AFFREVILLE
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Par arrêté ministériel en date
du 9 octobre 1848, il fut décidé qu'un centre de colonisation
serait créé sur une superficie de 430 hectares, à.
120 kilomètres d'Alger, sur les deux rives de l'Oued Boutan,
au point de convergence des routes d'Alger à Orléansville,
et de Téniet-el-Haad à Miliana, à l'endroit
où la vallée du Chélif s'étale dans
sa plus grande largeur, au pied du massif du Zaccar. |
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On parlait couramment de plantations
de caféiers, de cannes à sucre, de poivriers, d'indigotiers,
de cotonniers, etc. Cette erreur n'était pas imputable à la
seule administration, car beaucoup de colons la partageaient et la propageaient. Les publications de l'époque annonçaient par exemple que M. Cotin (maire d'Alger en 1834) avait envoyé à Paris de l'indigo en masses, provenant d'arbustes cultivés autour de Fort-l'Empereur chez M. Coupel du Lude. On imprimait, en décembre 1835, que M. Médéric Villeret d'El-Biar, consommait du sucre qu'il avait récolté et fabriqué à Alger. En 1839, c'était M. Ferdinand Menfredi, qui présentait au gouvernement un baril de rhum algérien de trente-six litres. La même année, on annonçait que le colon Moreau, de Sidi-Brahim, avait obtenu des rendements en blé de trente-cinq pour un, avec des pailles de 1 m. 70 de hauteur, et des épis de 13 cm mètres de longueur, et que ce même colon faisait 350 quintaux de pommes de terre à l'hectare. On citait le fermier de M. Bartoloni qui tirait de ses jachères soixante quintaux de foin à l'hectare, vendus 10 francs le quintal à l'autorité militaire. Avec de tels contes bleus et dorés, on comprend facilement que l'administration croyait faire un splendide cadeau, en donnant dix hectares de terres à chacun des colons d'Affreville . Si les cultures intertropicales rêvées n'étaient guère possible en. Algérie, les colons d'Affreville n'étaient pourtant pas trop mal partagés pour la qualité des terres, dans lesquelles l'Oued Boutan, qui descend en cascades des flancs du Zaccar, entretenait une riche végétation. Au temps des Turcs, on avait créé dans la plaine d'Affreville une rizière qui couvrait plus de douze cents hectares. L'existence de ces terrains marécageux fut désastreuse pour ces premiers colons. La fièvre décima longtemps les habitants, il fallut exécuter d'importants travaux pour améliorer la situation sanitaire du pays. On retrouva à Affreville des traces évidentes de l'occupation romaine : sculptures, pierres votives, importantes murailles, qui indiquaient qu'une ville d'une certaine importance avait existé en ce point, dans l'antiquité. Une borne militaire, trouvée à six kilomètres d'Affreville et portant l'inscription de l'année 261 de Jésus-Christ, a permis d'identifier ces ruines avec celles de la cité de Zuccabar, dont parle Pline : « Plus à l'intérieur, est la colonie d'Auguste, nommée Zuccabar, adossée au mont de Transcella. » Ptolémée place Zuccabar entre Opidium Novum (Duperré) et Thigava (Kherve), ce qui correspond bien à l'emplacement actuel d'Affreville. Au premier siècle de l'Eglise, Zuccabar était un évêché d'une certaine importance. On a conservé le nom de deux de ses prélats, les évêques Maximien et Etienne. Le premier assista au concile de Carthage en 411, et le second fut exilé par le roi Unéric en 484. Actuellement, Affreville est un important marché du Chélif , sa population, de plus de cinq mille habitants, comprend près de deux mille Européens. On y cultive les céréales sur cinq mille hectares et les fourrages sur près de deux mille hectares. Les orangers, les mandariniers et surtout les amandiers, forment, sur les premières pentes du Zaccar, un merveilleux verger d'une quinzaine de mille arbres. La vigne qui ne couvre que soixante-quinze hectares, y produit un excellent vin rouge de 11 à 12 degrés. Gaston MARGUET. |