agriculture et arboriculture en Algérie avant 1962
CHEPTEL OVIN D'ALGÉRIE

Le temps n'est plus où l'on considérait en agriculture le bétail comme un mal nécessaire. Il est devenu aujourd'hui une source de bénéfices, dont l'importance pour l'Algérie est pleinement mise en lumière par la valeur - deux cent cinquante-deux millions - atteinte en 1921 par le cheptel algérien et ses produits dans le commerce extérieur de la Colonie.

Si l'on compare ce chiffre à celui des autres exportations que publie le Bulletin officiel des Douanes on constate que le bétail occupe le troisième rang des valeurs dans le mouvement d'exportation. Le premier et le second reviennent, suivant les fluctuations des cours et l'importance des récoltes, tantôt aux céréales et tantôt aux vins...

On peut donc considérer le bétail comme le troisième élément de la fortune agricole en Algérie. Il donne encore lieu, dans le commerce intérieur, à un courant d'affaires considérable. Toutefois, comme ses aptitudes et le manque d'industries transformatrices de ses produits ne lui permettent pas de satisfaire tous les besoins locaux en force, beurre et fromage, comme en outre, des échanges par terre s'effectuent entre l'Algérie et ses voisines de l'Est et de l'Ouest, le commerce d'importation atteint un chiffre assez élevé : soixante-quinze millions en 1921.

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Afrique du nord illustrée du 18-10-1924 - Transmis par Francis Rambert
février 2021

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LE CHEPTEL OVIN D'ALGÉRIE

Le temps n'est plus où l'on considérait en agriculture le bétail comme un mal nécessaire. Il est devenu aujourd'hui une source de bénéfices, dont l'importance pour l'Algérie est pleinement mise en lumière par la valeur - deux cent cinquante-deux millions - atteinte en 1921 par le cheptel algérien et ses produits dans le commerce extérieur de la Colonie.

Si l'on compare ce chiffre à celui des autres exportations que publie le Bulletin officiel des Douanes on constate que le bétail occupe le troisième rang des valeurs dans le mouvement d'exportation. Le premier et le second reviennent, suivant les fluctuations des cours et l'importance des récoltes, tantôt aux céréales et tantôt aux vins...

On peut donc considérer le bétail comme le troisième élément de la fortune agricole en Algérie. Il donne encore lieu, dans le commerce intérieur, à un courant d'affaires considérable. Toutefois, comme ses aptitudes et le manque d'industries transformatrices de ses produits ne lui permettent pas de satisfaire tous les besoins locaux en force, beurre et fromage, comme en outre, des échanges par terre s'effectuent entre l'Algérie et ses voisines de l'Est et de l'Ouest, le commerce d'importation atteint un chiffre assez élevé : soixante-quinze millions en 1921.

Voici maintenant quelques utiles indications sur la valeur du commerce d'exportation :
Les premiers chiffres représentent la moyenne de 1901-1910; les suivants, celle de 1921."

Équidés…… ...2.259.000… 9.908.000
Bovidés… 4.486.000 21.362.000
Ovidés…………...…… 30.887.000 117.018.000
Capridés .36.000 78.000
Suidés comprend le sanglier, les porcs, le phacochère, le potamochère, l'hylochère et le babiroussa. 253.000 4.162.000


L'Algérie possède notamment un important cheptel ovin. Évalué à 10 millions de têtes, il est l'objet d'un courant d'affaires fort important, tout aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur.

Ce dernier en 1855 ne portait que sur 29.000 animaux, que des bateaux à voile conduisaient à Cette ou à Marseille à raison d'un millier d'animaux navire. Leur prix d'achat variait alors de 15 à 18 francs par tête et le transport coulait 5 francs. La traversée durait sept à huit jours, parfois davantage, et exigeait une alimentation onéreuse. Elle comportait en outre des risques de mer considérables, 20 à 25 %.

Aujourd'hui, l'Algérie exporte annuellement un million de moutons que des vapeurs, transportant 5.000 têtes, amènent à Marseille moyennant un fret de 1 fr. 50 à 4 francs avant la guerre et qui atteint maintenant 8 francs par tète. Les risques de mer entraînent généralement une mortalité de 5 pour 1.000.
Les moutons algériens sont admis en France sous réserve d'avoir été vaccinés contre la clavelée. Cette opération est effectuée gratuitement par les vétérinaires du Service de l'Élevage sur simple demande des propriétaires. Elle entraîne l'apposition d'une marque spéciale à l'oreille droite et la délivrance d'un certificat de vaccination destiné à identifier les animaux qui l'ont subie.

L'exportation commence généralement en avril pour les moutons précoces d'Oran et se termine en septembre par les arrière-saison de Constantine. Elle bat son plein en juin et juillet.

Après deux visites sanitaires qui précèdent l'embarquement et le débarquement, les ovins algériens sont reçus par les commissionnaires marseillais qui,
moyennant un forfait par tête, se chargent de leur entretien, de leur vente et répondent de la solvabilité des acheteurs. Ceux-ci sont fort nombreux et appartiennent à toutes les régions de France situées à l'Est de la ligne Perpignan-Paris-Lille. Tous les moutons algériens ne sont pas abattus et consommés immédiatement à leur arrivée à Marseille. Environ 200.000 sont achetés par des propriétaires des départements limitrophes des Bouches-du-Rhône, engraissés et vendus ensuite durant l'hiver. Ils sont désignés sur les marchés de Paris et de Marseille sous le nom " d'africains de réserve ".

Au cours de la campagne de 1921, l'Algérie a exporté 1.026.680 moutons ; leur provenance est la suivante :
Oran : 538.661 ; Alger : 274.250 ; Constantine : 213.769.

Leur valeur a été estimée à 120 millions de francs. Cette somme peut être ainsi répartie : 96 millions vont aux indigènes producteurs ; 10 millions sont versés aux Compagnies de navigation ; 1 million fait retour an budget algérien pour droits d'exportation et frais de vaccination contre la clavelée : le reste, 13 millions, acquitte, en Algérie, les frais de conduite, de gardiennage, de transport par voie ferrée et représente le bénéfice des engraisseurs et des intermédiaires.
L'exportation porte en moyenne sur le dixième du troupeau. Elle a été parfois envisagée par quelques-uns comme un danger pour le cheptel de la colonie. Semblable opinion n'est point fondée car la majeure partie des animaux d'exportation est fournie par le troupeau du Sud qui dans l'état actuel des pâturages et des points d'eau ne peut guère être augmenté. La vente et l'expédition de ces moutons maintient donc l'effectif à un taux optimum pour les ressources alimentaires actuellement disponibles.

D'un autre côté la proportion des brebis, qui entrent pour 40 % dans le chiffre total de la population ovine, suffit à maintenir l'effectif à un taux sensiblement le même : 10 millions de tètes. Avec les 40 millions de naissances sur lesquelles on peut compter normalement, grâce à des gestations gémellaires et aux agnelages bisannuels, est assuré le remplacement des animaux morts, exportés ou abattus pour la consommation locale. Cette dernière, autant qu'on peut l'évaluer, porte sur 1.350.000 animaux. Le courant d'affaires auquel elle donne lieu emprunte trois directions : une générale du Nord au Sud et deux particulières dé l'Est à l'Ouest vers Alger, dont la production animale est insuffisante pour satisfaire aux besoins de la consommation. Les transactions nées de ces besoins atteignent, aux cours actuels, le chiffre de 120 millions de francs. On ne saurait terminer ce bref exposé du commerce moutonnier sans rappeler que durant la guerre l'élevage ovin algérien a fourni à la Métropole, pour le ravitaillement des armées : 2.629.355 animaux dont le prix d'achat, par sa modicité, a permis au Trésor français de réaliser une économie de quarante millions de francs eu égard aux prix pratiqués en France pour la viande de mouton.