PUTSCH à ALGER
Le NON des GENERAUX
Paris Match du 21 au 26 avril 2011
sur site avril 2012

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PUTSCH à ALGER
Par François Pédron

De Gaulle est réveillé à 2 heures le 21 avril par Michel Debré, son Premier ministre : drame à Alger. A 8 h 45, le général Maurice Challe prend la parole en direct sur Radio Alger : " Je suis à Alger avec les généraux Zeller et Jouhaud en liaison avec le général Salan pour tenir notre serment, garder l'Algérie." Salan, qui vit à Madrid. rejoint Alger le dimanche 23 dans la matinée. La popularité de Challe est immense dans l'armée. Mais l'armée ne le suivra pas. Quand Salan rentre dans Alger, il croise des camions remplis de soldats du contingent qui hurlent " la quille !" et ne pensent qu'à rentrer chez eux... Seul le célèbre 1er REP prendra le contrôle d'Alger pour quelques heures. Les bidasses et le reste du pays ont entendu l'appel de De Gaulle à la radio: "Ce groupe et ce quarteron possèdent un savoir-faire expéditif et limité .. Au nom de la France, j'ordonne que tous les moyens soient employés pour barrer la route à ces hommes-là. J'interdis à tout Français, et d'abord à tout soldat, d'exécuter aucun de leurs ordres." Debré avait incité les bons Français à couper la route aux parachutistes mutins en occupant les aérodromes, en y allant à pied ou en voiture. Mais Challe n'avait prévu aucune attaque en métropole. Le mardi 25, vers 18 heures, il invite les mutins à regagner leurs cantonnements. La fronde des quatre généraux est terminée. De cette histoire, qui aurait pu être plus tragique, reste cinquante ans plus tard une trace imprévue dans les dictionnaires : le mot que de Gaulle a réinventé. Quarteron désigne le quart d'un centième. Depuis le sarcasme du Général, il stigmatise un groupe de rebelles " limités ". Le grand historien Michel Winock aura le dernier mot : "Un putsch qui fait pschitt."