agriculture et arboriculture en Algérie avant 1962
LES RESSOURCES DE LA TERRE ALGÉRIENNE

LES RESSOURCES DE LA TERRE ALGÉRIENNE

Il y a déjà longtemps qu'un de nos penseurs les plus clairvoyants, Prévost Paradol. avait prédit le rôle essentiel que l'Algérie pourrait jouer, dans les destinées de la France. On peut se demander si ce jour n'est pas arrivé et si, selon sa propre expression, cette colonie n'est pas devenue, à l'heure actuelle, notre dernière et suprême chance.

En présence du développement incroyable du nationalisme économique, je signalais récemment, dans le Journal Général de l'Algérie, la nécessité pour la Métropole de tirer de ses colonies les produits dont elle a besoin et de remplacer sa clientèle étrangère par une clientèle coloniale. C'est l'unique moyen qui nous reste, ajoutais-je, de restaurer notre puissance économique.

Aucune de nos colonies ne nous offre incontestablement autant de ressources ni de débouchés que l'Algérie.

Sans doute, elle traverse, en ce moment, comme la plupart des pays du monde, une crise financière et commerciale très grave dont la principale, cause doit être attribuée aux récoltes déficitaires de ces deux dernières années. Mais ce n'est là qu'un incident passager et il n'y a aucun doute qu'elle ne reprenne bientôt son essor ininterrompu jusqu'ici.

On peut dire, qu'à l'exception du charbon - et encore ne pourra-t-ou se prononcer définitivement sur ce point qu'après exploration complète des gisements de houille récemment découverts dans le Sud oranais à Kenadsa - l'Algérie serait capable, à la seule condition de faire l'effort approprié, de fournir en abondance à la France, dans un laps de temps assez court, le blé, les bois, les moutons, les chèvres, la laine, le tabac, l'alfa et même le coton nécessaires à son alimentation ou à celle de ses industries.


*** La qualité médiocre des photos de cette page est celle de la revue. Nous sommes ici en 1921. Amélioration notable plus tard, dans les revues à venir. " Algeria " en particulier.
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Afrique illustrée du 26-3-1921 - Transmis par Francis Rambert
déc.2021

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LES RESSOURCES DE LA TERRE ALGÉRIENNE
LES RESSOURCES DE LA TERRE ALGÉRIENNE

LES RESSOURCES DE LA TERRE ALGÉRIENNE

Il y a déjà longtemps qu'un de nos penseurs les plus clairvoyants, Prévost Paradol. avait prédit le rôle essentiel que l'Algérie pourrait jouer, dans les destinées de la France. On peut se demander si ce jour n'est pas arrivé et si, selon sa propre expression, cette colonie n'est pas devenue, à l'heure actuelle, notre dernière et suprême chance.

En présence du développement incroyable du nationalisme économique, je signalais récemment, dans le Journal Général de l'Algérie, la nécessité pour la Métropole de tirer de ses colonies les produits dont elle a besoin et de remplacer sa clientèle étrangère par une clientèle coloniale. C'est l'unique moyen qui nous reste, ajoutais-je, de restaurer notre puissance économique.

Aucune de nos colonies ne nous offre incontestablement autant de ressources ni de débouchés que l'Algérie.

Sans doute, elle traverse, en ce moment, comme la plupart des pays du monde, une crise financière et commerciale très grave dont la principale, cause doit être attribuée aux récoltes déficitaires de ces deux dernières années. Mais ce n'est là qu'un incident passager et il n'y a aucun doute qu'elle ne reprenne bientôt son essor ininterrompu jusqu'ici.

On peut dire, qu'à l'exception du charbon - et encore ne pourra-t-ou se prononcer définitivement sur ce point qu'après exploration complète des gisements de houille récemment découverts dans le Sud oranais à Kenadsa - l'Algérie serait capable, à la seule condition de faire l'effort approprié, de fournir en abondance à la France, dans un laps de temps assez court, le blé, les bois, les moutons, les chèvres, la laine, le tabac, l'alfa et même le coton nécessaires à son alimentation ou à celle de ses industries.

Personne n'ignore le degré de prospérité auquel la terre africaine avait atteint sous la dénomination romaine. L'épithète de " grenier de Rome " qui lui avait été donnée et qui s'est conservée, à travers les âges était pleinement justifiée par la fertilité de son sol, l'abondance et la variété de ses productions.
Assurément, l'œuvre accomplie par la France en moins de cent ans ne saurait encore être comparée à celle que nos grands prédécesseurs eurent tout le loisir de parfaire au cours des cinq ou six siècles que dura leur occupation. Elle n'en est pas moins admirable.

Sans parler de l'implantation sur son sol d'une population vivace et énergique de plus de 500.000 Européens, profondément attachés à la France par la langue et par le cœur, de l'ouverture d'un réseau de 30.000 Kilomètres environ de routes admirables et. de près de 4.000 kilomètres de voies ferrées qui s'avancent s'avancent jusqu'aux confins du désert, la France s'est appliquée à faire renaître l'antique prospérité de ce pays qu'elle avait trouvé replongé dans une profonde barbarie.

Et voyez les résultats déjà obtenus : la production moyenne annuelle en céréales de l'Algérie est de 18 millions de quintaux, mais avec une culture amélioré ou, simplement, des conditions atmosphériques plus favorables, elle pourrait rapidement s'élever au double. Ainsi, en 1918. année d'abondance exceptionnelle, il est vrai, la récolte a atteint 30 millions de quintaux.

En 1917, la Colonie a exporté pour plus de 41 millions de francs de blé, et près de 72 millions d'orges et d'avoines, soit au total 113 millions environ. En 1918, les exportations ont atteint 137.032.000 francs pour les blés et 166,345.000 francs pour les orges et avoines, ce qui donne le chiffre très appréciable de 303 millions 377.000 francs.

La production viticole de l'Algérie en 1920 a été de 7.041.220 hectolitres contre 7.788.000 hectolitres en 1919, 6.343.000 en 1918, 6.233.000 en 1917, 8.786.255 en 1916 et 5.139.000 en 1915. Notons que la quantité de vins distillés s'est élevée successivement à 150.000 hectolitres en 1913-1914, à 500.000 en 1914-1915, à 100.000 en 1915-1916, à 950.000 en 1916-19l7, à un million 400,000 en 1917-1918, à 2.150.000 en 1918-1919 et 386,781 hectolitres en 1919-1020, représentant respectivement. 1/80, 1/20, 1/51, 1/9, 1/4, 1/3, 1/20 de la production totale.

Les fruits et primeurs donnent également lieu à des transactions importantes et qui ne font que se développer d'année en année. L'Algérie, comme on le sait, est un des grands fournisseurs de Paris en primeurs.

Une autre source de revenus appréciables est constituée par les produits du sous-sol, aussi abondants que variés, tels que marbres, phosphates, minerais de fer, de plomb, d'antimoine, etc. Pour les phosphates, les exportations ont atteint 334.704 tonnes en 4920, contre 242.186 en 1919 et 198.539 en 1918, représentant des valeurs respectives de 18.409.000 francs, 13 millions 220.000 et 9.927.000 francs. Quant aux minerais de fer, les quantités exportées ont été de 1.114.338 tonnes en 1920, de 782.805 en 1919, de 759.217 en 1918, lesquelles correspondent à des valeurs de 33.879.000 francs, 23.799.000 francs et 18 millions 677.000 francs.

Au surplus, l'Algérie n'est pas un pays d'exportation. Elle doit acheter un grand nombre de produits qui lui font défaut et ses importations atteignent un chiffre très élevé. Si nous consultons les statistiques douanières, nous constatons que pendant l'année 1920, par exemple, sur un chiffre global de 4 milliards 342 millions, représentant la valeur de ses échanges commerciaux et dans lequel le commerce spécial, c'est-à-dire le trafic intéressant exclusivement la consommation et la production de la Colonie, entre pour une somme de 3 milliards 977 millions, les importations figurent pour 2 milliards 435 millions alors que les exportations n'atteignent que 1 milliard 442 millions, soit un excédent de 1 milliard 093 millions en faveur des importations.
Je reconnais qu'il s'agit là d'une année exceptionnelle. Il n'en demeure pas moins que l'Algérie offre à la France une clientèle de près de six millions d'habitants auprès de laquelle elle peut trouver des débouchés de plus en plus étendus pour l'écoulement de ses produits manufacturés (1 milliard 551 millions en 1920) et dont il ne tient qu'à elle, au surplus, de développer les facultés d'achat.

Le pouvoir d'absorption de cette population se développera en effet au fur et à mesure que s'intensifiera l'activité agricole et industrielle du pays. Or, celle-ci est bien loin d'avoir atteint son maximum. D'immenses étendues restent encore à mettre en culture, les richesses minières de la Colonie sont à peine explorées et l'industrie algérienne n'est encore qu'à l'état embryonnaire.

Aussi, sans vouloir critiquer ce qui a été fait, je ne puis m'empêcher de regretter qu'une partie des nombreux milliards consacrés par la France à sa politique extérieure, n'aient pu être affectés à notre grande Colonie. Il eût suffi d'un milliard ou deux pour reconstituer l'œuvre gigantesque accomplie par les Humains en matière d'hydraulique agricole et grâce à laquelle le succès des récoltes était assuré en permanence quels que fussent les caprices du ciel. Nul doute que si cet effort avait été réalisé avant la guerre, la France eût pu se passer du concours des pays étrangers pour son alimentation en céréales.

Quoi qu'il en soit, l'Algérie offre encore un champ très vaste à toutes les initiatives publiques ou privées et nos capitaux ne sauraient trouver un meilleur placement que dans les multiples entreprises qui peuvent y être tentées.

A ceux qui voudraient s'en convaincre, je conseille d'aller visiter la Grande Foire-Exposition qui se tiendra au mois d'avril prochain à Alger. Malgré les circonstances défavorables de l'heure présente, ils y trouveront certainement l'occasion d'engager des affaires fructueuses avec chance de fortune