--------La gare
de l'Agha n'était pas grande mais elle avait le charme désuet
de ces gares de province à un seul guichet et qui finissent par
appartenir au paysage familier. Placée près du centre -
ville, elle accueillait tous les voyageurs qui résidaient autour
du quartier. Il suffisait d'emprunter l'avenue de la gare, à deux
pas du carrefour de l'Agha et à proximité du Maurétania
pour rejoindre très rapidement les voies
-------Cette avenue avait d'ailleurs l'avantage
d'abriter une station de taxis. Le trafic ferroviaire des usagers était
irrégulier mais suffisant pour concurrencer la gare principale
trop excentrée. Le lundi matin, à sept heures, sur le quai,
attendait la micheline pour Blida ou l'omnibus. On passait par le Hamma,
le gué de Constantine, Birtouta, les Quatre-Chemins, Boufarik,
Beni-Mered et Blida, les destinations les plus empruntées par les
Algérois.
------ Wagons défraîchis, locomotives
bruyantes, arrêts plongés avant même d'avoir rejoint
la Mitidja, la vitesse et le confort n'avaient pas encore conquis le chemin
de fer. Les anciens se souviennent de l'époque où la troisième
classe ajoutait au paysage une note folklorique dont on se serait facilement
passé.
------- Voyager en train , un jour de marché
ou un jour de fête en province n'était pas de tout repos.
Quand le petit train de l'Agha quittait la gare, le grand voyage commençait
vraiment.
(Extrait de "page 32,Alger de ma jeunesse,1945-1962,tome 2, J.C.Humbert,éditionsJacques
Gandini, 7 rue de roquebillière, 06359 Nice )
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