-----Cette
nouvelle politique est néfaste au
peuplement de l'Algérie par les Français. Dans les dix (10)
années qui vont suivre, le nombre des étrangers subit une
augmentation de 40% alors que les Français voient leur nombre n'augmenter
que de 25%.
-----La France
connaît, entre 1850 et 1871, de grands évènements et
ses gouvernements prennent d'importantes décisions. Ce sont, notamment
- la loi Falloux du 15 Mars 1850 dont on n'a toujours pas fini de parler,
- la loi sur la presse du 16 juillet 1850,
- le coup d'état du 20 Décembre 1851, suivi de l'élection
de Louis-Napoléon à la présidence de la République,
pour 10 ans, suivie du rétablissement de l'Empire héréditaire,
-la guerre de Crimée de 1853 à 1856,
-la lutte contre les Maures et la prise e Médine en 1857,
-l'expédition franco-anglaise en Chine,
-en 1859, alors que Paris est embelli par le Baron Haussman, Napoléon
III déclare la guerre à l'Autriche, qui se termine par le
traité de Zurich,
- en 1860, la France reçoit la Savoie et le Comté de Nice
et lance une expédition au Liban,
- en 1862, l'expédition française au Mexique, qui durera cinq
(5) années, s'achève par l'abandon de Maximilien par la France.
Son exécution par les armes est un désastre pour la politique
du Second Empire.
- en 1864, droit de coalition et de grève accordé aux salariés,
- en 1867, l'euphorique exposition universelle,
- en 1868, vote de la loi militaire qui manque d'efficacité mais
qui endort l'opinion publique à qui sont masqués les dangers
croissants de l'armée prussienne,
- en 1869, l'inauguration du Canal de Suez ; les Républicains viennent
d'obtenir un franc succès aux élections du 6 septembre,
- en 1870, sombre année pour l'Empire qui s'écroule. Après
la guerre perdue contre l'Allemagne, au lendemain de la capitula
tion de Sedan, le 4 Septembre, la République est proclamée.
- le Second Empire fait place à un gouvernement de "défense
nationale" présidé par le Général Trochu
qui poursuit la guerre. Paris subit un siège et des bombardements.
Si Paris résiste, Metz capitule. Le Général Bourbaki
résiste mais se jette avec ses troupes en Suisse. La France signe
l'armistice, imposé, à Versailles où, le 18 Janvier
1871, les princes allemands réunis dans la Galerie des Glaces à
Versailles, proclament la reconstruction du Reich et attribuent la couronne
impériale au roi Guillaume.
- le 10 Mai 1871, le traité de Francfort ratifie les clauses par
lesquelles les Allemands occupent le Nord et l'Est de la France jusqu'au
paiement d'une indemnité de guerre de cinq (5) milliards.
- la guerre civile éclate à Paris qui vit une semaine sanglante,
du 21 au 28 mai. Les Kabyles profitent de cette situation, tout comme les
populations du Sud-Oranais, pour se révolter.
-----Pendant les
dix années qui séparent le traité de Francfort de
celui du Bardo, l'équilibre politique de la France se fragilise.
Ceci explique les incertitudes du lendemain dans l'administration et dans
le type de colonisation qui devait être poursuivie. Une indécision
entre deux types de colonisation, l'une d'occupation, oeuvre de la Monarchie
de juillet, l'autre de peuplement, celle appliquée par Bugeaud.
-----La perte
de l'Alsace-Lorraine provoque une émigration importante de ses
habitants.
-----L'insurrection
des Kabyles entraîne la récupération de 50.000 hectares
de terre, malgré le Sénatus-consulte de 1863 qui déclare
les tribus propriétaires de tout le territoire qu'elles occupent
effectivement. Les Alsaciens-Lorrains reçoivent dix mille hectares
de terre. Mille deux cents de leurs familles viennent s'installer et créer
des villages au nom historique "Strasbourg, Kléber, Belfort".
-----L'immigration
reprend et l'on revient au système des concessions gratuites. De
nouveaux émigrants arrivent de Provence, du Var, du Languedoc et
même de Bretagne. Des indigènes, algériens, se voient
également attribuer des concessions. Les centres anciens s'agrandissent
et de nouveaux se créent. Le concessionnaire du lot paie un loyer
annuel, recognitif, de un franc.
Seuls les Alsaciens-Lorrains sont immédiatement bénéficiaires
d'un titre de propriété définitif. Les autres émigrés
attendent neuf années, réduites à cinq en 1874, pour
l'obtenir.
-----De 1871
à 1878, huit mille cinq (8005) concessions sont attribuées,
trois mille cinq cent trente et une (3531) à des émigrants
et quatre mille quatre cent soixante quatorze (4474) à des Algériens
autochtones L'allocation de 400.000 nouveaux hectares se fait dans la
même période. La population française augmente de
50% et atteint un total de 195.000 habitants. Le décret du 30 Septembre
1878 règle, jusqu'en 1904, l'action de la colonisation qui revient
à celle prescrite par le décret du 12 Avril 1841, à
la demande du maréchal Bugeaud.
-----Le concessionnaire
est propriétaire sous condition suspensive. Il doit demeurer et
résider sur son lot pendant un délai de cinq (5) ans. Ce
délai est réduit à trois (3) ans lorsque les investissements
sont faits au titre des améliorations et s'élèvent
à mille (1000) francs, justifiés, par hectare. Au bout de
la première année de propriété définitive,
il peut céder son droit, mais à un autre Français.
Les lots de village sont au maximum de 40 hectares, ceux de ferme de 100
hectares.
-----Le gouvernement
peut mettre en vente aux enchères ces lots de ferme situés
dans un lieu où il est impossible de former un village. Peuvent
participer à l'adjudication tous les enchérisseurs, d'origine
européenne et les indigènes admis au bénéfice
des concessions, en récompense de services rendus.
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-----Ainsi
8641 lots partagent 400.000 de ces nouveaux hectares mis à l'ancan.
Ils intéressent le plateau de Sidi-Bel-Abbès, la plaine
de Mascara, le plateau de Sétif, celui de Constantine, la plaine
de Bône ainsi que les plateaux entre Guelma et Souk-Ahras. Nous
sommes à la fin de l'année 1880.
-----La création
et l'attribution de 2846 concessions sur une étendue de 176.000
hectares, se font dans la période des dix années suivantes.
Elles interessent le Dahra, la vallée de la Mina, l'Est Constantinois,
les Hauts-Plateaux et les côteaux dominant le Sersou. La population
française atteint en 1891, 267.000 âmes y compris les naturalisés
d'origines européenne, musulmane et israélite.
-----La colonisation
de peuplement se déroule suivant ces errements jusqu'au décret
du 13 Décembre 1904. Celui-ci maintient la gratuité des
concessions mais, pour éviter la spéculation, augmente le
délai d'obligation de résidence. Mais les lots sont d'une
plus grande superficie.
-----La vente
à bureau ouvert est, de nouveau, autorisée ; elle permet,
d'acquérir définitivement, d'emblée, une propriété,
l'Etat ne se prévalant pas de son action résolutoire vis-à-vis
des créanciers hypothécaires qui auraient consenti des prêts
pour des travaux ou des améliorations utiles. Jusqu'à la
guerre de 1914 la colonie dépense durant cette période prés
de 50 millions pour la création de 59 centres nouveaux, l'agrandissement
de 140 anciens centres, la constitution de 151 lots de ferme et le développement
des voies de communication.
-----Au cours
de cette période 53.000 concessions gratuites sont faites et 128.000
vendues.
-----Après
vingt années d'application, le 9 septembre 1924, un nouveau décret
codifie les modalités de concessions. Il fera prévaloir
le système de la vente et divers types d'aliénation. Mais
seuls les Français d'origine européenne et les européens
naturalisés peuvent acquérir à titre gratuit ou onéreux,
sous réserve que l'acquéreur s'engage à y résider
et à exploiter, personnellement pendant 20 ans la concession. Après
ce délai et pendant 20 nouvelles années les terres ne pourront
être cédées qu'à des colons francais. La moitié
des lots est réservée aux Algériens. La colonisation
dite officielle a pour objet d'attirer les immigrants français
; elle touche à sa fin.
-----En 1936,
la population française s'élève à 819.454
âmes qui se répartissent comme suit
-----Français
d'origine métropolitaine 14,2%
-----Français
d'origine algérienne 73,7%
-----Français
d'origine d'autres colonies 1,4%
-----Etrangers
naturalisés d'origine espagnole
4,4%
-----Etrangers
naturalisés d'origine italienne
3,6%
-----Etrangers
naturalisés d'origine perse 1,8% Etrangers musulmans naturalisés
français
0,9%.
-----A la
même époque, le recensement de 1936 fixe à 6 millions
le nombre de musulmans. Cette dernière appelation est erronée
car tous les recensés n'avaient pas embrassé la religion
islamique. En effet, il y avait des chrétiens parmi la population
indigène, mais pour une bien faible part. C'est pourquoi - et cela
est fort regrettable - le terme de musulman a été utilisé
pour désigner des indigènes de la Berbérie algérienne.
-----La colonisation
officielle et la colonisation privée permettent en un siècle
de présence et de paix française de multiplier par 4 1/3
le nombre desdits musulmans. Et cela n'a été possible que
grâce aux oeuvres d'hygiène et d'assistance, dans les villages
et gourbis, dans les dispensaires et les hôpitaux, accomplies par
les médecins de colonisation, les infirmières et les sagesfemmes.
-----Parallèlement
à cette action humanitaire,
l'économie du pays se voit développée tout comme
la connaissance grâce à l'enseignement dispensé dans
les écoles d'enseignement général, artisanales, professionnelles
ainsi que dans les collèges, lycées et enfin à la
faculté d'Alger. Voilà ce que les pionniers, soldats et
colons, ont apporté à l'Algérie et à la France
métropolitaine qui doit s'en souvenir et leur rendre l'hommage
qui leur est dû.
-----Ils ont
vaincu une nature rebelle, drainant, asséchant, comblant les marais
pour assainir les pays et emblaver les terres incultes, cela au prix non
seulement de leur labeur et de leur sueur mais aussi du don de leur vie.
-----En 1841,
30% des colons décédaient sous l'effort accompli dans un
milieu climatique des plus malsains où sévissaient malaria,
typhus, choléra, dysentrie, fièvre typhoïde et autres
maladies à l'état endémique. Nous sommes à
l'issue de l'exposé qui répond à la question posée
en début "Mais qui étaient
donc ces hommes et femmes ?"
-----Vous
les reconnaissez, ce sont vos parents et ancêtres, ouvriers, agriculteurs,
ingénieurs, enseignants, commerçants, militaires, Parisiens,
Alsaciens et Lorrains qui fuyaient leurs villages occupés par les
Prussiens, des gens du Nord, de Provence, de Bretagne et aussi des Espagnols
d'Alicante, de Valence, de Mahon, des Portugais, des Suisses, des Grecs
et des Italiens, des Lombards. Ils avaient l'espoir d'une meilleure vie
tout en participant à l'oeÙvre civilisatrice de la France
en Algérie.
-----Vous
devez, tout comme nos compatriotes métropolitains, être fiers
d'appartenir à cette race sans oublier ceux des Berbères
qui souhaitaient demeurer Français et sont demeurés fidèles
au drapeau tricolore, Harkis et ceux qui n'ont pas pu s'exprimer librement
sous la terreur F.LN.
-----Il vous
appartient, il nous appartient de rappeler à nos enfants et aux
générations montantes qui étaient ces colons tant
décriés, qui furent pour les indigènes des guides
et des initiateurs, base de la richesse algérienne.
Lt Colonel (er)
Bautista
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