agriculture et arboriculture en Algérie avant 1962
LE MOUTON ALGÉRIEN

Le mouton est la véritable spécialité de l'élevage algérien et son principal appoint dans le grand commerce mondial de la viande.

L'Algérie possède trois races ovines :
Le mouton barbarin,
Le mouton berbère
Le mouton arabe.

Le mouton barbarin, quoique rustique et à engraissement facile, a une mauvaise toison ; la queue énorme dépassant parfois deux kilogrammes gêne les animaux dans leur marche et produit un gros déchet en boucherie. La viande, suiffeuse, peu estimée des Européens de la Colonie, est encore moins cotée dans la Métropole.

Le mouton berbère, dont la taille, en général, petite, varie un peu suivant la fertilité des milieux, a une conformation défectueuse. La toison est de mauvaise qualité, la viande peu estimée ; aussi doit-on croiser cette race et le mouton barbarin, avec les ovins arabes - et ce sont ces derniers qui doivent attirer toute notre attention.

En effet, le mouton arabe, c'est-à-dire le mouton du Sud, mérite d'être conservé et amélioré, en raison de sa grande taille, de sa conformation, de sa rusticité, de ses qualités de bon marcheur, de sa viande, de sa laine et de son aptitude à l'engraissement.

Il vit dans des pâturages où les moutons des autres pays pourraient à peine subsister. Il est parfois précoce, il n'est pas rare, en effet, de trouver des spécimens de 20 mois qui, sans abri et sans nourriture spéciale, atteignent à Marseille un rendement de 22 kilogs de viande nette.
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Afrique du nord illustrée du 3-9-1921 - Transmis par Francis Rambert
février 2021

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LE MOUTON ALGÉRIEN
LE MOUTON ALGÉRIEN

Le mouton est la véritable spécialité de l'élevage algérien et son principal appoint dans le grand commerce mondial de la viande.

L'Algérie possède trois races ovines :
Le mouton barbarin,
Le mouton berbère
Le mouton arabe.

Le mouton barbarin, quoique rustique et à engraissement facile, a une mauvaise toison ; la queue énorme dépassant parfois deux kilogrammes gêne les animaux dans leur marche et produit un gros déchet en boucherie. La viande, suiffeuse, peu estimée des Européens de la Colonie, est encore moins cotée dans la Métropole.

Le mouton berbère, dont la taille, en général, petite, varie un peu suivant la fertilité des milieux, a une conformation défectueuse. La toison est de mauvaise qualité, la viande peu estimée ; aussi doit-on croiser cette race et le mouton barbarin, avec les ovins arabes - et ce sont ces derniers qui doivent attirer toute notre attention.

En effet, le mouton arabe, c'est-à-dire le mouton du Sud, mérite d'être conservé et amélioré, en raison de sa grande taille, de sa conformation, de sa rusticité, de ses qualités de bon marcheur, de sa viande, de sa laine et de son aptitude à l'engraissement.

Il vit dans des pâturages où les moutons des autres pays pourraient à peine subsister. Il est parfois précoce, il n'est pas rare, en effet, de trouver des spécimens de 20 mois qui, sans abri et sans nourriture spéciale, atteignent à Marseille un rendement de 22 kilogs de viande nette.

On reproche à ces animaux d'être un peu trop hauts sur jambes. Mais, ce défaut constitue dans la colonie une grande qualité. Il dénote une sorte d'adaptation à la vie. Enfin, on ne saurait, comme on ne le fait que trop souvent, établir une comparaison entre l'élevage algérien et l'élevage australien ou argentin. Nous ne sommes pas parvenus à ce degré de perfection.

Si le mouton de ces pays d'exportation est universellement apprécié, il le doit à un climat tempéré, à des pâturages abondants, aux soins qu'il reçoit. Tel n'est pas le cas en Algérie.

La production ovine est subordonnée dans nos contrées à un facteur qui échappe à tout calcul, nous voulons dire, à la plus ou moins grande quantité d'eau qui tombe aux bonnes saisons et suivant laquelle les pâturages sont abondants ou maigres.

Aussi devons-nous conserver et rechercher avant tout des ovins rustiques et bons marcheurs, pouvant, dans des pâturages souvent desséchés et quelquefois privés d'eau, fournir des étapes de 30 à 40 kilomètres, tout en cherchant de ci de là leur nourriture.

On comprend donc que, dans de telles conditions de vie, la première qualité requise pour ces animaux soit d'être avant tout d'infatigables marcheurs.
Ce n'est pas cependant qu'on n'ait tenté d'améliorer la race par des croisements.

Dès le début de la conquête, on introduisit des mérinos à Laghouat. Ils moururent en peu de temps, une seconde tentative faite eu 1891 échoua complètement. Ces ovins, mauvais marcheurs et mangeurs délicats, étaient incapables de suivre le troupeau.

Ce croisement par le mérinos, dont l'idée remonte à Bernis, avait été inspiré par l'hypothèse que le mouton espagnol et le mouton de l'Afrique du Nord appartenaient à une souche commune, le mouton emmené par les Arabes, lors de l'invasion hilalienne. Hypothèse toute gratuite. Il est plus probable en effet que, lors de leur intrusion dans l'Afrique du Nord, les Arabes ont trouvé de nombreux troupeaux, améliorés par l'élevage des Romains. Ceux-ci, en effet, avaient poussé très loin leurs méthodes, et la Numidie était peuplée d'immenses troupeaux, dont ils retiraient pour leur vêtement cette fameuse laine blanche qu'ils affectionnaient particulièrement. Ils en exportaient aussi, à la même époque, des provinces espagnoles, irréfutable preuve que l'Espagne possédait alors, également, des troupeaux déjà sélectionnés, auxquels il eut été difficile que les Arabes aient dû apporter la moindre amélioration.
L'origine commune du mouton mérinos et du mouton arabe repose donc sur une base historiquement fausse. Il n'en reste pas moins vrai qu'en dépit du peu de succès des premières expériences, exécutées peut-être dans de mauvaises conditions, de nombreux éleveurs ont obtenu d'appréciables croisements de mérinos avec des ovins du Sud. L'amélioration du cheptel du Sud au moyen de croisements par les mérinos espagnols ou de la Crau serait donc possible, en procédant d'une manière rationnelle. D'excellents résultats furent obtenus en 1914, à Méchéria, avec quelques béliers mérinos et des brebis hamyan.
La question n'en est pas moins discutée et les éleveurs sont divisés sur ce point par deux thèses opposées. Les uns soutiennent que les moutons du Sud Algérois doivent leur supériorité au croisement avec les mérinos importés par Bernis en 1851.

Les autres, s'appuyant sur l'histoire du cheptel algérien, répondent que cette supériorité est due aux rigoureuses pratiques de sélection et de castration ordonnées depuis 1863 par les généraux Margueritte et Diétrie. sur les moutons de Djelfa et pratiquées durant quatorze ans.

Disposant chacun d'arguments, les deux partis restent sur leurs positions et la discussion est ouverte.

En vérité, l'échec de certaines tentatives de croisement par mérinos d'Espagne ou de Crau ne saurait constituer une raison flagrante pour que soit abandonné et condamné un moyen d'amélioration du cheptel ovin algérien dont, en d'autres points du territoire, certains éleveurs européens et indigènes préconisent l'application.

Tout dépend des conditions dans lesquelles s'effectue ce croisement et des réserves fourragères dont dispose le pays.

Aussi, la meilleure ligne de conduite à suivre semble-t-elle de se tenir en un juste milieu.

Telle était l'opinion, avant la guerre, de plusieurs membres de la Commission d'élevage. Elle demandait que l'amélioration des ovins fût favorisée par croisements mérinos pour l'élevage et fût encouragée d'une façon spéciale dans le Tell et dans les territoires de colonisation, mais que l'amélioration des troupeaux du Sud ne soit appliquée qu'avec beaucoup de prudence et qu'en attendant l'on procédât par sélection en désignant les meilleurs sujets existant.
Aujourd'hui, après de longues discussions, il apparaît nettement que les méthodes d'amélioration doivent surtout s'inspirer de la région où elles sont pratiquées. Utile dans la région du Tell, le croisement par mérinos est défectueux dans le Sud, où l'on doit recourir à une méthode plus rigoureuse, celle de la sélection, qui ne laisse se perpétuer que les éléments les plus robustes de la race ovine.
Ainsi, par cette double méthode, espère-t-on entretenir la prospérité du cheptel ovin algérien, dont l'exportation constitue une des principales ressources du pays.

En effet, au cours de l'année 1920, l'exportation moutonnière s'est élevée, pour les départements d'Alger, d'Oran et de Constantine, à 824.850 têtes.
Mais il convient de dire que la disparition des ressources alimentaires causée par le manque de pluie, avait causé de graves inquiétudes aux propriétaires de troupeaux. Menacés de voir le bétail mourir de faim, ils s'étaient hâtés de l'acheminer vers les ports d'embarquement, sans tenir compte de l'état d'embonpoint. Plus de 800.000 ovins furent ainsi dirigés sur Marseille, depuis janvier jusqu'à fin décembre, fait unique, déclare le rapport officiel, auquel nous empruntons ces documents, puisque l'exportation ne se pratique jamais que de mai à septembre.

Ainsi, quoique déjà sérieusement exploitée, cette immense source de revenus que constitue l'élevage pour l'Algérie, ne l'est pas assez rationnellement. Il reste encore de nombreux efforts à faire. Les progrès de la vie économique, la situation nouvelle créée par l'extension de la Colonie exigent que l'on apporte de nouvelles améliorations à l'élevage des moutons. C'est là une question de la plus haute importance qui touche à l'existence de l'indigène. Car, dans certaines régions, le troupeau seul constitue toute sa fortune. Il convient de lui conserver ce moyen d'existence.

La première des conditions pour obtenir de bons résultats est d'assurer aux animaux une nourriture aussi abondante que possible Cette condition ne pouvant être réalisée dans les Hauts-Plateaux et les Territoires du Sud, il importe donc de favoriser la transhumance. Pour ce, il est nécessaire de créer des pistes, de faciliter l'accès du Sud aux propriétaires soucieux d'inspecter leurs troupeaux, aux commerçants susceptibles d'acheter sur place. Il est également nécessaire de créer ou d'améliorer les points d'eau, d'installer des abris d'hiver, simples charpentes recouvertes de diss ou d'alfa, de pourvoir à l'alimentation pendant le froid ou la sécheresse.
Enfin, ce qu'il convient d'améliorer de l'avis de tous les éleveurs, ce sont les transports par voies ferrées. Rappelons qu'en Argentine, pays d'élevage sur lequel il faut prendre modèle, " les bestiaux sont transportés dans des wagons spéciaux, les stations de chemins de fer sont pourvues de réservoirs d'eau contenant 100.000 litres, destinés à abreuver les trains de bétail qui passent. Ces trains sont tous express, les délais sont réduits au minimum. Enfin, la loi surveille plus rigoureusement le transport du bétail que celui des voyageurs ".

Rappelons également qu'il existe des steamers, " véritables étables flottantes à plusieurs étages qui peuvent transporter des milliers de moutons à chaque voyage et leur faire faire presque sans perte une traversée de vingt-deux jours ".

Pourquoi toute cette savante organisation ? Parce que les Argentins sont animés d'un esprit d'initiative qui ne néglige rien de ce qui peut augmenter le rendement de leur richesse nationale.

L'exploitation du cheptel ovin, mieux comprise, pourrait, de ressource qu'elle est, devenir, en Algérie comme en Argentine, une véritable richesse.