| l'Agha 
        - Alger | 
| Avec une grande courtoisie, M. Jacques 
            Belleteste, qui est l'un des dirigeants de l'Association des étudiants 
            s'offre à me servir de guide dans le vaste et confortable hôtel 
            où s'assemblent chaque jour, pour le travail, les repas ou 
            le plaisir les escholiers de l'Université d'Alger. Au temps 
            déjà lointain que j'étudiais moi-même, 
            nous tenions nos estats, comme dit Villon, dans quelque sous-sol de 
            brasserie qui puait la bière chaude et la fumée froide 
            de cigarette et devions lors, pour complaire au patron, perpotare 
            liberaliter, entendez, boire d'autant, et renouveler la consommation 
            maintes fois dans la soirée. Bien ou contraire, les réunions 
            de nos camarades, maintenant installés dans leurs meubles, 
            sont sèches, quoique les colloques y soient aussi animés 
            que par le passé, et l'éloquence y est aussi prisée 
            et d'aussi bon aloi que jadis, à l'époque où 
            Paul Saurin, qui depuis fut sénateur du département 
            d'Oran, présidait à nos destinées. J'acceptai de grand cur de suivre mon compagnon à la maison, que dis-je, au palais du boulevard Boudin, qui a cet intérêt d'avoir été construit, de la cave à la terrasse, pour une destination précise : abriter, au sortir des cours de facultés, plus d'un millier de jeunes gens ; tout ici fut fait pour leur confort et leur commodité. Il a fallu, pour passer du désir à l'acte, non seulement la ténacité et l'énergie de plusieurs générations d'élèves, mais aussi l'aide sonnante et trébuchante des Pouvoirs Publics. Il est d'ailleurs indispensable, pour qu'une communauté de ce genre demeure prospère, qu'elle groupe le plus grand nombre possible d'affiliés. Il est à espérer que les étudiants de demain ne permettront pas à l'uvre de leurs aînés de péricliter. Je suis convaincu que l'enthousiasme qui édifie et maintient ne leur manquera point et que les esprits dissolvants ou chagrins, détracteurs et démolisseurs d'initiatives ne se rencontreront pas parmi eux. Ce sont les dissensions intestines qui ont provoqué à Paris la décadence de l'Association Générale et son expulsion du beau local qu'elle occupait au Quartier Latin. Mais les Algériens connaissent par expérience les avantages de l'union, de la discipline et de l'ordre dans l'effort. La Maison des Étudiants d'Alger est un des plus beaux édifices d'Alger, aux façades à longues lignes horizontales, simples et imposantes que de grands balcons de maçonnerie soulignent sans les alourdir. Il y a peu de flâneurs dans les vestibules et les corridors ; nous sommes en temps d'examens, et l'on n'aperçoit autour de soi que gens affairés et visages attentifs ou soucieux. Presque tout le rez-de-chaussée est occupée par la salle de réunions, où se donnent les fêtes et où l'on discute en assemblée les intérêts généraux de la corporation. Elle est encombrée aujourd'hui par quantité de tables garnies de coupes à Champagne. C'est qu'en effet devait s'y tenir la séance inaugurale du Syndicat professionnel des peintres et sculpteurs algériens ; la cérémonie fut soudain contremandée à la nouvelle de la mort subite du Ministre de l'Éducation Nationale. Un escalier latéral permet d'accéder aux vestiaires et aux lavabos ménagés dans le premier sous-sol. La construction comporte plusieurs étages situés au dessous du niveau du boulevard Baudin, éclairés pnr des baies donnant sur les quais et le port, et destinés à être loués à des commerçants ou à des industriels. A cause de la dureté des temps ces locaux ne sont pas encore occupés. Aux étages supérieurs ont été édifiés : N.B : CTRL + molette souris = page plus ou moins grande TEXTE COMPLET SOUS L'IMAGE. | 
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 Avec une grande courtoisie, 
          M. Jacques Belleteste, qui est l'un des dirigeants de l'Association 
          des étudiants s'offre à me servir de guide dans le vaste 
          et confortable hôtel où s'assemblent chaque jour, pour 
          le travail, les repas ou le plaisir les escholiers de l'Université 
          d'Alger. Au temps déjà lointain que j'étudiais 
          moi-même, nous tenions nos estats, comme dit Villon, dans quelque 
          sous-sol de brasserie qui puait la bière chaude et la fumée 
          froide de cigarette et devions lors, pour complaire au patron, perpotare 
          liberaliter, entendez, boire d'autant, et renouveler la consommation 
          maintes fois dans la soirée. Bien ou contraire, les réunions 
          de nos camarades, maintenant installés dans leurs meubles, sont 
          sèches, quoique les colloques y soient aussi animés que 
          par le passé, et l'éloquence y est aussi prisée 
          et d'aussi bon aloi que jadis, à l'époque où Paul 
          Saurin, qui depuis fut sénateur du département d'Oran, 
          présidait à nos destinées. |