 1881 (0.81 m X 0.65 m), au Musée d'Orsay à Paris. Durant 
        son 1er séjour, RENOIR s'est surtout intéressé aux 
        paysages des environs d'ALGER, en particulier, ceux des alentours du CHAMP 
        DE MANOEUVRES, à MUSTAPHA-INFERIEUR, où il résidait, 
        juste au sud de la ville.
 ------------Quelques 
        uns de ses tableaux représentent la mer vue des collines, mais 
        " le Ravin de la Femme Sauvage " nous montre un motif plus clos, 
        sans personnage, qui semble isolé et étrange, mais il était 
        en fait, d'accès facile ; c'est une étroite vallée 
        qui conduit vers la mer, à partir de BIRMANDREIS (BIR MOURAD RAÏS), 
        à près de deux kms dans les terres, depuis la résidence 
        de RENOIR.
 ------------En 
        réalité, le nom de ce ravin, loin d'évoquer un passé 
        bizarre, rappelle, semble-t-il une jeune dame, nullement timide ", 
        qui tenait un café-restaurant dans ce ravin, peu après la 
        conquête française (Réf. Play-Fair, Murray's Handbook 
        for Travellers in Algéria and Tunis, éd. 1895, page 108).
 ------------Evidemment, 
        cette vallée fut envahie par des constructions et un tramway, l'année 
        même qui suivit celle où RENOIR peignit ce tableau.
 ------------La 
        végétation exotique constitue le sujet principal de cette 
        peinture, vraisemblablement " le mélange des figuiers de Barbarie 
        et les aloès " dont RENOIR parle dans sa lettre à Madame 
        BERARD (Paul BERARD, diplomate et banquier, client et ami du peintre).
 ***** ------------Mr 
        Jean-Pierre IVORA (64400 - Oloron Ste Marie)...------------... 
        Tout d'un coup ma mémoire est en action... En effet, je suis enfant 
        du RUISSEAU, ayant habité " LA REGIE", près de 
        l'usine à gaz " La Lebon ". En 1952, j'avais alors 13 
        ans, j'ai eu la chance de faire paraître dans un journal qui s'appelait 
        " France Jeu o, l'histoire ou la légende du "Ravin de 
        Femme Sauvage ".
 ------------Ce 
        que je vais vous livrer, m'a été raconté par un " 
        Ancien ".
 ------------" 
        II y a plusieurs années, environ 100 ans, vivait dans le quartier 
        du RUISSEAU, une jeune femme avec ses deux enfants. Elle était 
        seule, son mari ayant été tué lors de guerre. Chaque 
        année, le lundi de Pâques, elle allait passait la journée 
        et mangeait
 la mouna " avec ses enfants dans une forêt qui se trouvait 
        tout près du RUISSEAU, sur les hauteurs.
 |  | ------------C'est 
        une jolie forêt boisée, pentue, mais redoutable. Des sentiers 
        très étroits. Il fallait faire très attention, car 
        un ravin s'y trouvait et si l'on n'y prêtait gare, le risque de 
        disparaître sans espoir de retour, était grand. D'autant 
        plus, qu'il n'y avait pas de matériel adéquat pour faire 
        des recherches.------------Or, 
        un lundi de Pâques, les enfants de cette femme, désobéissants 
        à leur mère, disparurent et ont dû certainement tomber 
        dans ce ravin. La maman, folle de douleur, essaya par tous les moyens, 
        de les retrouver. Rien n'y fit.
 ------------Elle 
        demanda de l'aide aux habitants du RUISSEAU, mais on ne retrouva personne. 
        Ce ravin était trop profond. Cette femme décida de loger 
        dans cette forêt pour continuer ses recherches. Elle se nourrissait 
        de fruits sauvages, de petits animaux qu'elle chassait. Avec le temps, 
        elle perdit la tête, devint sauvage. Dès qu'elle entendait 
        des pas, que l'on parlait sur les sentiers, elle se cachait.
 ------------Il 
        arrivait rarement, mais de temps à autre, qu'elle hurlait de douleur. 
        L'on savait qu' elle errait, car des traces de passage étaient 
        visibles. Les années passèrent et un jour, plus rien : plus 
        de traces, plus de hurlements.
 ------------Le 
        ravin en question, était toujours aussi touffu et dangereux...
 ------------Les 
        habitants du RUISSEAU, continuèrent à fêter Pâques 
        dans cette forêt. En sou-venir, ils baptisèrent ce bois " 
        Le Ravin de la Femme Sauvage".
 ***** ------------Mr 
        Michel DUTEIL (84140 - Montfavet)------------J'ai 
        habité cet endroit, pendant 25 ans, je me souviens de ce que me 
        racontaient mes parents : " Cette dame s'est trouvée veuve, 
        son mari ayant été tué pendant la guerre de 1870 
        (?). Elle aurait même perdu le bébé qu'elle attendait.
 ------------Devenue 
        " à moitié folle " de douleur, elle se serait 
        réfugiée dans ce fouillis inextricable, que composait la 
        végétation de cet endroit, se nourrissant de baies et fruits 
        sauvages.
 ------------Un 
        jour, on l'a retrouvé morte. Elle aurait été enterrée 
        sur place, juste au dessus du restaurant de " La Femme Sauvage ".
 ***** ------------Mme 
        et Mr Jean FLORIT (34370 Maureilhan).------------" 
        Je ne peux vous donner des renseignements que de mémoire, paru 
        dans l'ECHO d'ALGER en 1955 et 1956. Ce journal authentique, est resté 
        de l'autre côté. ...Voici ce qu'ils disaient :
 ------------«Un 
        couple de jeunes mariés partis sur un bateau, en voyages de noces, 
        s'est fait arraisonner par les pirates de la Méditerranée. 
        Lui fut jeté en prison, elle, amenée au dey Hussein et mise 
        au harem. Pourtant, elle refusa toujours de se donner à cette brute. 
        Elle fut tellement brutalisée, mais jamais, elle n'aurait cédé.
 ------------Devenue 
        folle par les coups reçus, on la jeta dehors déguenillée 
        et sans nourriture. Sans savoir où elle allait, elle monta vers 
        ce ruisseau; puis, rendue en haut de la colline, elle découvre 
        un marabout (mausolée). Les arabes apportaient, comme vous le savez, 
        de la nourriture aux morts (couscous, pain, figues...), ce qui lui a permis 
        de survivre.
 ------------Comme 
        elle était folle, ils la respectèrent et naturellement, 
        un jour, elle disparut. Depuis ce lieu est appelé " Le ravin 
        de Femme Sauvage ".
 AUX ECHOS D'ALGERLe journal des Villes et des Villages de l'Algérois
 
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