sur site le 26/12/2002
-Tremblement de terre à Oran : 1790
gamt, n°2, fev 1983

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La nuit du 8 au 9 Octobre 1790
-----Depuis fin août la ville d'Oran était secouée de manière intermittente et des bruits sourds grondaient sous elle... Inquiétant la population, ces secousses ne se firent plus sentir de la mi-septembre aux premiers jours d'octobre.
-----Le vent du désert qui soufflait depuis 3 jours, rendait l'atmosphère d'une opacité étrange. La grande tour de l'horloge venait de sonner une heure du matin quand de légers mouvements oscillatoires, accompagnés de grondements sourds et de quelques éboulements successifs troublèrent le profond sommeil de ses habitants... Puis, succédèrent à ces craquements sinistres 20 secousses d'une rare violence, tandis que le sol s'abaissait et se soulevait, semblant se diriger vers le sud-est ! Eperdue d'épouvante, la population cherchait à fuir lorsqu'un choc brusque ébranla toute la ville et ses énormes murailles en un monstrueux mouvement de recul !. A la 22 ème secousse, Oran était en ruines...
-----Des maisons renversées en un amas de décombres fumantes partaient des gémissements, des cris... 3000 personnes étaient ensevelies.
-----Toutes les constructions étaient renversées. Du haut de la casbah, les édifices furent lancés sur la ville, la raideur des pentes aggravant le désastre. Tout s'écroula !
-----Les énormes bâtiments se trouvèrent projetés au loin, mettant à nu les fondations.
-----Don Nicolas Garcia, colonel du régiment des Asturies, gouverneur général par intérim périt avec toute sa famille, et son entourage, sous les pans de murs qui s'abattaient. 765 hommes, soit tout le régiment des Asturies arrivé à Oran pour tenir garnison, disparut sauf une vingtaine qui se jeta précipitamment sous des arceaux.
-----En ville " la désolation était à son dernier période... "
-----Et comble d'horreur, le feu que renfermait les habitations se communiqua aux pièces de bois, éclairant d'une lueur sinistre les maisons épargnée qu'il consummait !.Chose à peine croyable et pourtant d'une rigoureuse exactitude, les eaux de la source qui alimente Oran, changèrent de direction et tarirent brusquement, pour reprendre plus tard leur direction première.
. -----Au petit jour, il fallut dégager les cadavres et éteindre l'incendie. En quelques minutes, sur 3000 personnes qui succombèrent, les deux tiers furent enterrés vivants !
-----Les Arabes accourus de toutes parts tentèrent de pénétrer par les brèches, ajoutant l'esclavage à la mort !
-----Les 2 hôpitaux renversés privaient Oran de médicaments.. Les blessés furent installés sous les voûtes situées à la marine, à la place des galériens. Fours à pain et approvisionnements avaient disparu sous les décombres et le Comte de Cumbre-Hermosa en fit établir en plein air, face aux bandes de déportés menaçantes.
-----Juan Torregrossa, fabricant d'ouvrages en sparterie à Karguentah, fut témoin de cette catastrophe et en raconte les faits fort peu connus:
-----Des scènes de pillage et de meurtre succédèrent à ces scènes de malheur.
-----le tremblement de terre avait épargné l'autre côté du boulevard du
Prince et de la Princesse ( actuel Bd Oudinot ) La junte du gouvernement enjoignit aux habitants de s'établir sur le sommet de l'escarpement, actuel quartier Israélite, sous des tentes. Les secousses se firent encore sentir jusqu'au 22 novembre. Deux mois après, les plus hardis s'essayèrent à rentrer dans la ville.
-----Le 1O Octobre, le chebeck royal mit voile sur Carthagène et un grand nombre de balancelles à voiles triangulaires ramenèrent en Espagne les malades, les vieillards, les femmes et les enfants, toutes bouches inutiles.
-----I1 fallut, sous peine de mort, défendre à tout homme en état de porter les armes, de s'enfuir d'Oran, car les Arabes attaquaient...
-----Le peuple réclamait à grands cris qu'on lui ouvrit les portes de la ville pour se réfugier dans la campagne... mais les clefs de la ville étaient enterrées sous les ruines de l'Eglise Métropolitaine. On voulut enfoncer les portes... La place d'armes ( place actuelle de l'hôpital ) servit d'asile et les prêtres donnaient l'absolution à ceux qui attendaient la mort et à ceux qui les secouraient !
-----L'Alcazar ( la casbah ) le contrôle des finances, la trésorerie, la résidence de l'Intendant, le quartier du régiment desAsturies et les églises, tout était détruit...
-----La Vierge du Rosaire, dont la statue au témoignage des Pères Dominicains, tomba parmi les ruines du temple, le visage tourné vers la custode où était exposé le Saint Sacrement, à l'occasion de la neuvaine, sembla intercéder pour tous ces malheureux en leur permettant d'échapper à l'esclavage...
-----Les brèches ouvertes, le dépôt des déportés libérés par la force des choses, la troupe excédée de fatigue, tout cela poussa les gens de mauvaise vie à piller les maisons. Et devant le malheur, les Maures attaquèrent sans relâche !Le roi de Mascara accouru, posa le siège devant la ville, escarmouchant sans plan précis et déboucha avec 18.000 hommes par le ravin du sang et plantant l'échelle, tenta d'enfoncer les portes. Mais devant la vigueur de la résistance, le roi de Mascara leva le camp...