agriculture
et arboriculture en Algérie avant 1962
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La flore de la région atlantique barbaresque a, dans son ensemble, un faciès européen méridional très manifeste ; c'est là son caractère le plus saillant, qui oblige à ne considérer cette contrée que comme une province botanique de l'Europe. Les flores descriptives d'Espagne , d'Italie, de Sardaigne, de Sicile, du Midi même de la France, et, plus loin encore, de la Grèce, contiennent, presque également et en grand nombre, des descriptions de plantes berbériques, et de plus en plus, suivant que les territoires comparés sont plus rapprochés. |
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Je n'ai pas compris grand chose à cette somme de mots en latin...que j'ai perdu depuis longtemps. Depuis ma 4è au lycée Bugeaud. |
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La flore de la région atlantique barbaresque a,
dans son ensemble, un faciès européen méridional très
manifeste ; c'est là son caractère le plus saillant, qui oblige
à ne considérer cette contrée que comme une province
botanique de l'Europe. Les flores descriptives d'Espagne , d'Italie, de
Sardaigne, de Sicile, du Midi même de la France, et, plus loin encore,
de la Grèce, contiennent, presque également et en grand nombre,
des descriptions de plantes berbériques, et de plus en plus, suivant
que les territoires comparés sont plus rapprochés. Ce massif atlantique n'en possède pas moins des richesses propres, suffisamment importantes pour lui mériter un rang de sous-région botanique distincte; et cette sous-région est elle- même susceptible d'être partagée en zones spéciales qui sont plus ou moins en rapport avec l'orographie. Ces zones sont : la région tellienne et maritime proprement dite, ou, pour mieux dire et d'une façon plus générale, le versant à la Méditerranée ; la région montagneuse la plus élevée, oscillant de 3 à 400 mètres au-dessous, ou au-dessus de 2,000 mètres d'altitude ; la zone des Hauts-Plateaux, élevée de 1,000 à 1,200 mètres, .caractérisée par ses nombreuses cuvettes sans issue et à fond le plus souvent gypso-salé; et enfin, la zone saharienne ou désertique. On a recensé environ 4,000 espèces de phanérogames, qui ne sont sans doute pas toutes légitimes ; mais comme les explorations nouvelles amènent tous les jours de nouvelles découvertes et que de vastes contrées restent à explorer, on peut prévoir que ce chiffre de 4,000 espèces bien caractérisées ne tardera pas à être dépassé. Les trois quarts environ appartiennent au Tell littoral ou montagneux; et ce sont ces espèces qui rappellent plus spécialement la flore méditerranéenne littorale ou continentale. Le tapis général est formé par des buissons et maquis où dominent les pistacia lentiscus, phyllirea, olea, rhamnus alaternus et oleoïdes, myrtus, arbutus unedo, calycotome, cistes, divers genêts épineux, callitris, quercus coxifera, quercus ilex et suber. L'olivier, l'yeuse, le chêne-liège, le pin d'Alep, le callitris, constituent des peuplements forestiers plus ou moins considérables. Sur les sols dont la nature n'admet pas le maquis, ou qu'une longue culture a effrités, le chamcerops humilis et le ziziphus lotus étendent leur domaine et offrent le plus grand obstacle à l'extension de la colonisation. L'importance des familles est dans l'ordre suivant : composées 0,16 ; légumineuses 0,12 ; graminées 0,08 ; crucifères 0,07 ; labiées 0,05; ombellifères 0,047 ; caryophyllées 0,035 (et en y comprenant les paronychiées 0,0Y8); scrofulariées 0,003; borraginées, liliacées, cistinées et renonculacées, chacune moins de 0,01. Les genres les plus nombreux en espèces sont ; silene, ononis, centaures, helianthemum, linaria, astragalus, ranunculus, euphorbia, trifolium, galium, erodium, medicago, vicia, carex, plantago, statice, salvia , senecio , reseda , brassica , teucrium , stachys. Il y a à signaler deux faits assez remarquables de dispersion géographique ; c'est celui que présente, dans l'ouest de l'Algérie, une colonie saharienne dont les types les plus accusés sont : periploca angustifolia, rhabdotheca spinosa et des halophiles comme traganurn nudatum et halostachys perfoliata, erodium glaucum, diplotaxis pendula, divers statice, phlipeca lutea, cynomorium coccineum; et dans l'Est, une colonie non moins remarquable, en ce que - ses espèces, quoique à très large dispersion, n'ont pas l'habitude de s'étendre sous de pareilles latitudes : jussicea, glinus, oldenlendia, serpicula, ipomcea, colocasia antiquorum, etc., auxquels il est aussi remarquable de voir associé le valisneria. Si le Tell nous représente la Provence, l'Espagne et l'Italie littorales, les hauts sommets nous reportent brusquement dans l'Europe centrale par des identités spécifiques assez nombreuses : barbarea intermedia, calepina corvini, viola riviniana, cerastium brachypetalum, radiola lipoïdes, geranium lucidum, evonymus europus, rhamnus catharticus, ilex aquifolium, amelanchier vulgaris, cerasus avium, eirccea lutetiana, saxifraga tridactylites, montia fontana, specularia hybrida, primula grandiflora, androsace maxima , anagallis tenella, taxus baccata; mais nulle part, il n'y a de flore alpine, pas même vers les hautes cimes du Maroc, et les espèces citées s'y associent à un certain nombre d'autres de types méditerranéens, qui s'élèvent jusque vers les sommets, et à d'autres, soit spéciales, comme : erodium pachyrrhizum, géranium atlanticum, nepeta reticulata, helichrysum lacteum, carlina atlantica; soit venues des montagnes du Levant, comme : cerastium Boissieri, arabis albida, millina chicoracea, rhamnus libanoticus, quercus afares, cedrus libani, ephedra groeca, etc. La région des Hauts-Plateaux ne saurait être mieux caractérisée que par son espèce la plus envahissante, le halfa, ou macrochloa tenacissima, malgré qu'elle ait poussé, dans la province de l'Ouest, de larges colonies jusqu'au bord même de la mer. La flore de ces steppes est en partie constituée par des espèces du Tell voisin ou de ses montagnes, et en majeure partie, dans ses stations franchement désertiques, par des espèces orientales, affectionnant chez elles également les sols gypso-salés et s'étendant même encore au delà de notre région pour gagner le plateau des Castilles : ranunculus orientalis, me.niocus linifolius, saponaria glutinosa, hohenackeria buplevrifolia, callipeltis cucularia, valerianella cymbcarpa, echinospermum patulum, goniolimon tataricum, triticum orientale, etc. Enfin ce qui achève de caractériser la zone, c'est qu'il s'y mêle un certain nombre de plantes sahariennes, surtout des familles halophiles, chénopodées, plombaginées, etc. Il faut ajouter environ 120 espèces absolument spéciales ou passant seulement en Espagne, comme retama spherocarpa. Ce qui constitue en partie le caractère de la région botanique atlantique, c'est de posséder un assez grand nombre de types génériques spéciaux, une quarantaine environ dont le quart est propre aux hautes steppes ; et beaucoup de ces genres, quoique très tranchés, sont monotypes, surtout dans la famille des crucifères. On compte .environ 600 espèces spéciales dans les régions réunies du Tell et des montagnes, et environ 120 dans la région des hautes steppes; c'est presque le cinquième de la flore totale et une proportion plus que suffisante pour empêcher de confondre complètement cette flore dans celle du bassin méditerranéen c'est au moins une de ses Momies régionales. Je terminerai ce, qui se rapporte à l'Atlas par cette remarque qui s'adresse surtout aux partisans de la connexion récente avec l'Espagne : c'est l'absence en Berbérie ou la rareté extrême de types aussi répandus que le sont les ptérocéphales et les bruyères dans la péninsule ibérique. La zone désertique qui reste à examiner, a des caractères si particuliers, qu'elle mérite plus de détails. La flore de cette région est plus spécialisée que les autres. Des 500 espèces qui y ont été observées, il en est: moins du quart qui lui soient coma unes avec d'autres contrées, et la plupart dv celles-ci sont des plantes cultivées ou ubiquistes : frankenia pulverulenta, samolus valerandi, anagallis arvensis, cynodon dactylon, fumaria capreolata, malva parviflora, etc. 73 genres spéciaux, sinon au Sahara, du moins à la zone, désertique dont il fait partie, appartiennent à une centaine de familles et y sont répartis inégalement et dans d'autres proportions que dans les autres régions botaniques. Voici le rang de richesse des familles en espèces : composées 88 ; légumineuses 40; crucifères 38; graminées 35; chénopodées 28 ; borraginées 18 ; scrofulariées 15 ; ombellifères 14 ; labiées 12; zygophyllées 11; plantaginées 8 ; plombaginées 8 ; solanées 8 ; résédacées 7; paronychiées 7; euphorbiacées 7 ; silénées 6 ; cistinées 6 ; tamariscinées 6 ; dipsacées 5 ; rubiacées 5 ; cypéracées 5 ; huit familles n'ont que quatre espèces chacune, six en ont trois, huit en ont deux, et trente enfin ne sont, plus représentées que par des unités. De nombreuses familles, qui noies sont familières plus au Nord, font défaut: orchidées, amentacées, oenothérées, aristolochiées, saxifragées, violariées, etc. Les gamopétales périgynes prédominent (1/5), et les composées sont surtout riches en types spéciaux : gymnarrhena, rhantherium, peralderia, sycodium, francuria, anvillea, chlamidophora, otoglyphis, ifloga, lasiopogon, rhabdotheca, lomatolepis, tourneuxia. Atractylis et centaurea y sont représentés par des types sous-génériques variés. Le choulettia est une rubiacée du groupe des spermacoccées. Les gamopétales hypogynes anisogynes (0,15) ont pour genres remarquables dans les isostémones docmia, neriploca, arnebia, echiochilon, trichodesma (eZeropis est d'emprunt venu du Soudan) et dans les anisostémones, la plupart des phcelipaea et comme espèce s'étendant, ainsi du reste que le trichodesma, des îles du Cap Vert à l'Arabie, l'humble salvia gyptiaca. Les isogynes (0, 03) sont remarquables par les plombaginées et le genre bubania. Les dialypétales périgynes sont fortement représentées. Celles à albumen non amylacé (0,03) sont presque toutes des ombellifères avec les genres ammodaucus et . devera. La singulière balanophorée, cynomorium, y forme un type aberrant. Les apérispermées (0,12) sont surtout représentées par des légumineuses. Neteada pour les rosinées, alhagi pour les papilionacées, sont caractéristiques. On peut y réunir retama, quoique moins spécial ; le genre astragalus est celui qui varie le plus ses espèces; les cassia et les acacias gommiers s'aventurent rarement vers les limites septentrionales. Les cyclospermées caractérisées par l'albumen amylacé (0,10), y jouent un rôle exceptionnel par la prédominance des salsolacées dans le tapis végétal: echinopsilon, cornulaca, sevada, baganutn, noea, caroxylon, cornulaca, anabasis, etc. Les autres familles présentent oerva, polycarpea, sclerocephalus, gymnocarpon, etc. Dans les dialypétales hypogynes, on peut citer pour les monàchlamidées, les genres t alligonum et forskalea. Pour les polystémones à calice persistant (0,025) quelques hélianthèMes du groupe du sessiliflorum. Les oligostémones sont plus importants (0,09). On y trouve tous les tamarix et reaumuria, un andrachne et un crozophora, un monsonia et trois erodium spéciaux ; les fagonia, zygophyllum et peganum, les aplophyllum et le nitraria sont, les uns propres aux hauteurs, les autres aux bas-fonds. Le groupe des dialypétales hypogynes à calice caduc entre pour 0,11, et la famille la plus considérable, les crucifères , comprend les genres désertiques henophyton, notoceras, moretia, savignya, farsetia, anastatica, cilla, schouwia, muricaria, reboudia, etc.; randonia pour les résédacées cleonia, moerua pour les capparidées. Les monocotylédonées sont en infime minorité (0,1) et même réduits à la famille des graminées, si on excepte un erythrostictus, une liliacée et un asphodelus de sous-genre distinct, puis le phenix et le cucifera. Les genres les plus appropriés aux stations désertiques sont : pennisetum, arthraterum, aristida, tetrapàgon, pappophorum, andropogon, lygeum, macrochloa_, ces derniers moins spéciaux et s'étendant sur les Hauts-Plateaux désertiques. On ne peut citer qu'un seul gymnosperme : l'ephedra alata. Nous n'avons pas la prétention de donner tons ces nombres et ces rapports comme absolus ; les recherches nouvelles peuvent les modifier, et depuis que cet inventaire a été dressé, il n'est plus même exact; mais il est improbable que ces additions modifient sensiblement le tableau que nous venons de dresser et, quoi qu'il arrive, et le nombre des espèces sahariennes serait-il doublé, triplé même, que la flore de cette région n'en resterait pas moins très pauvre, surtout en raison de l'immense surface qui constitue son domaine, des côtes de l'océan Atlantique aux plateaux asiatiques. Cette vaste dispersion, il est vrai, n'est pas propre à toutes les espèces ; mais il y a des florules cantonnées comprenant des espèces communes et d'autres représentatives des types les plus caractéristiques se substituant de proche en proche, et, en raison de ces nuances, l'ensemble présente une grande homogénéité. Je renvoie à mon ouvrage sur le Sahara pour de plus amples renseignements sur les caractères et o la composition des différentes stations botaniques de la région désertique, ainsi que sur les espèces qui y sont cultivées. On y trouvera aussi des -indications plus détaillées sur les associations des espèces diverses qui caractérisent chaque paysage botanique dans les diverses régions et dans les sites variés du massif. Ces considérations. nous feraient sortir de notre cadre. Nous ne pourrions nous occuper dans cette notice des végétaux cryptogames qu'en faisant de la compilation ; nous préférons renvoyer aux travaux de Montagne sur les algues et de Léveillé sur les champignons dans les publications de la Commission scientifique algérienne, au catalogue des lichens algériens de M. Nylander, celui des mousses que va publier M. Bescherelle; etc. Il reste encore beaucoup à faire pour avoir un recensement un peu exact de ces végétaux inférieurs, dont la détermination précise est devenue une véritable étude histologique. Quelques- uns de nos confrères se sont voués à cette pénible étude et nous font espérer des résultats prochains qui ne peuvent manquer d'étendre beaucoup nos connaissances. |