| L'IDEE. --------La législation 
        du travail a accordé des congés payés à tous 
        les salariés. Malheureusement nombreux sont ceux qui ne peuvent, 
        en raison de l'insuffisance de leurs revenus, profiter de ces 15 jours 
        ou trois semaines de congé pour changer d'air et se reposer avec 
        toute leur famille, ailleurs que chez eux, dans un logis trop souvent 
        insuffisant, et malsain. C'est notamment le cas de ceux qui perçoivent 
        de bas ou moyens salaires et dont les possibilités sont d'autant 
        plus réduites que leur famille est plus nombreuse.-
 -------En créant un Centre Familial de Vacances, 
        la Caisse Interprofessionnelle de Compensation des Allocations Familiales 
        du Département d'Alger (C.I.C.A.F.D.A.) a voulu remédier 
        à cet état de choses et permettre à ses allocataires, 
        pères de famille nombreuse, de jouir pleinement de ce congé 
        avec celle-ci dans les meilleures conditions d'hygiène et de confort, 
        et dans un cadre agréable ;
 --------- 
        la famille (père, mère et enfants) étant entièrement 
        réunie ;
 --------- 
        la mère, trop souvent la sacrifiée, ayant elle aussi - et 
        sans doute pour la première fois de sa vie - ses 15 jours de repos 
        complet.
 
 --------Cette création satisfait le désir 
        de plus en plus marqué qu'a la famille de prendre ses vacances 
        " en famille " et qui explique le développement récent 
        des Maisons Familiales en Métropole. Une enquête par sondage 
        sur les vacances des Français en 1950, effectuée par l'Institut 
        National de la Statistique et des Etudes Economiques, le démontre 
        parfaitement. Elle a touché 6.414 ménages des principales 
        grandes villes. Sur 4.178 enfants de moins de 18 ans : 23 % ne sont pas 
        partis, 44 % sont allés avec leurs parents, 20 % sont allés 
        dans la famille ou chez des amis, 10 % ont utilisé des colonies 
        de vacances, 3 % ont utilisé des organisations de jeunesse. Le 
        Centre Familial de Vacances de Ben-Aknoun répond donc à 
        un besoin certain et s'inscrit dans un courant très actuel.
 
 --------Il 
        s'inscrit également dans l'effort fait à notre époque 
        pour alléger les tâches de la mère de famille, en 
        la libérant pendant le congé de son mari, des plus lourdes 
        tâches qui lui incombent et en lui permettant à elle aussi 
        de prendre de vraies vacances avec les siens.
 
 --------En 
        outre, le Centre Familial de Vacances, se situant "sur 
        le plan des oeuvres de justice sociale qu'un large esprit de solidarité 
        peut faitre naître et non pas sur le plan des eeuvres d'assistance 
        et de charité " demande une participation effective 
        aux familles pour sa gestion et son financement.
 
 --------Ainsi 
        le Centre Familial de Vacances réalise pleinement la définition 
        récente et officielle des Maisons Familiales de Vacances qui se 
        multiplient à travers la France : Elles veulent être " 
        des organisations ne visant pas à la recherche 
        d'un bénéfice. Elles ont pour but de procurer à tous 
        les membres d'une famille réunis des vacances reposantes, en rapport 
        avec leurs ressources et avec leurs besoins grâce à un ensemble 
        de services d'ordre matériel ou éducatif communs à 
        plusieurs familles ".
 
 --------Avant la 
        lettre, le Centre Familial de la C.I.C.A.F.D.A. avait réalisé 
        cette définition.  LE SITE. 
         
          |  Entrée 
              actuelle du centre : pavillon d'accueil et restaurant |  --------La région 
        qui s'étend au Sud-Ouest d'Alger et qui commence aux portes d'EL-BIAR 
        a toujours été considéré par les Algérois 
        comme particulièrement saine en raison de son altitude et comme 
        la plus agréable des environs immédiats de la Ville en raison 
        de son relief très varié et du charme de sa verdure. C'est 
        le début du Sahel Algérois dont Ben-Aknoun est la première 
        petite agglomération. Ce nom évoque à l'esprit de 
        bien des algériens le Lycée installé dans l'ancien 
        domaine des Pères Jésuites et autour duquel s'élèvent 
        l'Ecole de plein air de la Ville d'Alger, la Cité Universitaire, 
        l'Ecole Normale des Filles, et bientôt une Médersa moderne. 
        C'est dire combien le climat et le site sont appréciés.
 --------Les 20 hectares qui composent la propriété 
        sont des plus variés : 8 hectares de bois, des vallonnements, une 
        carrière, etc...
 
 --------Situé à 7 km du Centre d'Alger, 
        à 500 m. du Lycée en allant vers  
         Dely-Ibrahim et avant 
        l'ancien relais des " Deux Bassins " dont il est limitrophe, 
        le Centre Familial de Vacances est facilement accessible et à peu 
        de frais.
 Son point culminant se trouve à 250 m. au-dessus du niveau de la 
        mer, c'est dire que, l'été, on y trouve un climat très 
        différent déjà d'Alger : plus frais grâce à 
        l'altitude, plus sec grâce à l'éloignement de la mer 
        dont le massif de la Bouzaréah le protège.
 
 --------Sa 
        situation relativement élevée permet aux personnes qui y 
        séjournent d'admirer la pittoresque vallée de Kaddous, de 
        jouir d'un large panorama sur l'Atlas en arrière plan, de contempler 
        des couchers de soleil à travers les arbres du bois Duc des Cars 
        et d'apercevoir les hauteurs de la Bouzaréah.
 
 --------Tous 
        ces avantages naturels ne demandaient qu'à être mis en valeur. 
        La C.I.C.A.F.D.A. trouvait là un site de choix pour le but qu'elle 
        s'était proposé.
 LA REALISATION. --------La création 
        du Centre Familial fut évoquée pour la première fois 
        le 28 septembre 1942, à la réunion trimestrielle du Conseil 
        d'Administration de la C.I.C.A.F.D.A.
 --------Le 
        projet n'avait pas encore pris corps, cependant l'idée de donner 
        la possibilité de vraies vacances familiales à toutes les 
        familles était lancée.
 
 --------Le 
        28 mai 1943, le Conseil d'Administration décidait, en raison des 
        événements du moment, le seul principe d'une immobilisation 
        provisionnelle pour services sociau_. dont une oeuvre de vacances pouvait 
        être le premier Jalon.
 L'Assemblée Générale du 22 juin 1943 ratifiait cette 
        décision et en septembre 1943, le domaine fut trouvé et 
        acheté, après une visite effectuée par Messieurs 
        Jacques CHEVALLIER, Mustapha TAMZALI, Edouard FERMAUD et Jean MELEY, membres 
        du Bureau, fondateurs de la Caisse et toujours en fonctions et Alexandre 
        CHAULET, directeur.
 
 --------L'Assemblée 
        Générale de 1944 précisait le projet en ces termes 
        : " Un Centre Familial de Vacances pourrait 
        fort bien y être installé répondant à l'économie 
        suivante pour le temps de congés payés et moyennant le prix 
        de ce congé, les familles d'allocataires, d'une part, les familles 
        d'adhérents dont les revenus ne dépassent pas une certaine 
        somme à fixer, d'autre part, seraient hébergées sur 
        ce domaine et nourries... Avec la rotation possible sur les cinq mois 
        de congés payés (Mai à Septembre) et si nous pouvons 
        arriver à réaliser une centaine de maison-chalets, c'est 
        dire que le Centre familial de vacances pourrait recevoir chaque année 
        un millier de familles... Si la paix revenue, notre projet peut être 
        mis à exécution, et que vous soyez de cet avis, il va sans 
        dire que nous en aurons toutes les possibilités de réalisation. 
        Si, au contraire, pour divettses raisons, le projet ne pouvait voir le 
        jour, il n'est pas trop osé de dire que nous avons agrandi et très 
        sérieusement le patrimoine de nos adhérents ".
 
 --------De 
        1944 à 1946, en raison des événements, le domaine 
        se trouva, si l'on peut dire, en état de conservation. En 1944, 
        il fut clôturé, un chateau d'eau fut construit. En attendant 
        mieux, il fut utilisé avec la collaboration de l'Entr'Aide des 
        Vins en y installant une garderie d'enfants qui prenaient de l'air pur 
        dans la journée et retournaient chez leurs parents chaque soir 
        : il y en eut jusqu'à 300 par jour. Mais ce n'était pas 
        là le but que la C.I.C.A.F.D.A. s'était fixé.
 
 --------Dans 
        le dessein d'asseoir définitivement l'oeuvre envisagée, 
        un rapport du Président Jacques CHEVALLIER, Député 
        d'Alger, fut développé à l'Assemblée Générale 
        du 18 juillet 1946, destiné à renseigner tous les adhérents 
        sur l'importance de l'eeuvre entreprise et ses possibilités de 
        réalisation.
 
 --------Ce 
        rapport fut adopté sans aucune réticence, aux applaudissements 
        de l'Assemblée, et un pourcentage de 0,25 % sur les salaires contrôlés 
        fut voté dans l'enthousiasme ; comme le 'Président avait 
        exposé qu'avec ce pourcentage l'installation durerait une dizaine 
        d'années, un adhérent demanda même à cette 
        Assemblée Générale de 1946, s'il ne serait pas possible 
        d'augmenter ce pourcentage pour arriver à une réalisation 
        plus rapide.
 
 --------Il 
        faut savoir en effet qu'au taux actuel (1952) des salaires ce pourcentage 
        procure 32 millions environ.par an au Centre Familial, ce qui a permis 
        de réaliser charnue année, comme prévu, une tranche 
        importante de travaux pour l'édification du Centre et par la suite 
        doit assurer le fonctionnement de cette oeuvre sociale.
 
 --------De 
        1946 à 1948 ,les routes furent tracées, le Pavillon d'Accueil 
        construit selon un plan d'ensemble mis au point avec Monsieur LATHUILLIERE, 
        Architecte D.P.L.G., à qui avaient été confiées 
        dès l'origine, l'étude et la réalisation progressive 
        du projet.
 
 --------Le 
        29 avril 1948, Monsieur le Ministre NAEGELEN, Gouverneur Général 
        de l'Algérie, posa la première pierre du Restaurant familial 
        qui était terminé, ainsi que ses dépendances, l'année 
        suivante.
 
 --------Ce 
        restaurant aux lignes modernes très pures, peut assurer à 
        chaque repas deux services de 350 couverts. Grâce à lui, 
        les mamans n'ayant plus le souci du marché, de la cuisine et de 
        la vaisselle se reposent enfin. Les familles y sont reçues par 
        tables familiales et les tout petits y sont l'objet de soins particuliers 
        : menus et mobilier d'enfants.
 
 --------Le 
        20 janvier 1950, les dix premiers appartements familiaux étaient 
        implantés et pouvaient être offerts aux premières 
        familles dès le 16 juillet de la même année.
 
 --------A 
        la suite d'une visite incognito, le 7 août 1950, Monsieur le Ministre 
        NAEGELEN, enthousiasmé de l'ambiance familiale algérienne 
        qu'il découvrait, proposait de donner la garantie de l'Algérie 
        à un emprunt permettant de terminer au plus tôt une oeuvre 
        sociale dont déjà les plus hautes personnalités de 
        l'Algérie souhaitaient comme lui et pour les mêmes raisons, 
        la réalisation rapide.
 --------Il était 
        difficile de refuser une offre si séduisante. Monsieur Alexandre 
        CHAULET, Vice-président national de la C.F.T.C., Directeur de la 
        C.I.C.A.F.D.A. promoteur de ce Centre, entra en relations avec la Caisse 
        Interprofessionnelle de Prévoyance des Cadres de Paris qui avait 
        à assurer un placement de fonds, l'accord fut facilement réalisé 
        en raison de la garantie de l'Algérie accordée par le Gouverneur 
        Général de l'Algérie. Le prêt était 
        de 150 millions, somme nécessaire pour terminer, dès l'année 
        1951, le programme prévu jusqu'en 1956.
 --------Une 
        telle avance sur un programme social a posé bien des problèmes 
        mais l'emprunt de 150 millions était intéressant, puisque 
        remboursable en dix ans, et il fût ratifié par l'Assemblée 
        Générale extracrdinaire de la Caisse le 12 avril 1951.
 
 --------En 
        décembre de la même année, le village était 
        terminé.
 
 --------Ce 
        village, situé sur une pente Nord du Domaine, très fraiche 
        en été, comprend une centaine d'appartemcnts répartis 
        dans des Pavillons de différents types. Chacun de ces appartements 
        est équipé pour receviir facilement un groupe familial de 
        10 personnes. Chaque entrée, indépendante, ouvre sur une 
        salle de séjour, centre de l'appartement. Cette salle comprend 
        : table, chaises, 2 couchettes superposées, une chaise d'enfant:, 
        une chaise longue, une petite table aves chauffe-biberon et réchaud 
        électrique pour les bouillies ; une cheminée, pouvant être 
        utilisée l'hiver, l'agrément. Sur un côté de 
        cette salle, s'ouvrent deux chambrettes alcôves de deux couchettes 
        superposées chacune, permettant de répartir convenablement 
        grand garçons et grandes filles s'il y a lieu. Sur l'autre côté, 
        s'ouvre d'une part une chambre des parents oà l'on peut encore 
        disposer un lit de bébé de 3 à 4 ans et un berceau 
        : cette chambre comporte un grand placard penderie ; d'autre part, de 
        la pièce centrale, on a accès sur le bloc hygiène 
        qui comprend : lavabo et douches (eau chaude - eau froide), un W.C. ; 
        une baignoire est mise à la disposition des familles, ayant de 
        jeunes bébés. Un nécessaire d'entretien est prévu 
        pour le ménage. Cet appartement ne comporte pas de cuisine puisque 
        les repas sont pris au Restaurant. Les petits lavages familiaux peuvent 
        être effectués dans les 4 buanderies et séchoirs, 
        munis de tables et accessoires de repassage, répartis à 
        travers le village et qui ont été construits à la 
        même époque.
 
 --------L'ensemble 
        de "l'appartement" offre une surface habitable de 52 m2.
 
         
          |  Plan 
              d'aménagement intérieur de deux appartements jumeaux |  -------Depuis, en 
        bordure de ce village, une Salle de Réunion où peuvent se 
        tenir les Assemblées de Parents, des conférences et, l'hiver, 
        des séances de cinéma, a été construite. Une 
        bibliothèque est à la disposition des grands et des petits, 
        ainsi qu'un bazar où les familles peuvent se procurer tous les 
        menus articles d'utilité courante.
 --------Le 
        Centre de Vacances se devait d'offrir à ses familles toute une 
        gamme de distractions. Pour les sportifs, de vastes terrains sont aménagés 
        : stades de football, de volley-ball, de basket-ball, plateaux d'éducation 
        physique avec tous les accessoires traditionnels. Pour les tout petits, 
        un parc d'enfants où ils peuvent s'initier aux joies du toboggan, 
        des balançoires, des manèges... ou du sable ! Pour les gens 
        tranquilles, un boulodrome et tous les jeux de société dont 
        on peut rêver. Les soirs d'été, dans un théâtre 
        de verdure ont lieu, deux fois par semaine, des séances de cinéma. 
        Dans l'avenir une piscine augmentera l'agrément du Centre. En cas 
        d'accident, de malaise, ,une infirmerie dispense les soins nécessaires. 
        Un bar ou la buvette champêtre offre à certaines heures des 
        rafraîchissements.
 
 --------A 
        cet ensemble mis directement à la disposition des familles s'ajoutent 
        les services Administratifs aussi réduits que possible, le Magasin 
        Général , la Buanderie-Lingerie, etc... Bref tout ce qu'il 
        faut pour faire vivre et distraire une population de 700 personnes.
 
 --------L'idée 
        de 1942 est devenue une réalité en 1952.
  LE SEJOUR DES FAMILLES. --------Cette réalité, 
        de nombreuses familles l'ont déjà vécue, car la C.I.C.A.F.D.A. 
        n'a pas attendu l'achèvement du Centre pour l'ouvrir.
 --------Durant l'été 1950, les 10 
        premiers appartements ont été occupés successivement 
        par 33 familles groupant 257 personnes, soit 68 parents et 189 enfants.
 
 --------Durant 
        l'été 1951, dans la mesure où le permettait l'avancement 
        des importants travaux en cours, 96 familles ont été reçues, 
        réunissant 578 personnes dont 194 parents et 384 enfants.
 
 --------A 
        l'aide de ces premières expériences, les notes dominantes 
        d'un séjour au Centre Familial peuvent déjà être 
        dégagées.
 
 --------- 
        Le repos de la mère de famille est enfin possible : dès 
        son arrivée, l'Assistante Sociale s'informe rapidement du régime 
        auquel ses plus petits enfants sont habitués afin de lui faire 
        procurer ou servir à table tout ce qu'il lui faut. Au Restaurant, 
        les menus des tout petits sont servis en même temps que les hors-d'eeuvre 
        de façon à permettre à la maman de prendre tranquillement 
        son repas. Dans la journée, elle peut, si elle le désire, 
        confier ses enfants à des jardinières d'enfants, à 
        des monitrices ou à des moniteurs qui sont chargés de les 
        distraire. La plupart des mères de famille à quelque degré 
        de l'échelle sociale qu'elles appartiennent, déclarent que 
        ce sont les premières vacances de leur vie.
 
 --------- 
        Un climat de liberté fait de ce séjour de vraies vacances 
        : pas de vacances sans liberté. Chaque famille organise sa vie 
        comme elle l'entend. Le petit règlement intérieur du Centre 
        n'a d'autre raison d'être que de faire respecter à chacun 
        la liberté des autres. Les familles d'ailleurs participent à 
        l'organisation des loisirs comme elles peuvent proposer à la Direction 
        tout ce qui leur semble souhaitable, grâce à un Conseil de 
        Parents élu par elles.
 
 
 
         
          |  Un 
              pavillon familial , la buanderie familiale |  -------Les 
        familles sont heureusement surprises de pouvoir se procurer au Centre, 
        chaque matin, le quotidien de leur choix. Comment pourrait-il en être 
        autrement puisque le Centre est ouvert à tous les salariés 
        quels que soit leur origine et quelles que soient leurs convictions.
 --------- 
        Une ambiance très naturelle de large fraternité s'instaure 
        au Centre : Toutes ces familles d'origines sociales ou ethniques très 
        diverses vivent ensemble sans aucune difficulté. A quoi cela tient-il 
        A la brièveté du séjour, peut-être... Mais 
        plus encore au fait que d'abord toutes sont reçues sur un pied 
        d'égalité absolue, non seulement matériellement, 
        mais surtout dans les rapports avec le personnel. Ensuite au fait que 
        le confort offert ou les égards rendus sont d'un certain niveau 
        ; les familles les plus aisées (les quelques-unes qui ont l'équivalent 
        chez elles) ou les plus simples (les nombreuses familles qui mènent 
        une vie précaire) prennent davantage conscience alors de leur dignité 
        propre et de celle des autres ; la conséquence est un respect mutuel 
        qui n'est pas atténué, comme dans la vie coutumière, 
        par le cadre de vie sur lequel souvent on se juge. Au Centre Familial 
        de Vacances, pour cette raison, les familles sont portées plus 
        naturellement à ne se juger que sur leurs qualités humaines... 
        et moins d'après les préjugés ; elles se découvrent. 
        Enfin, au fait que chaque famille conserve son indépendance, son 
        unité, sa personnalité parce qu'elle a un " chez soi" 
        où elle est vraiment chez elle.
 
 --------Gens 
        de divers races et milieux peuvent participer à un même séjour, 
        il n'y a jamais promiscuité, il n'y a jamais de gêne pour 
        vivre chez soi selon ses coutumes ; chaque famille se mêle librement 
        aux autres familles dans la mesure et de la façon dont elle le 
        désire ; elle le fait d'elle-même progressivement et d'autant 
        plus facilement qu'elle a un " home " où elle peut rester 
        elle-même. La vie de tout ce monde est souvent si cordiale que beaucoup 
        demandent l'année suivante à revenir ensemble.
 
 --------- 
        La tenue des familles est remarquable : on fait toilette avant de descendre 
        au Restaurant où les enfants sans doute impressionnés favorablement 
        par le Cadre, se tiennent d'une façon étonnante. Sur le 
        plan matériel, les déprédations sont nulles, la casse 
        insignifiante. Avant leur départ, d'elles-mêmes, les familles 
        tiennent à ce que leur appartement soit aussi propre et bien rangé 
        qu'à leur arrivée ; il n'y a aucune exception. On peut voir 
        dans ce geste un réflexe de propreté provoquée peut-être 
        par la qualité et la tenue de ce qu'elles ont trouvé, mais 
        aussi un remerciement et le souci que les autres soient aussi bien qu'elles 
        mêmes.
 
 --------Beaucoup 
        au cours de leur séjour, ne cachent pas leur admiration pour l'intérieur 
        qui leur est offert et déclarent que ça leur donne des idées 
        pour arranger leur appartement habituel. Le témoignage d'Assistantes 
        Sociales qui ont visité des familles où l'appartement était 
        remis en état et même aménagé dans le genre 
        " Ben-Aknoun ", se passe de commentaires.
 
 --------- 
        Les répercussions sociales de ce séjour peuvent parfois 
        être assez importantes
 
 --------Quelques-uns 
        plus marqués par la misère et les soucis, ont un réflexe 
        d'insatisfaction continuelle. Les premiers jours, il leur manque toujours 
        quelque chose. Peu à peu, le calme des lieux et surtout le standard 
        de vie qui les comble, les apaisent et les détendent : les requêtes 
        extraordinaires, les inquiétudEs disparaissent et ils repartent 
        moins aigris.
 
 --------Bien 
        des visiteurs croient qu'au moment du départ les familles sont 
        désespérées de quitter la vie qu'elles ont connue. 
        Certes, il y a eu des larmes, mais ces larmes, plus que le regret, recouvraient 
        la reconnaissance, l'émotion d'avoir connu de vraies vacances. 
        Ce séjour est dans la vie de la plupart un vrai rayon de soleil. 
        Elles en ont joui et elles ont l'espoir (l'en jouir de nouveau.
 
 --------Toutes 
        quittent le Centre fortifiées physiquement et moralement. Certaines 
        mêmes partent fières d'avoir été traitées 
        comme elles l'ont été : elles réalisent qu'elles 
        ont été traitées comme il se doit et repartent dans 
        la vie plus conscientes de leur dignité.
 
 --------Jusqu'à 
        présent, en raison des travaux, le Centre a surtout fonctionné 
        l'été pour les congés payés. A partir de cette 
        année, il est largement ouvert non seulement en toutes saisons 
        pour les congés payés, mais encore en dehors de l'été 
        comme Centre de repos pour la famille.
 
 --------Durant 
        l'été 1952, ce sont 600 familles groupant 4.000 personnes 
        qui pourront être reçues. Voici les conditions générales 
        d'admission dans ces différents cas.
 
 A. - Période du 1" juin au 30 septembre
 --------- 
        Le séjour n'est accordé qu'à l'occasion du congé 
        payé du Chef de famille, à toute la famille réunie 
        pour une période de 15 jours minimum ou 3 semaines maximum.
 --------- 
        Le séjour est réservé aux allocataires de la Caisse 
        Interprofessionnelle de Compensation des Allocations Familiales du Département 
        d'Alger ; cependant, dans la mesure des places disponibles, des salariés 
        appartenant à d'autres Caisses peuvent être reçus 
        sous réserve d'accord avec leur Caisse.
 --------- 
        Ne sont admises que les familles ayant au moins 3 enfants bénéficiaires 
        d'allocations familiales, ou celles de 2 enfants ayant moins de 5 ans, 
        ou celles où un 3"'o enfant est attendu.
 --------- 
        Aucun membre de la famille ne doit avoir une maladie contagieuse.
 --------- 
        Verser à l'arrivée au Centre le montant de l'indemnité 
        de congé payé, majoré du montant correspondant des 
        allocations familiales, quel que soit ce salaire et quelque soit le nombre 
        d'enfants bénéficiaires d'allocations familiales.
 
 --------Cependant, 
        les salaires pris en considération sont plafonnés à 
        60.000 francs.
 
 B. - Période d'Octobre à fin Mai.
 Congés Payés
 --------Toutes 
        les familles, quelque soit le nombre des enfants sont admises, aux mêmes 
        que pour la période d'été.
 Séjours pour convalence 
        ou repos--------- 
        La personne ayant besoin de repos peut séjourner au Centre accompagnée 
        ou non de membres de sa famille (conjoint ~ enfants).
 --------- 
        La durée du séjour est au minimum de 8 jours et peut être 
        prolongée suivant les possibilités du Centre.
 --------- 
        Le prix du séjour, logement et nourriture compris, est fixé 
        actuellement à
 --------- 
        650 francs par jour pour les grandes personnes et enfants de plus de 10 
        ans ;
 --------- 
        325 francs par jour pour les enfants de 2 à 10 ans.
 --------Indépendamment 
        de ces séjours, la C.I.C.A.F.D.A. est en pourparlers avec l'Union 
        Nationale des Caisses d'Allocations Familiales et divers organismes sociaux 
        métropolitains, pour recevoir des salariés de France en 
        hiver au Centre Familial. Ce serait un moyen de révéler, 
        à bon compte, aux salariés métropolitains et à 
        leurs familles notre Algérie dont personne ne peut plus ignorer 
        les problèmes. A une époque de l'année, justement, 
        où le tourisme se fait en Algérie. QUELQUES APPRECIATIONS. --------M. 
        Roger LEONARD, Gouverneur Général de l'Algérie. à 
        l'occasion de sa visite du 17 novembre 1951, voulait bien laisser sur 
        le Livre d'Or du Centre, l'appréciation suivante : " Il 
        n'est pas de grande uvre humaine et surtout il n'est pas de grande 
        oeuvre française - où l'on ne trouve associées à 
        sa naissance, l'intelligence du cur et l'ingéniosité 
        de l'esprit.--------Le 
        Centre Familial de Vacances de Ben-Aknoun en est un des plus éclatants 
        exemples : il est d'ailleurs mieux qu'une réalisation, il est aussi 
        un exemple de ce qui, dans ce pays, peut et doit être fait pour 
        témoigner que la fraternité française et une vivante 
        réalité. x"
 
 --------Sur 
        ce même Livre d'Or, bien des visiteurs de milieux et d'idéologies 
        divers ont tenu à faire connaître leur jugement sur le Centre. 
        Les appréciations portées sont unanimes. Qu'il nous suffise 
        de citer celle qui illustre parfaitement le but familial poursuivi.
 
 --------"Ben-Aknoun 
        réalise vraiment l'idéal du Service Social : permettre à 
        chaque famille de vivre dans un cadre harmonieux, retrouver le sens du 
        foyer, de l'intimité et en même temps participer à 
        une vie collective bien conçue.
 Il serait à souhaiter que beaucoup d'organismes puissent réaliser 
        une aussi belle uvre. "
  Mlle P. TOURNIERPrésidente de l'Association Nationale
 des Assistantes Sociales
 
 LE CENTRE DE FORMATION 
        PROFESSIONNELLE ACCELEREE DE L'HOTELLERIE EN ALGERIE. --------C'est 
        à dessein que dans la présentation du Centre Familial, il 
        n'a pas été parlé du Centre Hôtelier, élément 
        important dans le fonctionnement du Centre de Vacances où il est 
        installé. Il a semblé plus intéressant de rassembler 
        tout ce qui a trait au Centre Hôtelier de façon à 
        en donner aisément une idée plus c6rnplète.
 --------Au 
        Centre Familial de Vacances devaient être rattachées ultérieurement, 
        ainsi que l'avaient prévu ses fondateurs, une école ménagère 
        et une école d'orientation professionnelle destinées, l'une 
        et l'autre, aux filles et aux garçons des allocataires de la C.I.C.A.F.D.A., 
        afir. de les former et, en même temps d'assurer les services essentiels 
        du Centre.
 
 --------Le 
        hasard devait en décider autrement, dans 'la ligne tracée, 
        mais plus parfaitement.
 
 --------C'est. 
        en effet, à la suite d'une rencontre inattendue, le 25 février 
        1950, entre les dirigeants de la C.I. C.A.F.D.A. désireux de pourvoir 
        à l'alimentation des familles devant séjourner au Centre 
        Familial de Vacances, et ceux de la Fédération Algérienne 
        des Syndicats d'Hôteliers, Restaurateurs et Limonadiers, désireux 
        de fonder un centre de formation du personnel hôtelier et de trouver 
        pour ce centre des bouches à nourrir, qu'un accord fut conclu le 
        1er avril 1950, entre la C.I.C.A.F.D.A. et cette Fédération 
        en vue de la création, au Centre Familial de Ben-Aknoun, du Centre 
        de Formation Professionnelle de l'Hôtellerie en Algérie.(voir 
        photo de classes)
 
 --------Le 
        Centre Familial offre son installation matérielle de Restauration 
        (Restaurant, cuisine, pâtisserie) et assure dans ses locaux (appartements, 
        dortoirs, salle de cours) l'hébergement du Directeur du Centre 
        hôtelier ainsi que des moniteurs et des élèves ; en 
        contre partie, le Centre Hôtelier offre ses services gratuits pour 
        assurer la Restauration des familles reçues au Centre Familial 
        de Vacances : Solution financièrement intéressante pour 
        les deux parties.
 
 --------Le 
        Centre de Formation Professionnelle est régi par le Titre III de 
        l'arrêté du 29 avril 1949 concernant l'organisation de la 
        Formation Professionnelle en Algérie.
 
 --------Le 
        financement du Centre Hôtelier est assuré selon la réglementation 
        de la Formation Professionnelle, c'est-à-dire, qu'il est alimenté 
        par la taxe professionnelle, reversée sous forme de subvention 
        au Comité de Gestion selon un budget prévisionnel établi 
        par ses soins avec toutes les justifications comptables d'usage.
 
 --------Le 
        but de ce Centre est de former les jeunes gens qui se destinent à 
        l'hôtellerie et de les orienter vers les différents services 
        de cette profession : cuisine, pâtisserie, service de salle, secrétariat, 
        etc..., selon leurs goûts et leurs aptitudes individuelles et de 
        leur donner des notions suffisantes sur l'organisation complète 
        d'un hôtel, afin de leur permettre, dans l'avenir, d'accéder 
        à des postes plus élevés.
 
 --------La 
        création de ce Centre de Formation Professionnelle répond 
        en Algérie à un besoin urgent. Indépendamment de 
        l'avantage offert aux jeunes gens d'apprendre un métier qui n'est 
        pas surchargé en main d'oeuvre qualifiée, le Centre leur 
        assure pendant les 18 mois de stage : une rétribution, la nourriture, 
        ainsi que le logement et le blanchissage pour les internes.
 
 --------Le 
        Directeur du Centre hôtelier est assisté pour la formation 
        des élèves par plusieurs professeurs un moniteur maître 
        d'hôtel, un moniteur chef cuisinier, un moniteur chef pâtissier 
        et plusieurs moniteurs ou surveillants chargés de cours.
 
 --------Le 
        C.F.P.H. est ouvert à tous les jeunes Français de statut 
        civil Français ou de statut personnel musulman, âgés 
        de 17 ans révolus.
 
 --------L'admission 
        est prononcée dans la limite des places disponibles. Le degré 
        d'instruction doit être au moins égal au Certificat d'études 
        primaires. Le candidat dont la demande est retenue est soumis à 
        une visite médicale et à un examen psychotechnique qui peuvent 
        être éliminatoires.
 
 --------La 
        Formation Professionnelle se fait en 18 mois, dont une année au 
        Centre et 6 mois dans un établissement hôtelier agréé 
        par le Centre.
 
 --------A 
        l'expiration des 18 mois de stage, les élèves peuvent obtenir 
        après examen, le certificat d'aptitude professionnelle.
 
 --------Le centre pourra pourvoir, sous certaines 
        conditions, à leur embauchage.
 
 --------L'année 
        scolaire commence chaque année au Centre aux environs du 15 octobre 
        et se termine l'année suivante à la même époque.
 
 --------50 
        stagiaires peuvent être formés chaque année. A l'Incorporation 
        de la 2°' promotion en octobre 1951, 200 candidats pour ces 50 places.
 
 --------Indépendamment 
        des cours pratiques, les stagiaires ont des cours théoriques correspondant 
        au service qu'ils ont choisi et des cours de culture générale 
        : révision de leur français et de leur arithmétique, 
        cours de langues, etc...
 
 --------Le 
        concours de cette école assure aux familles qui viennent au Centre 
        un service et une cuisine d'une haute tenue : tout plat est prétexte 
        à démonstration, le service est assuré avec une gentillesse 
        du meilleur aloi.
 
 --------La 
        première promotion d'élèves, formée au Centre 
        Hôtelier, a quitté Ben-Aknoun le 29 septembre 1951. Les élèves, 
        placés en stage en hôtel du 1°' octobre 51 au 31 mars 
        1952, sont devenus des ouvriers accomplis, puisqu'au 1" avril 1952, 
        la quasi-totalité a été conservée par les 
        hôteliers, de toute l'Algérie où ils se trouvaient.
 
 --------C'est 
        le meilleur des témoignages.
 
 --------A 
        l'expérience, il est apparu que le Centre Familial et le Centre 
        hôtelier sont très complémentaires et leur heureuse 
        collaboration contribue à créer une ambiance idéale 
        de vacances ou de repos.
 J. DESPINSDirecteur du Centre Familial de Vacances
 Mai 1952
 
 
 
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