*** La qualité médiocre 
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          Amélioration notable plus tard, dans les revues à venir. 
          " Algeria " en particulier.
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         LE 
          LIÈGE
LE 
          LIÈGE
        Le liège est la 
          principale ressource forestière de l'Algérie. D'un tempérament 
          robuste, courte de fût, pourvue d'une ramure irrégulière 
          et d'une cime large, l'essence précieuse se constitue en massif 
          généralement clair, de consistance variable, en raison 
          des différences de terrain, d'exposition, de situation vis-à-vis 
          des incendies et du pâturage. Un sous-bois souvent inextricable 
          couvre le sol. 
          
          Dans l'ensemble, la végétation des peuplements se montre 
          assez active dans la région de Tlemcen, le Sahel d'Oran, la région 
          de Mascara ; mais n'atteint son maximum de vigueur que dans l'Atlas 
          blidéen et surtout dans les montagnes du littoral constantinois 
          (Grande et petite Kabylie, régions de Philippeville et de Collo) 
          qui, à la faveur d'un climat relativement humide, se trouvent 
          être la véritable région du chêne-liège. 
          
          
          La récolte du liège se fait au printemps et peut-être 
          n'est-il pas sans intérêt de rappeler sommairement les 
          procédés d'exploitation employés. 
          
          Parlons d'abord du " démasclage". Cette opération, 
          qui a pour but de mettre le chêne en état de reproduire 
          périodiquement du liège, consiste dans l'enlèvement, 
          à l'époque de la sève, de l'écorcé 
          vierge, dite liège mâle, sur le fût des sujets, aptes 
          à être mis en rapport. Elle provoque, dans la végétation 
          de l'arbre, une certaine crise, qu'il importe de ne pas lui infliger 
          prématurément et des règles techniques doivent 
          être observées, L'expérience a, en effet, démontré 
          que des sujets de 0 m 50 ou même de 0 m 60 de tour à hauteur 
          d'homme supportent mal cette crise, qui peut même, parfois, déterminer 
          leur mort. En outre, les arbres trop petits ne donnent que du liège 
          crevassé, de qualité médiocre et on a intérêt, 
          pour augmenter, avec la surface de production, le rendement des récoltes 
          et améliorer leur qualité, à ne démascler 
          que des sujets d'âge moyen, ayant au minimum 0 m 70, ou mieux, 
          0 m 80 de tour sur écorce à hauteur d'homme. 
          
          En principe, un massif donné ayant été totalement 
          démasclé au cours d'une seule année, les exploitations 
          devraient, semble-t-il, revenir périodiquement sur toute la superficie, 
          à intervalles égaux, chacun à âge d'exploitabilité. 
          En fait, la croissance du liège étant très variable, 
          il n'en est pas ainsi. L'épaisseur marchande est atteinte, pour 
          certains sujets, au bout de six à huit ans, alors que pour d'autres 
          il faut douze ou quinze ans, de sorte que, comme l'a écrit M. 
          Lamey : " l'assimilation que l'on a essayé d'établir 
          entre le liège et le bois sous le rapport de l'exploitation n'est 
          pas possible : le liège doit plutôt être comparé 
          à un fruit, qu'il faut récolter à l'époque 
          précise de sa maturité et qui perd de sa valeur si on 
          le prend ou trop tôt où trop tard. Ce principe admis, la 
          méthode du jardinage est la seule qui convienne pour l'exploitation 
          des forêts de chênes-liège, puisqu'elle permet de 
          récolter les produits dans les meilleures conditions, aussitôt 
          qu'ils ont atteint les dimensions voulues ". 
          
          Il faut donc parcourir la forêt en prenant, çà et 
          là, les produits ayant atteint la dimension marchande. 
          
          Les lièges exploités dans les forêts de la Colonie, 
          qu'elles soient domaniales ou particulières, produisent plus 
          de 300.000 quintaux par an et donnent lieu à un commerce d'exportation 
          actif, qui représente de 10 à 15 millions de francs. 
          
          Les lièges sont exportés soit à l'état brut, 
          c'est-à-dire tels qu'ils ont été détachés 
          des arbres producteurs ; soit en planches ayant subi une certaine préparation, 
          consistant généralement en bouillage (cuisson à 
          l'eau bouillante pendant près d'une heure), raclage (enlèvement 
          de la croûte dure et impropre à l'usage), visage (rasement 
          des bords et élimination des parties mauvaises), soit enfin en 
          marchandises ouvrées, telles que les bouchons, ou petits morceaux 
          parallélépipédiques débités pour 
          la fabrication des bouchons. 
          
          Les principaux clients de la Colonie en lièges non ouvrés 
          étaient, outre la France, la Russie, l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie, 
          les États-Unis. Venaient ensuite, par ordre d'importance, la 
          Belgique, les Pays-Bas, l'Angleterre, l'Italie. 
          
          Quand aux exportations en liège ouvré, pour la majeure 
          partie (70 % environ), dirigées sur là Métropole, 
          elles sont restées assez limitées. 
          
          En somme, l'industrie du liège en Algérie est restée 
          jusqu'alors assez peu active, puisqu'on dépit du développement 
          considérable de la production qui, depuis un quart de siècle 
          s'est accru d'environ 200.000 quintaux, elle n'a guère mis en 
          uvre, dans les meilleures années, que 10 à 12.000 
          quintaux de liège. 
          Cette situation tient à deux causes. D'une part, les besoins 
          locaux de liège ouvré sont insignifiants. D'autre part, 
          les pays gros consommateurs de liège et non producteurs ont pris 
          des mesures pour réaliser chez eux la transformation de ce produit. 
          Ils ont favorisé l'installation d'usines bien agencés 
          et appliqué dés tarifications sévères au 
          liège ouvré. 
          
          Ainsi le principal obstacle au développement de l'industrie bouchonnière 
          en Algérie réside dans les droits qui protègent 
          la fabrication étrangère. Cette situation peut d'ailleurs 
          se modifier avec l'orientation donnée à la politique douanière 
          et on ne voit pas, a priori, dé raisons sérieuses pour 
          que l'industrie bouchonnière ne puisse se développer en 
          Algérie et y prendre l'extension si désirable, que certains 
          ont entrevue.