Par François Pédron
De Gaulle est réveillé à 2 heures le 21 avril
par Michel Debré, son Premier ministre : drame à Alger.
A 8 h 45, le général Maurice Challe prend la parole en direct
sur Radio Alger : " Je suis à Alger avec les généraux
Zeller et Jouhaud en liaison avec le général Salan pour
tenir notre serment, garder l'Algérie." Salan, qui
vit à Madrid. rejoint Alger le dimanche 23 dans la matinée.
La popularité de Challe est immense dans l'armée. Mais l'armée
ne le suivra pas. Quand Salan rentre dans Alger, il croise des camions
remplis de soldats du contingent qui hurlent " la quille !"
et ne pensent qu'à rentrer chez eux... Seul le célèbre
1er REP prendra le contrôle d'Alger pour quelques heures. Les bidasses
et le reste du pays ont entendu l'appel de De Gaulle à la radio:
"Ce groupe et ce quarteron possèdent un savoir-faire expéditif
et limité .. Au nom de la France, j'ordonne que tous les moyens
soient employés pour barrer la route à ces hommes-là.
J'interdis à tout Français, et d'abord à tout soldat,
d'exécuter aucun de leurs ordres." Debré avait
incité les bons Français à couper la route aux parachutistes
mutins en occupant les aérodromes, en y allant à pied ou
en voiture. Mais Challe n'avait prévu aucune attaque en métropole.
Le mardi 25, vers 18 heures, il invite les mutins à regagner leurs
cantonnements. La fronde des quatre généraux est terminée.
De cette histoire, qui aurait pu être plus tragique, reste cinquante
ans plus tard une trace imprévue dans les dictionnaires : le mot
que de Gaulle a réinventé. Quarteron désigne le quart
d'un centième. Depuis le sarcasme du Général, il
stigmatise un groupe de rebelles " limités ".
Le grand historien Michel Winock aura le dernier mot : "Un putsch
qui fait pschitt."
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