Quelques détails techniques intéresseront
sans doute les lecteurs.
L'orgue comporte 48 jeux répartis sur 3 claviers et un pédalier.
Sur ce nombre il y a 13 jeux d'anches et 6 jeux de mutation, dont 3
simples et 3 composés : deux de quatre rangs et un de deux rangs,
c'est-à-dire ayant quatre ou deux tuyaux par note. Ce jeu de
deux rangs : le Terzian, est un jeu très intéressant,
jadis fort employé dans les pays du Nord (Hollande, Suède.
Norvège) et que nos facteurs contemporains avaient
abandonné. Haerpfer l'a remis récemment en valeur et actuellement
il n'y a en France que deux orgues ayant un Terzian : celui de la cathédrale
de Metz inauguré en février 1934 et celui de Saint-Charles.
L'orgue comporte 7 jeux de 16 pieds, dont 3 jeux d'anches et plus de
3.000 tuyaux. Le plus gros tuyau, le do grave de la montre 16 du pédallier
pèse 320 kilos et mesure 5 m. 60 de hauteur. Le plus petit tuyau,
le sol aigu du Piccolo (pied du positif pèse 8 grammes et a 6
millimètres de hauteur sur 3 millimètres de diamètre).
Et cependant, malgré sa petitesse, ce tuyau remplit son rôle
et se fait bien entendre.
En ce qui concerne les jeux d'anches, le do grave de la bombarde de
16 du pédalier pèse 280 kilos, mesure 5 m. 50 de hauteur
et, à son orifice supérieur...(.suite
sur l'article)
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Or, l'Amérique qui va fort en toutes
choses, réserve à l'orgue un développement prodigieux
et Marcel Dupré, notre organiste national, ne fut pas peu étonné,
l'année dernière, de trouver à Toronto et dans
un hôtel, un
orgue de 145 jeux mis à sa disposition.
Sur l'avantage de la transmission électrique, les connaisseurs
ne sont pas
tous également enthousiastes. Il convient tout de même
d'y voir un progrès,
et c'est ainsi que l'ont compris les auditeurs dimanche. On pouvait
reprocher à l'exécutant de légers manquements :
le Choral de Franck demandait plus de puissance, de même que la
superbe Fugue de Bach dont la charpente aurait gagné à
être plus fortement dessinée. La Sonate de Guilmant est
une des belles pièces du répertoire moderne de l'orgue,
de ces uvres qui font regretter que les concerts d'orgue ne soient
pas plus frénuents ni plus suivis.
En vérité, il faut souhaiter d'entendre un virtuose comme
Eugène Reuchsel
à Saint-Charles.
Au salut, la chorale Saint-Charles, conduite par M. Siacci fit entendre
de très beaux textes anciens qu'elle réalise avec conscience.
Il convient de noter particulièrement le « Tu es Petrus
» de Palestrina qui semble ouvrir la voie à toutes les
extensions de l'art gothique en musique, à ce luxe de lignes
et d'accents qui aboutira à Franck. Après le rude et impressionnant
Magnificat grégorien, le chant palestrinien annonçait
une doctrine nouvelle.
Lucienne Jean-Darrouy.
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