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          plus tard, dans les revues à venir. " Algeria " en 
          particulier.
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           LE 
          CHEPTEL OVIN D'ALGÉRIE
LE 
          CHEPTEL OVIN D'ALGÉRIE 
        Le temps n'est plus où 
          l'on considérait en agriculture le bétail comme un mal 
          nécessaire. Il est devenu aujourd'hui une source de bénéfices, 
          dont l'importance pour l'Algérie est pleinement mise en lumière 
          par la valeur - deux cent cinquante-deux millions - atteinte en 1921 
          par le cheptel algérien et ses produits dans le commerce extérieur 
          de la Colonie. 
          
          Si l'on compare ce chiffre à celui des autres exportations que 
          publie le Bulletin officiel des Douanes on constate que le bétail 
          occupe le troisième rang des valeurs dans le mouvement d'exportation. 
          Le premier et le second reviennent, suivant les fluctuations des cours 
          et l'importance des récoltes, tantôt aux céréales 
          et tantôt aux vins...
          
          On peut donc considérer le bétail comme le troisième 
          élément de la fortune agricole en Algérie. Il donne 
          encore lieu, dans le commerce intérieur, à un courant 
          d'affaires considérable. Toutefois, comme ses aptitudes et le 
          manque d'industries transformatrices de ses produits ne lui permettent 
          pas de satisfaire tous les besoins locaux en force, beurre et fromage, 
          comme en outre, des échanges par terre s'effectuent entre l'Algérie 
          et ses voisines de l'Est et de l'Ouest, le commerce d'importation atteint 
          un chiffre assez élevé : soixante-quinze millions en 1921. 
          
          
          Voici maintenant quelques utiles indications sur la valeur du commerce 
          d'exportation : 
          Les premiers chiffres représentent la moyenne de 1901-1910; les 
          suivants, celle de 1921."
        
          
            | Équidés | ...2.259.000 | 9.908.000 | 
          
            | Bovidés | 4.486.000 | 21.362.000 | 
          
            | Ovidés
... | 30.887.000 | 117.018.000 | 
          
            | Capridés | .36.000 | 78.000 | 
          
            | Suidés 
              comprend le sanglier, les porcs, le phacochère, 
              le potamochère, l'hylochère et le babiroussa. | 253.000 | 4.162.000 | 
        
        
          L'Algérie possède notamment un important cheptel ovin. 
          Évalué à 10 millions de têtes, il est l'objet 
          d'un courant d'affaires fort important, tout aussi bien à l'intérieur 
          qu'à l'extérieur. 
          
          Ce dernier en 1855 ne portait que sur 29.000 animaux, que des bateaux 
          à voile conduisaient à Cette ou à Marseille à 
          raison d'un millier d'animaux navire. Leur prix d'achat variait alors 
          de 15 à 18 francs par tête et le transport coulait 5 francs. 
          La traversée durait sept à huit jours, parfois davantage, 
          et exigeait une alimentation onéreuse. Elle comportait en outre 
          des risques de mer considérables, 20 à 25 %. 
          
          Aujourd'hui, l'Algérie exporte annuellement un million de moutons 
          que des vapeurs, transportant 5.000 têtes, amènent à 
          Marseille moyennant un fret de 1 fr. 50 à 4 francs avant la guerre 
          et qui atteint maintenant 8 francs par tète. Les risques de mer 
          entraînent généralement une mortalité de 
          5 pour 1.000. 
          Les moutons algériens sont admis en France sous réserve 
          d'avoir été vaccinés contre la clavelée. 
          Cette opération est effectuée gratuitement par les vétérinaires 
          du Service de l'Élevage sur simple demande des propriétaires. 
          Elle entraîne l'apposition d'une marque spéciale à 
          l'oreille droite et la délivrance d'un certificat de vaccination 
          destiné à identifier les animaux qui l'ont subie. 
          
          L'exportation commence généralement en avril pour les 
          moutons précoces d'Oran et se termine en septembre par les arrière-saison 
          de Constantine. Elle bat son plein en juin et juillet. 
          
          Après deux visites sanitaires qui précèdent l'embarquement 
          et le débarquement, les ovins algériens sont reçus 
          par les commissionnaires marseillais qui, 
          moyennant un forfait par tête, se chargent de leur entretien, 
          de leur vente et répondent de la solvabilité des acheteurs. 
          Ceux-ci sont fort nombreux et appartiennent à toutes les régions 
          de France situées à l'Est de la ligne Perpignan-Paris-Lille. 
          Tous les moutons algériens ne sont pas abattus et consommés 
          immédiatement à leur arrivée à Marseille. 
          Environ 200.000 sont achetés par des propriétaires des 
          départements limitrophes des Bouches-du-Rhône, engraissés 
          et vendus ensuite durant l'hiver. Ils sont désignés sur 
          les marchés de Paris et de Marseille sous le nom " d'africains 
          de réserve ". 
          
          Au cours de la campagne de 1921, l'Algérie a exporté 1.026.680 
          moutons ; leur provenance est la suivante : 
          Oran : 538.661 ; Alger : 274.250 ; Constantine : 213.769. 
          
          Leur valeur a été estimée à 120 millions 
          de francs. Cette somme peut être ainsi répartie : 96 millions 
          vont aux indigènes producteurs ; 10 millions sont versés 
          aux Compagnies de navigation ; 1 million fait retour an budget algérien 
          pour droits d'exportation et frais de vaccination contre la clavelée 
          : le reste, 13 millions, acquitte, en Algérie, les frais de conduite, 
          de gardiennage, de transport par voie ferrée et représente 
          le bénéfice des engraisseurs et des intermédiaires. 
          
          L'exportation porte en moyenne sur le dixième du troupeau. Elle 
          a été parfois envisagée par quelques-uns comme 
          un danger pour le cheptel de la colonie. Semblable opinion n'est point 
          fondée car la majeure partie des animaux d'exportation est fournie 
          par le troupeau du Sud qui dans l'état actuel des pâturages 
          et des points d'eau ne peut guère être augmenté. 
          La vente et l'expédition de ces moutons maintient donc l'effectif 
          à un taux optimum pour les ressources alimentaires actuellement 
          disponibles. 
          
          D'un autre côté la proportion des brebis, qui entrent pour 
          40 % dans le chiffre total de la population ovine, suffit à maintenir 
          l'effectif à un taux sensiblement le même : 10 millions 
          de tètes. Avec les 40 millions de naissances sur lesquelles on 
          peut compter normalement, grâce à des gestations gémellaires 
          et aux agnelages bisannuels, est assuré le remplacement des animaux 
          morts, exportés ou abattus pour la consommation locale. Cette 
          dernière, autant qu'on peut l'évaluer, porte sur 1.350.000 
          animaux. Le courant d'affaires auquel elle donne lieu emprunte trois 
          directions : une générale du Nord au Sud et deux particulières 
          dé l'Est à l'Ouest vers Alger, dont la production animale 
          est insuffisante pour satisfaire aux besoins de la consommation. Les 
          transactions nées de ces besoins atteignent, aux cours actuels, 
          le chiffre de 120 millions de francs. On ne saurait terminer ce bref 
          exposé du commerce moutonnier sans rappeler que durant la guerre 
          l'élevage ovin algérien a fourni à la Métropole, 
          pour le ravitaillement des armées : 2.629.355 animaux dont le 
          prix d'achat, par sa modicité, a permis au Trésor français 
          de réaliser une économie de quarante millions de francs 
          eu égard aux prix pratiqués en France pour la viande de 
          mouton.