M. le préfet Trémeaud s’est rendu samedi après-midi à l’Al ma. Le chef du département,
qui représentait en cette occasion M. Roger Léonard, inaugura deux belles réalisations : la Maison de l’agriculture et le Centre médicosocial.

Un large éventail de personnalités
L’Alma avait pavoisé en l’honneur de la visite officielle. Un détachement du C.I.M. 10 ajoutait encore à la solennité des manifestations qui débutèrent par le dépôt d’une gerbe au monument aux morts. On reconnaissait, aux côtés de M. Trémeaud, les personnalités suivantes, hôtes de M. Scherne, maire de l’Alma : MM.Tamzali, sénateur ; Torrès, délégué à l’Assemblée algérienne ; Zévaco et Halimi, conseillers généraux ; Vialas, directeur de l’Agriculture ; Ruty, directeur départemental ; Deloye, directeur de l’Institut agricole ; le docteur Lartigues, directeur départemental de la Santé publique. M. Lamy, président de la C.G.A., était accompagné de MM. Baron,
conseiller économique et secrétaire général de la Fédération des exploitants du sol ; son collègue, le docteur Ettinghoffer ; Dourin, représentant la chambre d’agriculture ; Mouhoub, Fédération des primeuristes.
Les organismes bancaires étaient représentés par M. Picinbono, vice-président du Crédit central agricole ; M. Gamonet, président de la caisse locale de l’Alma ; M. Lafon, directeur général de la Caisse centrale de réassurances ; M. Wacheux, directeur de la Caisse de solidarité des départements et communes ; M. Léonardon, président d’Alger-Assurances ; MM. Schiavo, Michaux, etc.
On notait encore la présence du colonel de gendarmerie Bezanger, accompagné du commandant Prunet et celle de MM. les Maires et conseillers municipaux des communes voisines. Deux belles réalisations
C’est M. Gamonet qui fit les honneurs de la Maison de l’agriculture. construction parfaitement adaptée aux besoins du canton : financiers, professionnels et sociaux. 394 sociétaires (dont 302 musulmans) viendront y trouver un appui pour poursuivre leurs travaux. (On sait que la région est caractérisée par sa polyculture.)

A l’autre bout du village, M. le préfet Trémeaud inaugura, quelques instants plus tard le centre médico social. Ce dispensaire va fonctionner dès cette semaine sous l’autorité des docteurs Vantey, Imbert et Imbert-Benoist. Indigents et ouvriers agricoles, couverts par la Sécurité sociale, bénéficieront de soins éclairés dans des installations modèles : salles de consultations, de radio,
pharmacie, etc...

Les frais de construction ont été à la charge du budget de l’Algérie dans une large mesure. La commune apportant le complément. L'agriculture algérienne en danger
Les discours constituèrent la phase finale des cérémonies d’inauguration. Ils furent prononcés dans la salle des fêtes où les traiteurs Émile et Charles Baroll avalent organisé un cocktail.
Ce fut M. Zerhabib qui prit le premier la parole pour souhaiter, au nom des conseillers municipaux du deuxième collège, la bienvenue aux visiteurs. Puis M. Gamonet vit dans la Maison de l’agriculture un acte de foi dans la mutualité agricole et les destinées de l’Algérie française. Évoquant les temps difficiles que traversait l'agriculture locale, M. Gamonet montra la nécessité des crédits à longs et moyens termes.
M. Picinbono, qui compte 31 ans de mutualité agricole, déclara que l’agriculture devait trouver, dans sa vitalité, ses propres revenus et termina en lançant un appel à l’union de tous les exploitants.
Le président Lamy, après avoir rendu hommage aux pionniers de la région et à leurs dignes successeurs, lança un cri d’alarme : « Il est grand temps qu’une politique agricole, digne de ce nom, soit instaurée pour mettre fin au malaise qui pèse sur la terre. Crise très pénible, car dans nos départements, toute l’économie est intimement liée à la prospérité de l’agriculture. Les mesures
spectaculaires prises par les paysans métropolitains ne visent qu’à attirer l'attention du gouvernement sur une situation injuste ».

L’orateur termina son allocution sur une note d’espérance.

MM. Halimi et Zévaco mirent aussi l’accent sur les difficultés rencontrées par l’agriculture algérienne, priant M. Trémeaud de s’en faire l’interprète auprès des pouvoirs publics. Mais tandis que M. Halimi traita les problèmes de la scolarisation et de l’habitat ruraux, M. Zévaco, en technicien de la santé, aborda la délicate question de la sécurité sociale agricole. Ce qu'est devenu un marais pestilentiel
M. Scherne salua en M. Trémeaud l’homme qui allie à ses hautes fonctions de grandes qualités personnelles et le remercia de l’audience favorable qu’il lui avait toujours réservée.
M. le préfet Trémeaud répondit alors aux orateurs précédents. Après avoir excusé M. Roger Léonard, retenu dans le Sud, il parla de l’Alma, commune exemplaire.
Créée par décret impérial en 1856, elle comptait alors 117 habitants.

Elle abrite aujourd'hui plus de 10.000 âmes. Un marais pestilentiel devenu une coquette cité, n’est-ce point là une leçon de confiance dans l’avenir et la meilleure réponse aux détracteurs de l’œuvre française ?
Au sujet de la crise actuelle, M. le préfet Trémeaud souligna que seule une confiance générale pouvait permettre à chacun de franchir les obstacles actuels.