agriculture et arboriculture en Algérie avant 1962
LA GLOIRE DE L'OLIVIER

LA GLOIRE DE L'OLIVIER

Ce n'est pas seulement parce qu'il est le symbole de la paix, parce que. avec son tronc noueux, ses ramures puissantes, son feuillage vert pâle au clair et vif retroussis d'argent mat, il est un des plus beaux arbres du bassin méditerranéen que les populations sur lesquelles il étend ses rameaux tutélaires soignent et protègent l'olivier, c'est aussi, c'est surtout parce que ses fruits donnent une huile recherchée qui possède, en même temps que la couleur somptueuse de l'or, les qualités les plus diverses et les plus précieuses.

Le culte qu'on lui porte remonte aux origines du monde ; de charmantes légendes l'ont célébré à travers les siècles.

On a dit que l'olivier fut importé de l'Atlas en Attiquc : la vérité parait autre. Il aurait fait son apparition première sur les côtes de Syrie. Il est à présumer que c'est vers l'an 170 de la fondation de Rome qu'il fut apporte à Cartilage par des Phéniciens. Aujourd'hui, il vit dans tout le Nord de l'Afrique, où il se reproduit naturellement. Le culte dont il a toujours été entouré le protège de la destruction systématique dont les autres plantations sont l'objet de la part des Arabes. Cèdres, chênes, pins, thuyas ne trouvent point grâce devant la torche incendiaire des autochtones : seul, l'olivier qui incline sur les koubas sacrées ses rameaux grêles, qui dispense aux familles pauvres les fruits amers, l'huile acre dont elles se nourrissent, bénéficie d'une mansuétude et d'un respect sans limite.

Comment s'étonner que la consommation de l'huile se soit répandue dans toutes les classes de la société indigène et que les Européens en fassent un usage de plus en plus fréquent ?


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Afrique illustrée du 24-9-1921 - Transmis par Francis Rambert
oct.2021

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LA GLOIRE DE L'OLIVIER

LA GLOIRE DE L'OLIVIER
A LA GLOIRE DE L'OLIVIER

Ce n'est pas seulement parce qu'il est le symbole de la paix, parce que. avec son tronc noueux, ses ramures puissantes, son feuillage vert pâle au clair et vif retroussis d'argent mat, il est un des plus beaux arbres du bassin méditerranéen que les populations sur lesquelles il étend ses rameaux tutélaires soignent et protègent l'olivier, c'est aussi, c'est surtout parce que ses fruits donnent une huile recherchée qui possède, en même temps que la couleur somptueuse de l'or, les qualités les plus diverses et les plus précieuses.

Le culte qu'on lui porte remonte aux origines du monde ; de charmantes légendes l'ont célébré à travers les siècles.

On a dit que l'olivier fut importé de l'Atlas en Attiquc : la vérité parait autre. Il aurait fait son apparition première sur les côtes de Syrie. Il est à présumer que c'est vers l'an 170 de la fondation de Rome qu'il fut apporte à Cartilage par des Phéniciens. Aujourd'hui, il vit dans tout le Nord de l'Afrique, où il se reproduit naturellement. Le culte dont il a toujours été entouré le protège de la destruction systématique dont les autres plantations sont l'objet de la part des Arabes. Cèdres, chênes, pins, thuyas ne trouvent point grâce devant la torche incendiaire des autochtones : seul, l'olivier qui incline sur les koubas sacrées ses rameaux grêles, qui dispense aux familles pauvres les fruits amers, l'huile acre dont elles se nourrissent, bénéficie d'une mansuétude et d'un respect sans limite.

Comment s'étonner que la consommation de l'huile se soit répandue dans toutes les classes de la société indigène et que les Européens en fassent un usage de plus en plus fréquent ?

Aussi, la Colonie ne produit-elle pas les quantités d'huile nécessaires à la satisfaction de ses besoins. Il lui est indispensable d'importer annuellement des stocks considérables de matières oléagineuses. Il n'y a donc rien de surprenant à ce que la question du ravitaillement de l'Algérie en huiles comestibles et plus particulièrement en huiles d'olives ait fait, dès 1917 et continue à faire l'objet des plus vives préoccupations de l'Administration,
Au début de l'année 1919, on avait l'ait appel à la production étrangère ; des envois importants avaient été reçus de Tunisie et d'Espagne ; mais ces pays, ayant eu, à leur tour, à défendre leurs propres consommateurs, la Colonie se trouva bientôt privée de ces sources d'approvisionnement. Elle se vit ainsi réduite à ne disposer que des huiles provenant de la fabrication locale et des huiles de graines importées de l'ét ranger.

Aussi, disent les documents officiels publiés par le Gouvernement général, auxquels nous empruntons ces intéressants détails, comme il fallait s'y attendre, celte situation a-t-elle déterminé, parmi les fabricants et les commerçants en huile, un mouvement analogue à ceux qui sont apparus depuis la guerre chaque fois que la raréfaction d'un produit de première nécessité s'est fait sentir. Les intéressés se sont groupés afin d'obtenir des pouvoirs publics la suppression ou tout an moins le relèvement de la taxe des huiles d'olive et le rétablissement de la liberté de sortie de ce produit.

On ne pouvait songer à envisager la suppression de la taxe pendant la campagne : une pareille mesure n'aurait eu pour résultat que d'enrichir, aux dépens des consommateurs les détenteurs de stocks. Eu outre, l'expérience a maintes fois démontré que, bien que très souvent dépassée, la taxe constituait un moyen très efficace de modération des cours. Des palliatifs opportuns avaient été prévus pour que le commerce honnête des huiles demeurât rémunérateur. C'est ainsi, par exemple, que, dans les communes où les commerçants s'approvisionnaient chez le producteur dans des régions situées à plus de 150 kilomètres de leur établissement, les prix de vente en gros et au détail pouvaient être majorés, avec l'autorisation du préfet du département, du montant des frais de transport sans que celle majoration put excéder 20 francs par cent kilos.

On se rend compte, par ce détail, de l'attention avec laquelle l'Administration a suivi les phases de cette question de l'huile.

Aussi bien, ces dispositions qui avaient été arrêtées après avis des comités consultatifs de taxation de trois départements furent publiées, dès octobre 1919, et ne donnèrent lieu à cette époque à aucune réclamation. Mais, au début de la nouvelle campagne, en décembre 1919, l'application de la taxe souleva, plus particulièrement dans le département de Constantine, de vives protestations de la part des oléiculteurs et des fabricants.

Le Gouverneur général décida, au mois de février suivant, de relever uniformément les prix de la taxe de soixante-cinq centimes par litre et de porter à 30 francs le maximum de majoration que les commerçants seraient autorisés à faire subir au prix de la taxe pour frais de transport.

Quant à l'interdiction de sortie des huiles d'olives en vigueur depuis le 30 avril 1917, l'Administration a cru devoir, à cette époque, la maintenir rigoureusement.

La suppression de cette mesure aurait eu, en effet, les plus graves conséquences. Elle eût entraîné, tout d'abord, une spéculation effrénée et une hausse irrésistible des cours qui se fussent établis rapidement à parité de ceux de Marseille, rendant la taxe inopérante. D'autre part, l'appel qui se serait produit vers la Métropole aurait vidé la Colonie en quelques mois, l'exportation n'étant plus limitée que par les disponibilités du fret. L'Algérie aurait souffert de la disette presque absolue d'une denrée aussi nécessaire à l'alimentation des populations indigènes et européennes que le froment et le sucre. Et quelle anomalie que d'autoriser l'exportation d'un produit alors que le pays qui le fournit en consomme plus qu'il n'en fabrique !

Les seules dérogations qui furent accordées visèrent des crasses d'huile et des huiles sulfurées de grignons d'olive qui ne trouvent pas leur emploi en Algérie. Et encore convient-il d'ajouter que ces autorisations de sorties ne furent délivrées que sous la condition imposée aux exportateurs de mettre à la disposition du Gouvernement général, aux prix de la taxe, pour être rétrocédées à des municipalités ou à des coopératives de consommation, des quantités d'huile d'olive extra ou surfines, égales au quart des quantités de marchandises à exporter.

Celte interdiction fut maintenue durant toute l'année 1920 et les dérogations dont nous venons de parler permirent, grâce aux conditions auxquelles elles étaient consenties, de fournir à divers groupements ou municipalités 250,000 kilogs d'huile surfine à des prix réellement avantageux.

Nous empruntons au lumineux exposé de la situation de l'Algérie présenté par M. Abel aux Assemblées algériennes, en 1920, le récit des dernières phases de la crise des huiles comestibles en Algérie. Il montre que très souvent les meilleures initiatives ne peuvent continuer à produire dans la Colonie leurs effets bienfaisants, par suite du jeu de dispositions prises pour la Métropole et nettement en opposition avec elles :

" ... Mais la loi du 20 avril 1916 sur la taxation de certaines denrées et substances, arrivée à expiration le 15 août 1921, n'ayant pas été prorogée et les huiles ayant subi depuis lors de continuelles variations de cours, il n'a pas été possible, lors de la dernière récolte, de continuer à appliquer cette réglementation.
,. Cependant, la récolte 1920 ayant été déficitaire, l'Administration décida de maintenir, jusqu'à nouvel ordre, l'interdiction d'exportation des huiles d'olives, dont la hausse de prix a d'ailleurs été enrayée par la concurrence des huiles de graines exotiques arrivant en abondance, à des cours de plus en plus bas. Les importations d'huiles fixes pures de graines grasses ont atteint, en effet, 60,623 quintaux en 1920, contre 21,623 quintaux seulement en 1919 et 13,265 quintaux en 1918.

.. Au début de l'année 1921. les producteurs et les négociants, ne trouvant pas sur place un écoulement aux prix rémunérateurs qu'ils exigeaient, ont demandé avec insistance l'autorisation d'exporter leurs huiles d'olive, qui pouvaient trouver preneurs, notamment à Marseille, à des cours beaucoup plus élevés. Le ravitaillement de la Colonie paraissant assuré désormais, grâce à l'afflux des huiles de graines exotiques, un arrêté gouvernemental du 1" février 1921 a rétabli la liberté d'exportation des huiles végétales de toute nature sur toutes destinations, en exigeant toutefois des exportateurs d'huile d'olive l'engagement de tenir à la disposition de l'administration, pour les besoins du ravitaillement de la Colonie, jusqu'au là août 1921 inclus, au prix de 451 francs le quintal nu, une quantité d'huile d'olive extra ou surfine égale à la moitié des quantités d'huile qu'ils auront à exporter. Ces dispositions ayant permis de réserver un stock d'environ 200 000 kilogrammes d'huile pour les besoins éventuels du ravitaillement, un arrêté du Gouverneur général, en date du 12 mai 1921. vient de rétablir la pleine liberté d'exportation des huiles de cette nature pour toute destination et par toute quantité.

Les cours ont l'ait aussitôt un bond considérable et, à l'heure où nous écrivons ces lignes, les prix s'élèvent graduellement et la hausse semble loin de son maximum...

On peut se rendre compte, par ce rapide exposé, des fluctuations qu'ont subies durant les derniers mois de la guerre et depuis l'armistice, la fabrication et le commerce des huiles d'olive : nous avons puisé - nous ne saurions trop y insister - nos renseignements aux sources officielles, afin que leur exactitude ne soit pas mise en doute.
Il est facile d'envisager l'essor que pourrait prendre l'extension de l'oléiculture et surtout l'adoption par les indigènes, et même par certains européens, de modèles de moulins à huile munis de tous les perfectionnements modernes.

C'est dans la Kabylie principalement que la culture de l'olivier est pratiquée : cette contrée merveilleuse, intensément peuplée de montagnards travailleurs, sillonnée de routes pittoresques, de chemins hardis le long de versants sauvages, offre à la fois un champ merveilleux d'activité industrielle et de possibilités touristiques.

Au pied de montagnes imposantes, dressant leurs pics neigeux à des altitudes considérables, couverte d'épaisses forêts encore hantées de bêtes fauves, cette région étale aux yeux du voyageur une multiplicité de paysages, une diversité de cultures, une quantité de souvenirs vraiment prodigieuses. C'est dans ses défilés abrupts, dans ses éboulis pierreux, qui retiennent les racines tordues des oliviers séculaires, que se déroulèrent les épisodes sinon les plus fameux, peut-être les plus héroïques de la conquête de l'Algérie. Les beaux arbres pacifiques ont vu passer les héros d'Icheriden, les braves ensevelis au Tombeau de la Neige, qui allaient ériger en plein bled la redoute de Fort-Napoléon, aujourd'hui Fort-National, que les vieillards fanatiques, navrés de leur défaite, mais licrs de subir les conditions d'un vainqueur Ici que les Français, surnommèrent le Fantôme-Blanc...

Faut-il, épousant les superstitions antiques, voir dans la présence de l'olivier un signe de la volonté des Dieux qui ont fait de la Kabylie, où il règne un peuplement nombreux, la province d'Algérie la plus riche et la plus féconde ?

Autant et davantage peut-être que n'importe quelle autre partie de la Colonie, cette terre bénie exerce sur ceux qui l'ont connue un charme dont on ne se libère pas. Pour celui qui veut entretenir avec les indigènes des rapports de bon voisinage, qui sait les traiter fermement mais justement, c'est le pays par excellence de la vie libre et large, de la prospérité couronnant l'effort, et quoi qu'on ait écrit, de la sécurité.

Au moment où le placement des capitaux devient pour ceux qui les détiennent, un problème chaque jour plus compliqué, l'exploitation rationnelle d'olivettes encore disponibles, la fabrication de l'huile au moyen d'un outillage moderne, le traitement sur place des crasses et des huiles sulfurées qu'on est obligé d'exporter méritent de retenir l'attention des financiers avertis et d'être étudiés de très près.