| LES ZOUAVES À 
        TRAVERS LES CARTES POSTALES Cette aventure commence le 14 juin 1830, 
        lorsque la France débarque à Sidi-Ferruch...
 Les zouaves étaient des unités d'infanterie appartenant 
        à l'Armée d'Afrique qui dépendait de l'armée 
        de terre française. Ces unités, à recrutement principalement 
        métropolitain, ont existé de 1830 à 1962, puis de 
        1982 à 2006, par la garde de ses traditions au CEC 9e ZOUAVES de 
        Givet (Ardennes). Les régiments de Zouaves sont, avec les régiments 
        de Tirailleurs algériens et tunisiens, parmi les plus décorés 
        de l'armée française et viennent juste après le Régiment 
        d'Infanterie Coloniale du Maroc (RICM), appartenant aux troupes coloniales, 
        et le régiment de marche de la Légion étrangère, 
        appartenant à l'Armée d'Afrique.
 
 D'autre pays ont également créé des corps de Zouaves 
        sur le modèle des troupes pontificales, Etats-Unis lors de la guerre 
        de Sécession.
 Notons qu'en marge de l'histoire officielle de l'armée française, 
        le 11 Avril 1866 une circulaire du Maréchal Randon autorise la 
        création de la "légion d'Antibes" qui donne naissance 
        à un bataillon de zouaves pontificaux, pour la plupart des Français 
        (au service des Etats du Saint-Siège en Italie), cette création 
        était déjà l'idée de Juchault de La Moricière 
        (figure légendaire, ancien officier charismatique au 2e Zouaves, 
        il devient ministre de la guerre en juin 1848, puis il choisit l'exil 
        sous le second Empire), qui ainsi dirige un corps d'élite qui ajoute 
        aux traditions d'héroïsme des zouaves d'Afrique l'idée 
        chrétienne de l'abnégation et du sacrifice. Il est à 
        noter aussi qu'aux Amériques, pendant la guerre de sécession 
        entre Confédération et Union, le prestige de l'armée 
        française est tel que dans les camps du Nord et du Sud sont constitués 
        des régiments de zouaves, dans lesquels s'enrôlent de nombreux 
        volontaires souvent d'origine française.
 
 Le terme Zouave vient du berbère ZWAVA, ou ZOUAOUA, qui est le 
        nom d'une tribu kabyle. Ceux-ci fournissaient des soldats aux Turcs sous 
        le régence d'Alger et, après la prise d'Alger (1830), ils 
        entrent au service de la France.
 CONQUÊTE DE L'ALGERIE
 Le 15 août 1830, le recrutement des 
        500 premiers zouaves est fait par le général en chef de 
        l'expédition d'Alger, le comte de Bourmont, sur les conseils et 
        un mémoire du colonel Alfred d'Aubignosc.
 Le ler octobre 1830 le général Clauzel crée le corps 
        des zouaves, formé de deux bataillons. Deux escadrons de zouaves 
        à cheval sont également formés, mais intégrés 
        dès 1831 aux chasseurs d'Afrique. Il y eut une tentative de leur 
        incorporer les " Volontaires parisiens ", ce fut un échec 
        et ces volontaires formèrent le 67e régiment d'infanterie.
 
 D'octobre 1830 à janvier 1831, ils combattent le bey de Titteri, 
        et occupent Blida et Médéa. Leur premier succès remarqué 
        a lieu le 3 juillet 1831 au col de Mouzaïa, lorsqu'ils couvrent la 
        retraite de la garnison de Médéa.
 
 Après l'euphorie des débuts, deux erreurs majeures empêchent 
        le développement normal du " Corps des Zouaves ". En 
        effet, les capacités de recrutement en indigènes de la région 
        d'Alger ont été largement surestimées, et plus grave 
        encore, aucun des cadres français n'a pensé à l'adaptation 
        à l'activité militaire d'indigènes ayant d'autres 
        habitudes de vie et une autre religion. Ceci provoque l'ordonnance du 
        7 mars 1833 qui dissout les deux bataillons pour en créer un seul, 
        mais mixte. Ainsi on peut recruter aussi parmi les Français qui 
        vivent à Alger. Les résultats ne se font pas attendre et 
        dès 1835 un deuxième bataillon mixte est levé, puis 
        un troisième en 1837.
 
 Le premier régiment est placé sous le commandement de Lamoricière. 
        Ils s'illustrent encore à la bataille de l'Ouarsenis, à 
        l' Isly (1844), et prennent Zaatcha en 1849.
 
 Paradoxalement, l'accroissement de volontaires français empêche 
        le recrutement normal des arabes, ceux ci en effet préférant 
        se retrouver entre eux dans des unités homogènes.
 
 Ainsi l'ordonnance du 8 septembre 1841, qui réorganise la composition 
        de l'Armée française indique la formation d'un régiment 
        de zouaves formé de trois bataillons. Mais la nouvelle particularité 
        essentielle et fondamentale dans la politique de recrutement, est que 
        les troupes indigènes ne font plus partie de ce corps.
 
 Les zouaves sont dorénavant exclusivement d'origine métropolitaine. 
        Les autochtones forment alors les Tirailleurs algériens, les Turcos, 
        (7 décembre 1841).
 
 Le 13 février 1852, Louis-Napoléon signe un décret 
        portant à trois le nombre de régiments de zouaves, chacun 
        des trois bataillons existants formant le noyau des nouveaux régiments 
        ainsi créés.
 
 Et pour les distinguer entre eux, une couleur est appliquée au 
        tombeau (Francis Rambert :" Il 
        s'agit en réalité du tombô (et non du tombeau) qui 
        se réfère à l'ornement des côtés de 
        la veste orientale que portent zouaves, tirailleurs et spahis, et dont 
        le fond différencie les régiments par sa nuance.
 Les passementeries de la veste d'origine turque représentent une 
        sorte de serpent enroulé ou de queue dont le centre a été 
        orné d'un fond de drap, de soie ou de velours dont la couleur tranche 
        le plus souvent avec la couleur de la veste. C'est ce morceau de tissu 
        de couleur qui aurait désigné ces passementeries par le 
        mot d'origine arabe dumbé qui signifie " queue ". Du 
        mot turc transcrit dumbé par les dictionnaires, la représentation 
        en caractères arabes pouvait se lire dombou, bientôt prononcé 
        " tombô " par les soldats de la conquête de l'Algérie.) 
        de la veste:
 - le ler cantonne à Blida en Algérois, tombeau garance ;
 - le 2e à Oran (caserne du Château Neuf) en oranais, tombeau 
        blanc ;
 - le 3e à Philippeville (caserne de France) en Constantinois, tombeau 
        jaune.
 
 UNIFORME
 
         
          |  Document Bernard Venis Voir Kolea
 |  L'uniforme des zouaves est très élaboré. 
        Les zouaves portaient une chéchia avec un gland coloré (généralement 
        jaune, rouge, bleu ou vert) et un turban, une veste courte et ajustée 
        sans boutons, une large ceinture de toile longue de trois mètres 
        enroulée autour de la taille, des culottes bouffantes, des guêtres 
        blanches et des jambières. La ceinture était l'élément 
        le plus difficile à mettre, le zouave devant souvent appeler à 
        l'aide un de ses compagnons. Le style de cet uniforme, variant totalement 
        de celui des autres types d'infanterie français, a pour origine 
        le style vestimentaire des populations kabyles de l'époque.
 L'uniforme que portent les zouaves, a une implication des plus importantes 
        dans l'esprit de corps de ces hommes hors du commun à forte proportion 
        d'engagés volontaires et de rengagés, ce qui explique la 
        ténacité, la force et la cohésion au sein des divers 
        régiments. De ce fait la tenue à " l'orientale " 
        si remarquable ne subira pratiquement aucune modification, du moins pour 
        la troupe, pendant toute sa période de dotation.
 
 Cet uniforme, si étrange, tient plus d'une mode et d'une fascination 
        pour les choses exotiques lors de la dernière moitié du 
        XIXe siècle, que d'une réelle exigence bien fondée 
        et raisonnable en terme d'habillement militaire. Ainsi l'on tente de concilier 
        l'inconciliable, car le zouave a besoin d'une tenue chaude pour les nuits 
        fraîches et d'une tenue fraîche pour les journées chaudes. 
        Et ces effets comportent énormément de défaillances 
        : son pantalon large s'accroche dans les broussailles, veste et gilet 
        découvrent le cou, le collet à capuchon ne protège 
        pas les jambes ni les cuisses du froid et de la pluie, et la chéchia 
        ne protège contre rien... et pourtant, le prestige eut le dessus.
 
 CAMPAGNES
 
 Les zouaves se distinguent à plusieurs occasions lors des campagnes 
        du Second Empire. La guerre de Crimée est la première campagne 
        des zouaves en dehors de l'Algérie. En Crimée, à 
        la bataille de l'Alma, le 3e régiment de zouaves prend par surprise 
        les Russes en gravissant des escarpements rocheux, en s'emparant de leur 
        artillerie puis en la retournant contre eux. C'est en hommage à 
        cette victoire qu'est réalisé le zouave du pont de l'Alma, 
        sur la Seine, à Paris.
 
 Entre plusieurs escarmouches contre des tribus sans cesse en révolte 
        en Kabylie, la campagne d'Italie contre les autrichiens est engagée. 
        Puis c'est la mésaventure au Mexique, où le 2e puis le 3e 
        Zouaves se distinguent. Juillet 1870, la France déclare la guerre 
        à la Prusse, et malgré les infortunes des combats, les régiments 
        se couvrent de gloire, surtout à la bataille de Froeschwiller-Woerth.
 
 Pendant la 3e république, les quatre régiments de zouaves 
        sont reconstitués en 1872. Ils participent à des opérations 
        de maintien de l'ordre d'ampleurs diverses en Algérie et Tunisie, 
        puis à la pacification du Maroc. Les événements à 
        Hanoï au Tonkin de 1883 à 1900, contraignent la France à 
        envoyer nos troupes en Indochine. Les régiments de zouaves participent 
        bien entendu également à la Première et à 
        la Seconde guerre mondiale. Il serait trop long de rappeler les glorieux 
        faits d'armes des régiments mais il faut savoir que pour les décorations 
        et les citations, les zouaves, avec les tirailleurs nord-Africains, sont 
        parmi les troupes les plus honorées.
 
 " Magnifique régiment animé de toutes les vertus guerrières 
        qui a généreusement versé son sang sur les principaux 
        champs de bataille et a connu le succès chaque fois qu'il a fait 
        revivre en l'ennoblissant encore par la constance et la ténacité 
        de ses efforts la tradition des Zouaves. "
 
 Avec l'indépendance de l'Algérie et le rapatriement des 
        Européens en Juillet 1962, le corps des zouaves est dissous. La 
        devise des zouaves est : "Etre zouave est un honneur. Le rester est 
        un devoir".
 Jean Marc LABOULBENE Bibliographie : Bruno Carpentier, La légende des zouaves ED. SOPAIC
 Jean -François Catteau, Militaria n° 129 & 197, Histoire 
        & Collection.
 |